On va donc essayer de se projeter dans l’entre deux tour. Qui négociera en direct avec Gérard Collomb au second tour ? La liste de rassemblement ou chaque composante ?
On est une liste on y va donc unis. La question de l’exécutif sera la seule ou chacun se déterminera sur le fait d’y aller ou pas car nos adhérents ont leurs mots à dire.
Mais n’est-ce pas compliqué d’imaginer une liste avec l’éventualité de voir certaines organisations dans l’exécutif et d’autres pas ?
Non. On a déjà cette expérience au sein du Conseil régional où il y a un groupe Front de gauche avec des communistes qui participent à l’exécutif, et le reste du groupe qui n’y sont pas. Cela ne nous empêche pas de travailler en commun, de monter des projets ensemble et de proposer des amendements communs.
Quels rapports entretenez-vous avec la liste écologiste ?
Là aussi on a pris acte du fait que les écologistes avec leur liste « Nouveau souffle » avaient à un moment décider de rompre le dialogue avec nous. Pourtant il y a eu de nombreux échanges entre les Verts et chacune des organisations de notre liste. À la suite du vote interne du Parti communiste décidant de se joindre au Front de gauche, une réunion était prévu le 13 novembre dernier avec les Verts pour discuter d’une possible association mais ils ont annoncé qu’ils n’y participeraient pas et, dans la foulée, ont présentés leurs neuf binômes de listes sur la ville. Nous avons pris acte de cette décision. Concomitamment au vote des communistes, les Verts ont décidé de partir seul pour cette élection. On le regrette car il y avait des points de convergence. Bien sûr, on a des différences avec eux mais il y en a aussi entres les composantes du Front de gauche. Ils ont fait un autre choix et aujourd’hui il n’y a plus réellement d’échange mis à part les saillies d’Étienne Tête dans la presse pour parler d’URSS en parlant de nous.
Vous avez parlé du vote interne des membres du Parti Communiste en faveur d’une liste autonome. Ce vote n’a pas été simple, il y a même eu huit élus communistes qui se sont officiellement opposés à la création de cette liste. Vu de l’intérieur comment cela s’est-il passé ?
Tout d’abord ce n’est pas une liste autonome, parce qu’autonomes les communistes le sont tout le temps. Nous avions le choix entre deux rassemblements. Le rassemblement classique pratiqué depuis les années 60 avec le PS ou le rassemblement avec le Front de gauche et d’autres forces.
Il faut préciser qu’à Lyon, depuis 1969, le PC était dès le premier tour sur la même liste que le PS.
En effet, mais cette fois on est parti avec une démarche nouvelle au sein du PC lyonnais. On a d’abord travaillé pendant neuf mois autour d’un projet et a partir de ce projet on a rencontré tout le monde, les Verts, le Gram, le PS, etc. et on a eu des échanges avec chacun. Puis les communistes se sont prononcés pour savoir quel rassemblement était le plus utile pour porter notre projet. Ça été serré mais la démocratie c’est souvent serré et il a été décidé que nous partirions en Front de gauche. C’est vrai qu’il y a eu un petit nombre d’élus, huit, qui ont fait savoir dans différentes déclarations de presse qu’ils étaient en désaccord avec cette décision et auraient souhaité un nouveau vote. Notre réponse est très simple : pour qu’il y ait un nouveau vote il faut une situation nouvelle et à l’heure actuelle il n’y a aucune de raisons de faire revoter les communistes. Deux d’entre eux étaient issus de la société civile donc pas engagés par les choix du PC et les six autres se sont mis en congés du PC et si certain d’entre eux partent sur autre liste que la notre ils le feront en tant que société civile, ils ne peuvent pas parlé au nom du PC qui est rassemblé sur une seule liste, la notre.
Pourquoi cette volonté de se dégager de la majorité locale ? Que reprochez-vous au PS en général et à Gérard Collomb en particulier ?
Ce n’est pas une liste anti-socialiste ou anti Gérard Collomb. On ne veut pas que cette ville repasse à droite. Mais il y a plusieurs niveaux dans le débat. Tout d’abord sur notre projet, il y a eu le sentiment dans les négociations faites avec le PS, avant le vote interne des communistes, que sur des choses très importantes, comme les services publiques et notamment la régie publique de l’eau, nos positions n’étaient pas prise en considération et on n’obtiendrait aucune avancées en partant au premier tour avec le PS.
Dans le même temps il y a aussi des questions nationales, même si les municipales sont des élections locales on n’est pas dans un monde parallèle et ce qui se passe nationalement a un impact sur la mairie. Les choix d’austérités budgétaire faits au niveau national, les coupes sombres faites dans les budgets des collectivités territoriales rejaillissent sur la politique municipale. Et la politique menée depuis l’élection de François Hollande par le gouvernement Ayrault ne donne pas l’impression qu’on écoute les couches populaires de la société, qu’on n’entend pas le vote qui s’est exprimé en 2012. Retraite repoussée à 65 voir 66 ans, pas de soutiens au plus bas salaires, déstructuration du code du travail, etc. les communistes ont le sentiment qu’on a un gouvernement qui se prétend de gauche et qui fait une politique de droite. Or, pour partir avec le PS au premier tour à Lyon on avait besoin d’un signal fort de la part des partenaires locaux d’affirmer qu’ils ferront différemment qu’au plan national mais cela n’a pas été le cas.
Les deux choses se sont liées : les questions locales et nationales. On attendait des propositions locales qui contrebalancent la politique nationale car les mairies sont les remparts contre l’austérité : d’une manière générale, la façon dont on gère une mairie réduit l’impact de la violence des inégalités sociales qui viennent des politiques menées nationalement. Mais ça ne suffit pas, il faudrait aussi un changement de politique national. Le rôle d’une mairie c’est être un espace de protection pour les citoyens si on n’a pas de garanti que la ville le soit réellement on ne peut pas travailler ensemble tout de suite. Si on arrive à porter cette exigence là et que ça correspond à ce que veulent les Lyonnais alors ensuite on pourra peser réellement.
Selon vous Gérard Collomb est il un maire de gauche ?
Sa politique ressemble beaucoup à celle du gouvernement, notamment sur la question du budget. On a une ville très peu endettée (deux fois mois que Paris ou Marseille, trois fois moins que Lille) c’est un choix d’austérité lié à un objectif de réduire la dépense publique or il y a des dépenses publiques qui sont saines car destinées au service du citoyen et au développement des services publics. Décider qu’il faut faire des économies budgétaire coûte que coûte n’est pas la meilleure solution. À Lyon on a de nouveaux services mais à personnel constant. C’est un problème pour les conditions de travail de ces salaries mais aussi pour la qualité de ces service public. À personnel constant on ne rend pas un meilleur service aux citoyens même si on en crée des nouveaux. La ville pourrait être vraiment plus à gauche. Aujourd’hui on a une ville vitrine. On voudrait une ville pour tous avec plus de solidarités.
Dans ce cas là, n’est-il pas opportuniste que le Front de gauche rejoigne la liste socialiste au deuxième tour ?
Il y a une discipline républicaine : la liste de gauche arrivée en tête devra être soutenue par les autres candidats de gauche. Nous espérons que cette liste ce sera la nôtre et que les autres candidats appelleront à voter pour nous.
Pour ce qui est de rejoindre les listes, cela dépendra de ce qui va se décider en termes de projets, de nombre d’élus, etc. Notre objectif est que les idées que l’on porte trouvent un écho dans la population car il nous semble qu’elles répondent à un besoin. Un besoin d’une politique plus à gauche. Si c’est le cas il faudra compter avec nous en termes de projet. Donc la question de « fusion ou pas fusion » va se baser sur les termes de projets et non de personnes.
Donc, si la liste socialiste ne vous propose rien entre les deux tours…
On avisera. Nous ne sommes pas favorables aux triangulaires. Nous ne souhaitons pas que cette ville bascule à droite et on espère que les autres candidats de gauche ne le souhaitent pas non plus.