Les vacances : le nouveau miroir des inégalités

L’été annonce une belle période des vacances scolaires. Les parents cherchent à occuper leurs enfants quand ils travaillent. Mais deux mois peuvent paraître très longs quand on n’a pas grand-chose à faire… D’après le CREDOC, près d’un quart des enfants ne part pas en vacances en France. Cette inégalité ne date pas d’hier et reste toujours d’actualité.  

Six étudiants de l’École Supérieure du Développement Economique et Social ont lancé leur projet de l’année We Gône début juin 2015. Ils ont proposé un weekend sportif pour les enfants du centre social Eugénie Cotton, aux Minguettes à Vénissieux. Avec l’objectif principal d’organiser les sorties en plein air, en l’occurrence aux « Cabrioles », en Haute-Savoie.

L’Organisation mondiale du tourisme définit les vacances en quatre nuits consécutives au moins passées hors du domicile pour un motif d’agrément.

Le groupe de dix enfants, de 9 et 10 ans, se connaissait déjà depuis les activités qu’ils suivent au centre social. Ils ont passé le weekend sportif en Haute-Savoie, et la thématique pédagogique du respect était primordiale. Le respect de soi, le respect de l’autre et le vivre ensemble sont des notions qui définissent la base des relations humaines. « Ils ont beaucoup de connaissances sur le respect, mais dès qu’on sort du jeu, ça s’oublie. » Remarque Arnaud, un des organisateurs du projet. Les trois animateurs spécialisés du centre social ont accompagné les étudiants dans la démarche. Ils ont joué un rôle de facilitateur.

Selon Naima, responsable du secteur jeunesse et loisirs du centre social, ce type de projet apporte beaucoup pour tous les participants et renforce le lien au travers de rencontres avec des habitants de quartiers différents.

Les étudiants espèrent continuer le projet We Gône l’année prochaine : « Nous avons l’intérêt de continuer le projet. Les retours étaient très positifs. Ça donne envie de continuer ».

Oumaïssa, un des enfants du centre social, ne dit pas autre chose : « Moi, je préfère être dans la forêt que devant la télé ! Merci pour ce weekend ! Je ne l’oublierai jamais ! »

50 % des enfants des familles les plus modestes ne sont pas partis en vacances

Selon inégalités.fr (se basant sur des chiffres du CREDOC), en 2014, 50 % des enfants des familles les plus modestes ne sont pas partis en vacances, contre 34 % des enfants d’ouvriers. Chez les enfants de cadres supérieurs, ce chiffre tombe à 5 %. Nous pouvons constater que le facteur le plus déterminant dans la possibilité de partir en vacances est donc la situation économique des ménages, malgré plusieurs autres critères comme le diplôme, la profession, le genre, la taille de l’agglomération, etc.

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Les chiffres du CREDOC confirment cette tendance : « En 2014, près de la moitié des personnes déclaraient ne pas envisager de partir en vacances dans les prochains mois pour des raisons financières. D’autres ne prévoyaient pas de partir pour des raisons de santé (16 %), professionnelles (9 %) ou familiales (8 %). Un peu plus d’une personne sur dix n’est pas partie par choix (13 %). »

La crise aidant, de moins en moins de personnes peuvent partir en vacances. « Les deux tiers des Français déclaraient partir en vacances au milieu des années 1990 (66 %). Le taux de départ en vacances a ensuite diminué petit à petit jusqu’à tomber à 52 % en 2008, en pleine crise économique. Depuis 2011, il repart à la hausse et atteint 60 % selon les données du CREDOC (juin 2014). »

De plus nous ne partons plus pour un mois entier d’août, comme on le faisait dans les années 1960 constate Jean-Didier Urbain, anthropologue spécialisé dans le domaine de tourisme. Nous préférons faire des courts séjours dans l’année en essayant se faire héberger gratuitement. Beaucoup de citoyens préfèrent de séjourner chez leurs familles.

©justine-reyes flickr cc#Inégalités : 25 % des plus aisés ont reçu une aide contre 22 % des bas revenus

Il est vrai que les Caisses d’Allocations familiales (CAF) proposent des aides pour les vacances, « mais la situation est délicate pour les populations les moins aisées des catégories moyennes, qui se situent juste au-dessus des plafonds des CAF, aux alentours de 2 200-2 500 euros mensuels pour un couple avec deux enfants : pas assez riches pour partir, mais trop pour disposer d’une aide. » Annonce inegalites.fr.

« 25 % des plus aisés (plus de 3 000 euros mensuels pour une personne seule) et même 26 % de la partie haute des classes moyennes (de 1900 à 3000 euros) ont reçu une aide, contre 22 % des bas revenus (inférieurs à 1 200 euros) […­] La population aux revenus les plus bas ne dispose pas ou très peu d’aides au départ, proposées le plus souvent par les comités des grandes entreprises (par exemple via les Chèques Vacances) qui profitent davantage aux enfants des cadres supérieurs. Quant aux aides des CAF, elles ne pèsent pas assez dans les revenus des plus démunis pour inverser la tendance. Elles soutiennent une partie des catégories peu fortunées. »

 

Source

« Vacances 2014 : l’éclaircie », enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français », Crédoc, janvier 2015.

Jelena Dzekseneva

Née en Lituanie et ayant grandi au Kazakhstan, je suis arrivée en France en 2008. Pendant mes études d'anthropologie à Lyon 2, j'ai participé à divers projets associatifs qui m'ont fait venir au LBB en juin 2015.

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