Le LBB s’associe à la commémoration de l’attentat contre le journal satyrique Charlie Hebdo, et au sentiment d’union nationale en ce jour de deuil. Et puisque certains voudraient qu’on la ferme, c’est le moment d’ouvrir sa gueule.
Le seul moment où nous garderons le silence ne dépassera pas la minute de recueillement pour les douze morts de la liberté d’expression froidement assassinés mercredi dernier. Passé ce délai, il va bien falloir dire les choses, et pour commencer, heureusement qu’il n’est pas pêché d’être con en religion. Car il s’agit avant tout de cela, la connerie humaine dans toute sa splendeur que de vouloir empêcher la moquerie. Les deux caricatures de combattants, véritables assassins de la pensée, nous l’ont prouvé hier encore.
Jeudi matin, nous nous sommes réveillés avec la gueule de bois. Mercredi matin, c’est l’incrédulité, la stupeur, la colère et la tristesse qui nous ont envahis. Puis, au fil de la journée, c’est la peine qui n’a cessé de croître à mesure que nous connaissions les victimes de cet horrible attentat : Charb, Cabu, Wollinski, Tignous, Bernard Maris… Ces têtes connues, ces visages familiers, ces dessinateurs que l’on connaissait depuis si longtemps qu’on avait l’impression qu’ils étaient des amis.
Mercredi soir, le Lyon Bondy Blog a participé, comme plusieurs milliers de personnes, au rassemblement place des Terreaux. Nous avons partagé ce moment de rassemblement, émouvant, triste mais aussi indigné.
Car c’est bien notre liberté qui a été ciblée. Liberté de penser pour commencer, en opposant des balles contre des mots, du sang contre de l’encre. Liberté d’expression ensuite, en voulant couvrir le son des mots par le fracas des rafales. La liberté de conscience, avec le droit au blasphème et celui d’être laïque pratiquant, comme le disait Cabu. Liberté de rire pour finir, en nous donnant l’envie de pleurer devant tant de stupidité, parce que des hommes sont morts, de rire.
Exercer la fonction de journaliste comporte, on le sait, des risques : on connaît les risques que prennent les reporters de guerre, lorsqu’ils couvrent des conflits. Un de nos journalistes le sait, lui qui s’est rendu pour nous à la frontière libanaise dans un camp de réfugiés syriens et qui s’est fait interroger un an plus tard par le Mossad au proche Orient.
Que cet attentat ait eu lieu en France, dans un journal, en plein cœur de Paris, nous confine au choc, à la peine, à l’ahurissement, et les qualificatifs sont nombreux.
Charb, Cabu, Wollinski, Tignous, Bernard Maris… et les autres victimes ont été tués par la bêtise et l’obscurantisme. Mercredi soir, la foule réunie place des Terreaux scandait à l’unisson pour la liberté d’expression. Nous, au LBB, avons toujours eu à cœur de défendre les valeurs du bien-vivre ensemble, de fraternité et de paix. Plus que jamais, nous formulons des vœux en ce sens. Plus que jamais, nous appelons au rassemblement plutôt qu’à l’opposition, à la solidarité, à l’entraide et au recueillement. Plus que jamais, il faut choisir le camp de la paix, de la raison et rendre hommage à l’esprit qui caractérise Charlie Hebdo : celui de la libre pensée. Dans ce sens, nous encourageons les Lyonnais à se rassembler dimanche pour une marche silencieuse, apolitique et dans le respect de tous. Nous espérons vous y retrouver.
Nous espérons avec force que la renaissance de Charlie Hebdo n’en sera que plus forte.
En cette journée de deuil national, nous nous associons à la douleur des proches des victimes et leur formulons nos condoléances les plus sincères.
Restons des citoyens libres et unis devant la menace pour ne pas être « libérés » de notre citoyenneté.
L‘ensemble de la rédaction du Lyon Bondy Blog