Les boulistes chibanis fleurissent dans les quartiers

« Oh ! Tu tires ou tu pointes ? », expression que se sont rapidement appropriés les nombreux « anciens », immigrés de la première génération, qui désormais envahissent les terrains de pétanque.

Exit l’image d’Épinal du bouliste, avec son béret et son accent du sud de la France. Le nouveau roi de la pétanque est parfois d’origine maghrébine ou portugaise et maîtrise de mieux en mieux l’art de la « doublette ». Malgré tout, leur panoplie n’est guère différente : l’indispensable besace remplie de ces précieuses petites boules continue à se balancer au gré des mouvements de son porteur jusqu’au fameux terrain. Le petit chiffon, indispensable entre les différentes parties, permet au joueur d’essuyer les traces de poussières indésirables. Et enfin, le cochonnet, petite boule en bois qui ouvre le jeu. Maintenant, place aux joueurs !

15 h, la pause-café est terminée, les affaires sérieuses commencent. On ne rigole pas avec la pétanque. Le soleil a suffisamment réchauffé la place, Les joueurs peuvent faire leur entrée : les habitués ont entre 55 ans et 86 ans pour le plus vaillant d’entre eux. Ils ont pour particularité d’être issus de la première vague d’immigration : Algérie, Italie ou autres. Ces parties de jeux permettent un échange et une réelle mixité au sein de la population. La différence n’existe plus, seule l’habileté du joueur est mise en avant. L’un d’eux m’avoue même que le plus agile s’avère être un asiatique appelé communément « le Chinois ».

« On vient jouer aux boules pour faire passer le temps. La journée est longue sans la pétanque. Ici, on discute avec les copains, on se raconte des blagues… » La pétanque est, comme on peut le voir, un jeu populaire et fédérateur. Qu’est-ce qui fait sa particularité ?

Petit retour incontournable sur les origines de la pétanque : l’intérêt pour ce jeu a été relayé à travers les écrits de Marcel Pagnol qui décrit une partie de pétanque à Marseille. Cependant, l’origine du jeu de boule remonte à l’Antiquité. Les Grecs s’en servaient dans leurs gymnases comme exercice de force. Quant aux Romains, ils en firent un jeu d’adresse et l’introduisirent en France lors de la conquête des Gaules.

Juin 1910 : L’appellation « pétanque » naît au cours d’une partie disputée à La Ciotat. Un certain Ernest Pitiot permit à un ami, Jules le Noir, pris de rhumatismes, de jouer sans se déplacer, les pieds « tanqués » dans un cercle tracé sur le sol à 2 ou 3 mètres du cochonnet. Cette contraction du provençal, « pé tanco » (« pieds » et « pieu pour fixer quelque chose »), a donné le nom à ce sport. La pétanque a traversé les siècles et les outils du jeu ont subis plusieurs transformations pour devenir les boules que nous connaissons aujourd’hui. Cependant les principes du jeu n’ont pas pris une ride.

Vers 1920, les premières boules furent fabriquées et lancées sur le marché : Jean Blanc en est l’inventeur attitré. Il eut l’idée de remplacer les anciennes boules en bois par des boulles métalliques. 1955 : un fabricant de serrures, Frédéric Bayet, et son ami Antoine Dupuy, créèrent les premières boules en acier sous le nom « Obut ». Ces deux marques restent parmi les plus connus. Puis, s’en suivit une amélioration constante dans la fabrication des boules.

Retour sur le terrain. Les parties s’enchaînent au rythme des boules qui claquent. Les moins téméraires, eux, se contentent d’observer le déroulement du jeu, assis sur les bancs qui encerclent tout le tour du terrain. Cependant, les commentaires vont bon train et on se demande lequel va finir par sortir gagnant.

Nassira Grairi

La rédaction

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