mouvement de grève à Lyon devant le MEDEF

Mouvement de grève à Lyon : « Nos revendications ne sont pas des caprices. C’est notre dû !»

Ce jeudi, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel à la grève de la CGT. Réunis devant le siège local du MEDEF, une délégation interprofessionnelle a été reçue par le syndicat des patrons. Une rencontre dans le but de rapporter plusieurs revendications et de rappeler leurs responsabilités dans les différentes grèves.

Crédit : Léo

Les mouvements sociaux des dernières semaines se poursuivent. À Lyon, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis devant le siège du MEDEF. Un rassemblement initié par la CGT qui ne s’est pas transformé en intersyndicale, comparé à la semaine passée.  

En début d’après-midi, une délégation interprofessionnelle a été reçue par le syndicat des patrons. L’occasion pour la CGT de pointer du doigt « leurs responsabilités face à la multiplication des grèves dans les entreprises » et de demander « une augmentation générale des salaires. {…} Au vu des bénéfices qu’ils engrangent et qui sont connus de tous. Il faut augmenter les salaires en fonction de l’inflation », rapporte Maud Millier qui représente l’union départementale CGT du Rhône.

L’augmentation des salaires ne permet pas uniquement de lutter face à l’inflation, mais agit comme un levier social en entraînant une hausse indirecte des cotisations. Par conséquent, le financement des retraites ou du chômage en est également impacté. « On s’oppose aux chèques et aux primes qui sont proposées pour pallier, à ce qui est appelé, le manque de pouvoir d’achat. C’est par le salaire et par le paiement des cotisations sociales, qu’elles soient salariales ou patronales, qu’on finance la protection sociale. Pour nous, l’augmentation générale des salaires, c’est un élément déterminant justement pour assurer la pérennité de nos acquis sociaux. », insiste Maud Millier.

À Feyzin, la grève se poursuit

Présent dans la plupart des rassemblements, les salariés de la raffinerie Total de Feyzin portaient une nouvelle revendication ce jeudi. Alors que le dialogue avec leur direction est totalement rompu et que les délégués syndicaux font face à un « mutisme complet ». Ils demandent l’intervention de l’État pour qu’il désigne un médiateur de la république. « Au début, on a réussi à négocier rapidement avec eux sans obtenir aucune avancée. Depuis quelques jours, c’est silence radio, un mutisme complet. On nous a claqué la porte au nez ! Par conséquent, nous interpellons le préfet pour qu’il prenne ses responsabilités, comme il l’a fait pour les réquisitions… On lui demande de mandater un médiateur de la République pour pouvoir entrevoir une éventuelle sortie de conflit. Si et seulement si, les salariés grévistes obtiennent leurs revendications. », souligne Pédro Afonso, délégué syndical CGT de la raffinerie de Feyzin. Il ajoute : « Les milliards de Total sont générés par les mains des travailleurs. On demande uniquement un retour des choses et non pas seulement en augmentation de salaire, mais aussi en emploi dans nos industries. Il nous manque plusieurs postes pour pouvoir exploiter nos sites en sécurité ainsi que des investissements sur nos outils vieillissants ». Actuellement, la raffinerie de Feyzin est le dernier site de Total encore en grève.

Les « métiers passions » subissent, eux aussi, l’inflation

Les personnes exerçant un « métier passion » sont souvent absentes des mouvements sociaux. Non pas qu’ils ne soient pas engagés à défendre leurs intérêts et ceux des autres, mais parce qu’ils se sentent, parfois, illégitimes. « On a beaucoup de chance d’exercer ce type de métier. Donc on s’épuise à la tâche sans rien demander », explique Charlotte Goupille Lebret, régisseuse de production et déléguée syndicale à l’Opéra de Lyon. « Nous, les salariés de l’Opéra de Lyon, on est dans cette petite niche des métiers passion. Par tradition, on n’a pas pour habitude de faire grève et de revendiquer », précise-t-elle.

Une tradition que les salariés de l’Opéra ont su outrepasser. Depuis plusieurs mois il n’est pas rare de croiser des représentants syndicaux de l’Opéra dans les différentes mobilisations. La raison ? Depuis cinq ans, les salariés ont subi une baisse de 4% à 10% de leur pouvoir d’achat. « À l’Opéra de Lyon, en ce moment, les gens en ont complètement ras-le-bol. Cette année, la direction a débuté les négociations en nous proposant zéro euro. Dans un contexte avec une inflation à presque 6%, ça a été pris par les personnels, permanents et intermittents, comme un énorme manque de respect. Nous demandons à ce que les salariés ne perdent pas de pouvoir d’achat sur cette année. Ce qu’on revendique, ce n’est vraiment pas un cadeau… On souhaite une revalorisation de 6% pour tout le personnel permanent, ainsi qu’une revalorisation de tous les taux des intermittents », détaille Charlotte Goupille Lebret.

Cette mobilisation nouvelle de la part de plusieurs secteurs semble s’amplifier. La majorité des récentes mobilisations se sont tenues en interprofessionnel et parfois en intersyndicale démontrant une certaine convergence. Si la plupart des autres syndicats n’étaient pas présents ce jeudi. Pour la prochaine mobilisation du 10 novembre, « plusieurs signaux sont favorables à l’élargissement de l’intersyndicale. {…} Cela augmentera notre rapport de force », précise Maud Millier.

Léo Ballery

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