Jérôme Sturla est élu (PS) de la ville de Décines depuis 1989. Il est également conseiller communautaire de la Métropole, mais aussi Président du Grand Parc et conseiller cantonal. Le 8 mars 2012, il devient maire de Décines à la place de Pierre Crédoz (PS) avant de perdre son fauteuil au profit de Laurence Fautra (UMP) aux dernières municipales, avec en toile de fond le stade des Lumières. Il revient pour nous sur le Grand stade et s’indigne de l’orientation politique de Laurence Fautra.
Le stade des lumières ouvrira ses portes dans moins d’un an. Que peut-il apporter à la ville de Décines ?
Il peut apporter de l’emploi, des recettes fiscales, du dynamisme économique et commercial. Tout ce qu’un grand équipement structurant d’une métropole peut apporter. Il suffit de regarder tout ce qu’Infogrammes a apporté dans le 9ème arrondissement de Lyon. Cela l’a métamorphosé.
Le grand stade est d’abord un projet économique avant d’être un projet footballistique. Aujourd’hui l’industrie du spectacle fait partie du secteur qu’on peut développer et qui est pourvoyeur de richesses et d’emploi.
En 2008, Michel Buronfosse et Farida Boudaoud figuraient sur la liste du parti socialiste. En 2014, ils se sont présentés contre vous sur la liste Front de Gauche. Vous pouvez nous expliquer ?
On n’a pas été en mesure de négocier avec eux. Je pense qu’il fallait avoir une liste plus ouverte sur la société civile et qui ne soit pas monopolisée par le parti socialiste et le parti communiste. Moi, j’avais souhaité que ces deux formations politiques baissent leurs prétentions pour faire de la place à des énergies nouvelles qui correspondent à la ville de Décines. On n’a pas pu trouver d’accord.
En 2011 a été évoqué par Michel Forissier et vous même la possibilité d’une fusion à moyen terme entre Meyzieu et Décines. Qu’est-ce que cela pourrait apporter aux deux villes ?
Il n’a jamais été question de les fusionner. C’est une phrase sortie de son contexte par rapport à une déclaration de Michel Forissier qui indiquait à terme avec l’évolution urbaine et le développement des ensembles urbains tels que la métropole. Ce n’est pas incongru de penser que dans le futur, Décines et Meyzieu ne pourraient faire qu’une seule entité. C’était une réflexion prospective par rapport à l’évolution de l’organisation des territoires. Il y a une cohérence même si les deux villes gardent leur indépendance et leur identité propre. Nous devons y réfléchir car ces deux villes ont un intérêt commun à travailler ensemble et l’arrivée du stade va avoir une fonction d’agrafe car il est à l’intersection de ces deux villes.
https://www.youtube.com/watch?v=r7hCumGbM7g
Quelles sont vos relations avec Laurence Fautra, la nouvelle maire ?
C’est un peu tendu. Pour l’instant, on ne sait pas où elle va. Elle a dû mal à endosser les habits de la fonction. Elle passe son temps à fustiger le travail que nous avons accompli depuis 1957. En invoquant ma responsabilité, elle masque une certaine impuissance à gérer certains dossiers. Je ne suis plus aux affaires et quand c’est plus la faute à Sturla, c’est la faute au grand stade. J’espère qu’elle aura l’intelligence de mesurer tous les apports positifs que peut avoir cette infrastructure dans la ville de Décines et plus largement pour le territoire de l’Est lyonnais. Il n’y a pas de grands projets sans inconvénients quand vous êtes à quinze kilomètres d’un centre-ville. On ne peut pas avoir une vie à la campagne, des transports en commun performants et la possibilité de se loger, sans quelques petits désagréments.
Que lui reprochez-vous ?
Ce que je lui reprochais, c’était d’être contre le stade, mais apparemment elle a retourné sa veste. Je m’en réjouis. Il faut qu’elle arrête sa campagne électorale car maintenant, elle a un certain nombre de responsabilités. Il y a un certain nombre de projets que nous voulions mettre en place, mais apparemment elles les abandonnent. Je les ai encore interrogés (sur les projets) au dernier conseil municipal, mais je suis resté sans réponse.
Nous avons interrogé Frank Buronfosse qui nous a déclaré : « Mme Fautra ne nous laisse pas la parole ». En tant qu’élu de l’opposition, avez-vous le droit à la parole ?
On a le droit à la parole. La preuve, j’ai pu m’exprimer lors du dernier débat concernant l’orientation budgétaire de la ville de Décines. Pour moi, il n’y a pas vraiment de choix clair au niveau de sa politique, on ne sait pas où on va. Je n’arrive pas à percevoir sa vision. À l’époque, nous avions des projets alternatifs pour cette ville tels que le Pôle Santé sur les friches situées à l’entrée Ouest de Décines. Nous avions également des projets urbains comme l’aménagement du centre-ville et la construction de berges sur le parc de Miribel-Jonage. Tous ces projets sont laissés à l’abandon. Encore une fois, je ne sais pas où elle va. C’est une ville de presque trente-mille habitants, c’est quand même quelque chose de sérieux, sur un territoire qui est en plein développement avec la métropole et qui bénéficie d’atouts non négligeables. On est quand même situé à dix-sept minutes en transport en commun de la Part-Dieu et de l’aéroport de Satolas. On a également à proximité le deuxième parc européen périurbain comme le parc de Miribel-Jonage. Cela mérite mieux que de dénigrer la gestion passée.
Pendant votre mandat, vous mettiez les gros clubs de Décines en avant tels que l’UGA (club de football présidé par Youri Djorkaeff), le Hand et le Basket. Lors de la nuit des sportifs 2015, nous avons constaté que ces clubs n’ont pas été récompensés. Pourquoi ne pas mettre plus de moyens dans les petites structures qui avec leurs résultats donnent une bonne image de cette ville ?
Ces petites structures n’ont pas été oubliées. En exemple, pour la boxe, j’ai tout fait pour qu’il y ait une salle. Ils ont également bénéficié d’un soutien financier de la part de la mairie (5 000 à 7 000 euros). Après, il y a des critères, comme le niveau sportif et l’image positive qui apportent à la ville de Décines. C’est normal de donner plus d’importance aux clubs de foot, de basket et de hand. Nous avions introduit également le critère du nombre de licenciés et qualitatif comme la politique de formation. À Décines, il y a quarante ou cinquante clubs, on n’a privilégié aucun club et tout le monde était sur le même pied d’égalité. Tout le monde est logé à la même enseigne en matière de sport.
Pour aller plus loin
DÉCINES — FRANK BURONFOSSE : « COLLOMB ET AULAS NOUS PRENNENT POUR DES PAYSANS »
Cher
Mr Sturla
J’apprends que 769 000 euros ont été dépensés pour la sculpture de Ugo Rondinone installée dans le parc de Miribel Jonage… et je me demande s’il n’aurait-il pas été possible de faire mieux avec cette somme.
Cette sculpture dont je vous joins l’image plus une autre a donc coûté respectivement 50 000 euros à la Région Rhône-Alpes, 240 000 à la Direction régionales des affaires culturelles de Rhône-Alpes et 479 000 au Syndicat propriétaire du Grand Parc (Symalim)… (On ne connaît pas le détail des sommes touchées par l’artiste et par les entreprises locales qui ont réalisé l’ouvrage.)
Je ne veux pas ici mettre en doute l’honnêteté du montage financier, ni la qualité artistique de l’œuvre de cet artiste international aux types d’expression très variées (voir image jointe d’un autre œuvre de Ugo Rondinone à la galerie Eva Presenhuber), mais simplement poser la question de savoir, si avec la même somme, il n’aurait pas été possible d’organiser un symposium avec une quinzaine de sculpteurs (de moindre notoriété, mais probablement d’une aussi grande qualité formelle) séléctionnés et invités a travailler ,de telle sorte qu’on obtienne un quinzaine de sculptures monumentales qu’il aurait été possible de répartir sur un « chemin de sculptures » au bord du lac, comme cela a été fait par de nombreuses villes.
Je pense aussi, qu’au-delà du meilleur rendement ou profit artistique qu’il y aurait eu à faire ce symposium, c’est l’art lui-même et les artistes dans leur diversité qui en auraient été les bénéficiaires en termes de juste reconnaissance et de soutien à leur travail… c’est aussi le public qui aurait eu beaucoup plus à voir et à aimer.
Voilà, cher Monsieur,j’avais à cœur de vous communiquer mes sentiments sur ce sujet
bel été malgré tout
Françoise Souchaud en colère