« Comme il est beau de vivre au Mas du Taureau »

Entre désenchantement et espoir, Amine nous propose un portrait au vitriole du quartier qui l’a vu naître et grandir.

Quartier dit longtemps sensible à Vaulx-en-Velin, aujourd’hui le Mas du Taureau n’est plus que le sombre vestige d’un passé terne et tumultueux. Les Chibanis y sont échoués, le regard vide, sur la place où passe le C3, ce bus qui relie le centre-ville de Lyon, à ce triste quartier de Vaulx. Dans le sein des tours grises qui encerclent la fameuse « place du Mas », les familles y sont entassées dans des appartements vétustes. Les commerces pas très attractifs, mais néanmoins nécessaires pour les riverain,s sont le point de chute de la jeunesse du quartier.

Devant les snacks, les call box ou même les boucheries, ils laissent le temps leur filer entre les doigts, se retrouvant chaque jour avec les stigmates ,des longues nuits passées, creusant leur visage. Dans des coins plus reculés, les plus jeunes, sèchent les cours. Les collèges Barbusse et Noirette n’étant pour eux que des nids « à heures de colle » et à problèmes non lucratifs. Car dans un monde consumériste ou consommateur, appelez-le comme bon vous semblera: allez à l’école n’est pas d’une grande utilité. L’histoire de la langue française ou de la révolution ne paye ni les « Nike» ni les « tacos » et encore moins les clopes.

Oui les clopes, car cette jeunesse qui, dit-on s’inquiète pour son avenir, fume! Triste ironie du sort, elle enrichie ceux qui la dépouille. Mais tout n’est pas morose au Mas du Taureau, sur cette place où errent comme des fantômes les âmes déchues – aussi jeunes soient elles- où les oubliés de cette société si contemporaine, si moderne enterrent leurs rêves,.

Le beau existe si l’on fait abstraction de toute cette misère, bien moins misérable que celle du Tiers- Monde, mais, ô combien plus vicieuse, le beau peut éclater au visage.

Qu’il est beau de voir le sourire édenté des « Chibanis » éclairer la place!
Qu’il est beau d’entendre l’arabe, les parlers d’Afrique noire se mélanger à une langue française incertaine mais tous à  fait drôle!
Qu’il est beau de voir les courageuses étudiantes traverser la place de leur démarche à la fois timide et gracieuse!
Qu’il est beau de voir les enfants faire des singeries devant les voitures bleu blanc rouges des fonctionnaires de l’État, dont la mission n’est d’autre que de rompre des os et briser des espoirs!
Qu’il est beau de voir le Mas du Taureau, quartier français, devenir le carrefour du monde où les représentants de chaque continent vivotent ensemble et attendant ensemble, des jours meilleurs!

Auteur : Amine Dif

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