La mairie de Lyon a révélé son plan de sobriété énergétique, qu’elle juge ambitieux. Avec des objectifs qui dépassent ceux du gouvernement, la municipalité souhaite être « exemplaire ». Avec 18 nouvelles mesures elle entend diminuer sa consommation de 10% pour 2023. Point surprenant, ce plan de sobriété a été réfléchi avec la plupart des forces d’oppositions.
Faire mieux et plus rapidement que le gouvernement. C’est ce que souhaite la municipalité lyonnaise qui annonce un plan de sobriété énergétique ambitieux. Selon Grégory Doucet, maire de Lyon, elle va « plus vite que le gouvernement ne l’a prévu ». L’objectif ? Réduire de 10% la consommation énergétique des équipements municipaux tout en maintenant l’entièreté des services publics. Une nécessité pour que ce « plan de sobriété ne soit pas un plan d’austérité. {…} Il est solidaire [le plan], on ne ferme pas de service public », insiste l’élu lyonnais.
La hausse des prix de l’énergie va engendrer un surcoût de 25 millions d’euros pour l’hiver 2022/2023. Le plan de sobriété annoncé par la mairie devrait permettre une économie de deux à trois millions d’euros (≃10%). Des mesures nécessaires et urgentes pour répondre à un « choc financier {…} jamais vu depuis 40 ans », précise Sylvain Godinot, adjoint à la transition écologique et au patrimoine.
« 18 mesures pour 18 degrés »
Le plan de sobriété est basé sur cinq axes majeurs : l’éclairage urbain, la solidarité énergétique, le chauffage, les travaux structurels et les bonnes pratiques. En résumé « 18 mesures pour 18 degrés », s’amuse le maire de Lyon. Parmi elles, plusieurs ont déjà animé l’actualité, comme le maintien de la Fête des Lumières ou l’extinction des éclairages publics entre 2h et 4h30, quatre nuits par semaine. Une mesure qui peut surprendre mais qui n’est pas inédite. Plusieurs autres villes y ont déjà recours (Lorient, Francheville, Pornic, etc). Si la question de la sécurité peut-être soulévée, Sylvain Godinot tient à rassurer les lyonnais : « Il n’y a pas de hausse de l’insécurité dans les communes qui pratiquent ces restrictions ». Également, l’éclairage patrimonial est conservé uniquement le samedi, jusqu’à 23h (des exceptions sont possibles).
Autre mesure phare, le chauffage : « On sait qu’on doit agir prioritairement sur le chauffage, c’est le plus gros poste de dépense énergétique. Cela représente environs deux tiers des dépenses. », explique Grégory Doucet. En conséquence, les bâtiments municipaux seront chauffés à 18°, hormis les locaux administratifs, les bibliothèques, les crèches et les écoles où la température sera de 19°. Côté sportif, les gymnases seront maintenus à 14° et l’eau des piscines à 25°. Les EHPAD et les résidences séniors sont exclues de ces mesures sur le chauffage, « ces établissements seront maintenus à 22°. Nos ainés sont vulnérables aux écarts de température », précise le maire de Lyon.
Pour s’assurer que l’ensemble de ces mesures soit mis en place, un comité de suivi vas être crée. Si son rôle est encore flou, sa composition aussi. Un bon nombre des partis d’opposition a affirmé vouloir y participer. Une possibilité que l’élu lyonnais n’exclût pas, « à partir du moment où tous les groupes politiques ont eu voix au chapitre, ont pu apporter leurs idées. C’est que le suivi et l’évaluation des mesures doit être fait également de manière transpartisane ». Quant au grand public, lui aussi pourrait participer à ce comité de suivi selon Gregory Doucet, qui reconnait « ne pas avoir arrêté la configuration précise ».
Un travail transpartisan, mais trop court pour l’opposition
L’entièreté de ce plan de sobriété énergétique a été réfléchi de manière commune par l’exécutif et l’opposition. Un travail transpartisan, initié par la municipalité et salué par tous les représentants politiques. Cependant, certains regrettent « une concertation trop courte ». Georges Képénékian, conseiller municipal, affirme que « seulement quatre réunions communes ont eu lieu. ». Interrogé sur son mécontentement, l’ancien maire de Lyon demande plus de temps : « Pour co-construire, il faut aussi du temps. La tour de Babel, ne s’est pas fait du jour au lendemain. Quatre réunions pour un sujet aussi important que celui-là, c’est un peu court. {…} Ce qui laisse penser que la trame était déjà présente. Ce n’est pas une critique, c’est juste qu’on ne va pas inventer la poudre. Les choses sont là, ce qui compte c’est la manière d’embarquer les gens. {…} Pour moi, c’est juste le début de quelque chose. C’est à eux de nous montrer que c’est le commencement d’un mode de co-construction sur ce sujet. ».
Un reproche qui ne tient pas pour Grégory Doucet. Le maire de Lyon l’affirme, il faut rapidement agir : « Je l’ai rappelé, tout au début. Le travail sur la sobriété ne date pas d’hier. Il a déjà été engagé par mon exécutif, c’est une de nos orientations politiques très clairement affichée. Pour autant, le contexte très particulier avec les conséquences observables sur le prix de l’énergie, est arrivé dans le courant de l’été. Il fallait réagir vite ! Le travail est engagé, il n’est pas terminé. {…} Moi je me réjouis de cette méthode transpartisane. Elle a tout de suite été acceptée par les groupes politiques et je les en remercie. Ça a donné lieu à un plan que je trouve extrêmement équilibré et ambitieux. ». Quant au manque de concertation avec les acteurs du secteur, l’élu lyonnais s’en défend : « La sobriété ce n’est pas l’affaire de quelques-uns, c’est un travail continu de manière collective. On a travaillé certes avec les groupes politiques, mais on a également travaillé avec des spécialistes (RTE, Enedis, etc). Ainsi qu’avec la métropole qui a ses orientations en matière de sobriété. Il était impératif que nous cherchions une cohérence, une forme d’alignement, pour que nos mesures ne se contredisent pas. ».
La lumière à tous les étages
Ce mercredi, lors de la conférence de presse présentant ce plan de sobriété énergétique, certains élus de l’opposition se sont étonnés d’un certain détail. Si le thème est évidemment la sobriété, la salle est excessivement bien éclairée, en plein milieu de l’après-midi. « Ils font les malins mais n’éteignent pas les lumières », s’amuse un membre de l’opposition. Si les mesures sont ambitieuses, encore faut-il être « exemplaire », comme le revendique la municipalité lyonnaise.
Léo Ballery
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