Houda, une amie qui vous veut du bien

Cette professionnelle du monde socio-éducatif est une femme d’exception, forçant le respect de ses paires et des jeunes qu’elle côtoie quotidiennement. Portrait

Je vais vous conter le destin d’une grande femme qui porte sur ses petites épaules de nombreux projets, les paroles de tout un quartier et de toute une histoire associative : je vais vous présenter Houda Afsouni, responsable du Pôle Jeune du Centre Social du Tonkin de Villeurbanne.

Rillarde d’origine tunisienne née dans les années 70’s, Houda a su dès l’âge de 13 ans qu’elle allait aider les autres plus tard, mais elle ne savait pas encore de quelle manière. Pendant ses études au Lycée de Sciences Médico-sociales, elle rencontra une femme qui avait pour fonction de résoudre les problèmes familiaux difficiles, ce fut alors le coup de foudre, elle su dès lors ce qu’elle souhaitait faire après l’obtention de son BAC.

C’est  lors d’un stage dans un internat de Bourgoin, qu’elle eu la révélation : elle prit la décision d’aider les jeunes avant qu’il ne soit trop tard, c’est à  dire avant l’entrée dans les foyers ou dans les prisons, toujours à travers le support loisirs. En effet, pour Houda, le loisirs socio-éducatif reste un moyen de construction et de partage permettant de sortir de l’ordinaire pour tous ces enfants qui ont perdu la beauté de l’innocence.

Une fois le BAC en poche, elle choisit de prendre son sac, une bourse vide, et tous ses rêves à la découverte de l’Inconnu. Elle ira dans un foyer de jeunes travailleurs à Saint Etienne d’où elle put visiter le Monde, puis dans le 9-1 à Massy Palaiseau, ajouté à d’autres  expériences toutes plus enrichissantes les unes que les autres.

C’est en 1993 qu’elle revint près des siens à Villeurbanne en se dirigeant de suite vers le Centre Social du Tonkin.  Son parcours d’animatrice ne fut pas de tout repos. Les familles n’avaient pas confiance en ce centre et les garçons étaient souvent traités comme des rois, de plus le fait d’être une femme maghrébine émancipée n’arrangeait pas les choses pour Houda.

Elle a du installer des règles pour ne pas créer une relation trop conciliante qui empêcherait tout lien professionnel de s’installer. Puis le besoin de parler, d’avoir des conseils, et des relations avec des entreprises professionnelles faisant parti du réseau de Houda, a put installer un climat de confiance entre elle et les habitants.

C’est ainsi que Houda, et bien d’autres animateurs, utilisèrent comme ingrédient principal de leurs relations avec les jeunes du Centre : la culture ; alors la confiance se déclenche et de la conscience citoyenne commence à s’intégrer dans la tête des adolescents pour qu’ils se construisent une personnalité, tout en s’ouvrant au Monde qui les entoure.

Cette culture est déclinée sous différentes formes, en se rendant dans d’autres centres sociaux ou dans d’autres villes (à La Rochelle pour le festival des Francofolies), en faisant des parcours de danse, en allant au stade de futsal, en partant  à la bibliothèque municipale ou en visitant une Université, ou en les aidant à construire de grands projets comme celui de Miss Villeurbanne.

Grâce au vecteur culturel,  elle les aide à s’émanciper et à reprendre confiance, puis elle le forme (s’ils le souhaitent) au métier d’animateur pour qu’ils comprennent ces clefs du métier qu’ils côtoient au quotidien, tout en s’avèrant utiles pour ouvrir certaines portes dans leur avenir afin de devenir indépendants. S’il y a une chose que Houda ne supporte pas c’est la politique d’assistanat et le gouvernement des Grands Frères, elle préfère oublier la posture moraliste des longs discours, pour les forcer à se prendre en main eux-mêmes et mieux les aider à grandir.

Elle me dit alors pour clore notre entrevue, qu’elle « se promet d’arrêter d’exercer ce métier si elle n’était plus dans la capacité d’entretenir des relations avec qui que ce soit ». Mais pour le moment, elle reste une femme dotée d’une force de caractère et d’une générosité sans borne et qui restera un modèle pour bien des habitants du Tonkin qu’elle rencontre quotidiennement, toujours avec son beau sourire.

Sofia Azzedine

Etudiante à l'Institut d'Etude du Développement après un parcours du combattant passé dans les méandres de la Science Politique, entre la Sociologie et le Journalisme et les Langues Etrangères. Je souhaite toujours explorer ces banlieues plurielles méconnues et mal traitées pour jeter au sol ces préjugés. Tout cela, pour éluder toute l'humanité vivace qui existe dans ces régions de la différence et de l'indifférence et faire parler cette jeunesse silencieusement bavarde.

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