Lutte contre les addictions. Episode 4 : Prison et addiction un mauvais mélange

La lutte contre les addictions dans les prisons est une tâche difficile. Les détenus ne peuvent que rarement avoir accès à un accompagnement et font face à un sevrage forcé pas toujours bénéfique. Pour les aider à sortir de leur dépendance, des associations interviennent en prison. Un travail compliqué durant et après leur détention.  

Les détenus français sont particulièrement vulnérables face aux addictions. De nombreuses personnes incarcérées souffrent d’une dépendance au cours de leur détention. Une situation compliquée tant l’accompagnement en milieu carcéral est rare.

Selon la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), un tiers des détenus aurait des problèmes d’alcool avant leurs incarcérations. Concernant les stupéfiants, une part importante des personnes incarcérées en consommait avant leur détention. Toujours selon l’OIP, dans certaines prisons ce serait près de 60% des détenus qui avaient une consommation régulière avant leurs arrestations. Lors de leurs détentions les personnes en proie à une addiction font face à un sevrage forcé, l’alcool et les drogues étant interdits en prison. Pourtant, cela n’aide pas toujours à sortir d’une dépendance. Dans certains cas la situation à même tendance à s’aggraver, comme en témoigne l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives : « Les personnes détenues constituent une population vulnérable face aux addictions, d’autant plus qu’elles se cumulent souvent à des difficultés socio-économiques (faible niveau d’éducation, faible revenu, logement précaire, etc.). Dans un contexte de surpopulation chronique, les conditions de vie en détention sont par ailleurs peu propices au maintien de la santé des détenus et peuvent provoquer ou aggraver certains troubles liés aux addictions ».

À cela s’ajoute un accompagnement inexistant ou très rarement présent. Ce qui n’aide pas une personne touchée par une addiction à sortir de sa dépendance. Un constat que le Sénat établissait déjà dès le début des années 2000 : « Si la consommation d’alcool est interdite en prison, le sevrage, sans mesures d’accompagnement, n’a aucune conséquence curative ».

Des associations dans les prisons

Actuellement, relativement peu de prisons proposent un suivi possible lors de l’entrée d’une personne addicte. Dans certains cas des associations peuvent intervenir en prison pour accompagner les détenus. À l’instar de la CAMERUP (Coordination des Associations et Mouvements d’Entraide Reconnus d’Utilité Publique de France). « On peut intervenir dans les maisons d’arrêt ou les prisons. Il faut pour cela être mandaté par sa structure et faire une demande auprès du directeur de l’établissement. S’en suis un rendez-vous avec le directeur de la prison et éventuellement un avec la police pour vérifier le casier judiciaire de l’intervenant. Ensuite on élabore un planning pour faire des interventions en groupe ou individuelle au sein du milieu pénitentiaire », explique Patrick Poupelloz, référent national des intervenants prison pour la CAMERUP.

Un accompagnement qui s’opère durant la détention et lors de la sortie. « Nous on travaille sur les addictions. On cherche à amener la personne à en prendre conscience. Éventuellement, on peut travailler avec eux, pour qu’à leurs sorties ils puissent se débarrasser de leurs addictions. On aide les détenus à se préparer pour la fin de leur détention, on leur donne des adresses, soit de centres de cure soit d’associations qui pourront les accompagner », précise Patrick Poupelloz. Par ailleurs le travail associatif ne se limite pas à des interventions, comme évoqué dans le premier épisode de ce dossier, la CAMERUP porte un « plaidoyer politique ».  Ce qui amène la coordination d’associations à s’entretenir avec le ministère de la justice dans l’optique « d’inciter et faciliter l’intervention de bénévoles dans les milieux carcéraux ».

Retrouver le reste du dossier ici :

Lutte contre les addictions. Episode 1 : Un problème social, sanitaire et médical – (lyonbondyblog.fr)

Lutte contre les addictions. Episode 2 : « On a besoin de travailler en réseau » – (lyonbondyblog.fr)

Lutte contre les addictions. Episode 3 : Mobiliser la jeunesse – (lyonbondyblog.fr)

Léo Ballery

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