Suite à un échange rapide à propos de musique avec Rafika, je suis revenu quelques années en arrière. Le rap commençait tout juste à s’implanter avec le grand virage de Skyrock et le Funk (la Funk comme on disait) était le son de toute une jeunesse de quartier. M’accompagnerez-vous pour un petit flash-back musical? Enfilez vos B-W et votre 501, 3-2-1 c’est parti…
1997. J’étais tout juste en cinquième. Agé alors de douze ans et demi j’étais, comme beaucoup de pré-ados, attiré par la musique. Funk, quatre lettres magiques pour décrire des rythmiques binaires produites par des boîtes à rythmes endiablées et des synthétiseurs en folie.
Pour les puristes le Funk évoque des artistes noirs américains comme le sacré James Brown, le déjanté George Clinton ou les talentueux Meters. Mais pour nous, le Funk était ce son des années 80 où il fallait taper des mains tous les quatre temps. Les artistes phares étaient Kool and the gang (menés par J.T Taylor), Midnight Star ou les Debarge (et oui ils chantaient en famille). Les paroles étaient simples, ou simplistes. Dans chaque chanson, on entendait “sunshine”, “love” ou “star lights”. Peu de choses sombres et que de mélodies entraînantes.
Le son était écouté par les “grands” du quartier et tournait en boucle. Et dans tous les baladeurs (à k7) chacun avait sa compile avec les meilleurs morceaux de son cru. Point de mp3, juste des k7 qui circulaient. Parfois enregistrées à la hâte, avec un soufflement de fond très fort que l’on disait que l’enregistrement s’était fait à l’aéroport. Pour retrouver le disque original, certains n’hésitaient pas à entonner le morceau de façon improbable, l’anglais yahourt était de rigueur.
Ce qui était un sous-genre, après tout n’ayons pas peur des mots, est devenu un registre à part entière. Les plus pointus sillonnaient la France voire même les Etats-Unis et l’Angleterre en quête du Graal notamment l’album mythique du groupe High Fashion de 1982. Certains tombaient sur des imports improbables comme des disques du roi de la pop nippone Tatsuro Yamashita.
Qu’est-ce que de simples ados pouvaient trouver dans tout cela? Sûrement un simple effet de mimétisme. “Ecouter de la musique de grands”, en réaction à tous les groupes qui trustaient le top 50, les 2BE3 par exemple. Certaines chansons de funk étaient de simples one-shot. “I am ready for your love” de Fern Kinney, Deodato avec “Fire in the sky” que j’ai pu redécouvrir grâce à un post sur facebook. Dans les quartiers populaires de Lyon et de ses environs la Funk a régné sans partage jusqu’à fin 1999. Puis l’essor du rap français a pris la relève et les groupes de rap locaux ont pris plus d’ampleur.