Lyon a connu l’émergence de plusieurs grands événements culturels (Festival Lumière, Biennale d’art contemporain, etc.). Les prolongeriez-vous ou appliqueriez-vous une politique différente ? Et si oui, laquelle ?
Il y a des choses extrêmement intéressantes dans cette politique culturelle et il me semble qu’il ne faut pas la jeter à la poubelle. Car pour chacun de ces grands événements il y a l’obligation pour les structures de travailler avec les associations locales. C’est là que le bat blesse car si certaines structures le font très bien, comme le service archéologique de la ville ou l’opéra, d’autres le font beaucoup moins. Par exemple, dans le cadre de la biennale de la danse, le défilé s’organise sur un budget supplémentaire. Il faut rappeler l’engagement de la charte culturelle. Les grands événements sont réussis, ils attirent des Lyonnais, des touristes, des habitants des communes de la métropole. Ils ont accès à l’art contemporain qui n’est pas évident à la base. La pratique doit aller vers les citoyens, dans les quartiers. Il faut recommencer des partenariats pour le théâtre et la musique avec des petites compagnies.
Pour vous, les petites associations sont nécessaires afin de maintenir l’équilibre dans la société ?
Oui, bien sûr. Les associations c’est là où on découvre, là où on se construit, où on crée du lien. Sur la culture on a quand même quelques soucis : on n’a pas de vraie école de musique dans cette ville.
Il y en a une quai Pierre Scize.
Oui mais je peux vous citer des villes avec le même nombre d’habitants où il y a plus d’une école de musique. Comment on fait pour que la pratique musicale soit plus près des citoyens ? On doit passer par les associations car elles existent, celles qui proposent des pratiques culturelles. Il faut les aider à se développer. Car le conservatoire n’accueille pas tout le monde.
En somme, c’est encore une élite qui a accès aux pratiques culturelles.
D’une certaine façon oui. Pour la pratique musicale certainement.
Vous souhaitez ouvrir la pratique musicale à tous ?
Oui, cela fait partie de la construction de chacun de pouvoir accéder à cela. On n’est pas tous obligé de jouer d’un instrument mais tous devraient avoir la possibilité d’accéder à la pratique s’ils le souhaitent. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Aideriez-vous une pratique ou une initiative culturelle plutôt qu’une autre ?
À un moment il convient de faire des choix car les budgets ne sont pas illimités. Les habitants arrivent avec des projets et les choix vont se faire sur l’implication du plus grand nombre de citoyens d’un quartier, sur l’implication des défavorisés pour permettre un accès pour tous et pas seulement à une élite, sur le degré de mixité sociale, etc. On ne pourra pas dire oui à tout.
Faut-il sauver le soldat Guignol ?
Guignol c’est la culture lyonnaise. Il me semble que cela ne doit pas disparaître. De la même façon qu’il faut un véritable espace pour les Canuts. Ce sont des choses sur lesquelles on travaille pour pas que cela disparaisse. Avec tout ce que représente Guignol à la base (la satire, la critique) la ville doit s’en préoccuper.
Guignol a 250 ans mais n’est pas protégé.
Il faudrait qu’il le soit. On pourrait même demander son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. On peut bien inscrire de la nourriture et des plats typiques…
Continuerez-vous à allouer un budget à l’Olympique lyonnais ? Ou mettriez-vous davantage l’accent sur des clubs amateurs ?
Ce dont on a besoin aujourd’hui c’est une pratique locale du sport, un accès pour tous, un développement des terrains de proximité (il n’y en pas suffisamment), aider les clubs sportifs et les associations locales. Et le foot n’est pas le seul sport existant. Je n’ai rien contre mais toutes les pratiques sportives doivent s’exprimer. On a donné beaucoup d’argent à l’OL ces dernières années. Ils ne peuvent pas se plaindre de ce que la collectivité leur a fourni.
Que pensez-vous de la politique de Gérard Collomb consistant à augmenter la vidéosurveillance en ville ? Il y a eu 152 caméras en plus des 262 existantes.
On nous vend les caméras comme une meilleure façon de protéger les citoyens. Il devait y avoir une évaluation de leur efficacité qui n’a pas eu lieu. Personnellement, je ne suis pas pour le développement des caméras. Il me semble que ce dont on a besoin c’est plus de présence humaine. Il y a les conséquences des politiques nationales qui ont été menées concernant la diminution du nombre de policiers un peu partout. La police municipale est surtout là pour mettre des PV quand on n’est pas bien stationné. Je suis favorable à la création de médiateurs dans tous les quartiers pour créer du lien, des rapports humains, pour qu’on ait moins besoin de surveiller les gens. La vidéosurveillance est une politique à Lyon mais ailleurs aussi : la réponse toute faite de la préfecture en matière d’insécurité c’est la vidéosurveillance. Mais on n’alloue jamais un budget pour des médiateurs, plus de police municipale ou plus de prévention. On alloue un budget pour la surveillance. Je trouve cela bien malheureux car on résout surtout le problème du sentiment d’insécurité alors que le problème d’insécurité se résout par davantage de présence humaine.