Lutte contre les addictions. Episode 2 : « On a besoin de travailler en réseau »

La lutte contre les pratiques addictives nécessite l’intervention de nombreux acteurs. Principalement, issus du milieu médico-social et du monde associatif.  Pour de meilleures conditions de suivi et de prise en charge, la CAMERUP souhaite développer un véritable réseau commun entre le monde professionnel et bénévole.

Vendredi dernier, l’Hôtel de région accueillait un colloque lié à la question des addictions et les actions possibles des acteurs du secteur. Organisée par la CAMERUP (Coordination des Associations et Mouvements d’Entraide Reconnus d’Utilité Publique de France), cette journée de réflexion a abordé de nombreux thèmes vis-à-vis des pratiques addictives. L’un d’entre eux est le développement du rôle des associations et du lien qu’elles entretiennent avec le monde du médico-social. Une relation limitée qui a tout intérêt à s’améliorer, autant pour les bénévoles que le personnel soignant. Une nécessité pour offrir un meilleur accompagnement aux personnes en proie aux pratiques addictives.

Actuellement, la relation entre ces deux mondes n’est pas idéale. Les associations membres de la CAMERUP déplorent un manque de communication avec le milieu hospitalier, qui ne guiderait que rarement les addicts auprès des structures associatives. Ils regrettent que certains addicts sortent de cure sans être informés de l’existence d’associations pouvant les accompagner. Pourtant, le domaine médical est parfois le premier contact entre une personne concernée par une addiction et le possible début d’un suivi. Un constat qui s’explique par le manque de visibilité et de liens entre les deux milieux.

À chacun son rôle

« Il n’est évidemment pas question de remplacer un professionnel de santé » souligne Jean Gille Vincent, vice-président de la CAMERUP et membre de Alcool Écoute Joie et Santé. Il ajoute : « Nous sommes des partenaires du personnel de santé. Seul un médecin est capable de poser un diagnostic et d’imposer un traitement ». Cependant, les associations et bénévoles jouent un véritable rôle dans le suivi des addicts. « L’addiction est un travail de long terme. Nous avons cette disponibilité de suivi », précise Marc Margelidon, vice-président de la CAMERUP et membre de La Croix Bleue.

La construction d’un réseau d’aide composé de l’ensemble des acteurs est une nécessité. Un avis partagé par le personnel soignant. « On a besoin de travailler en réseau. Cela permet d’individualiser les parcours et d’offrir une meilleure prise en charge. {…} La sortie est le moment le plus difficile, c’est là que les associations prennent le relais. Chacun a un rôle à jouer », témoigne Fabien Dreyfuss, assistant social et ancien directeur d’un centre de cure, convié pour répondre à la question : « Que pensent les soignants des bénévoles ? ».  Il note également que « réunir le monde professionnel et bénévole est une volonté institutionnelle trop souvent évincée ».

Se former pour être considéré

Une autre barrière à cette relation est le manque de reconnaissance de la part du milieu médical envers les associations. Un problème que la CAMERUP souhaite voir disparaître en offrant la possibilité à ses bénévoles de se former. « Pour qu’ils [NDLR : Le personnel soignant] nous considèrent, on doit se former. Nous sommes des bénévoles, mais il faut qu’on se professionnalise », insiste Philippe Sayer, président de la CAMERUP et membre des Amis de la santé. Un constat partagé par Philippe Arvers, médecin addictologue.

Philippe Arvers, médecin addictologue.

De patient à expert il n’y a qu’un pas

Le concept de patient-expert tend à se démocratiser. De plus en plus d’anciens addicts suivent des formations pour obtenir une certaine expertise. Mais concrètement, en quoi cela consiste-t-il ?

Philippe Arvers, médecin addictologue.
Philippe Arviers et Philippe Sayer. Crédit : Ines Pallot

Lors du prochain épisode, nous aborderons la question de la jeunesse au sein de ces associations et comment elles souhaitent mieux l’intégrer et l’amener vers leurs structures.

Léo Ballery

Retrouvez l’épisode précédent ici : Lutte contre les addictions. Episode 1 : Un problème social, sanitaire et médical – (lyonbondyblog.fr)

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