TCL : l’arnaque périphérique

N’ayant toujours pas acquitté sa redevance de mobilité motorisée (le permis de conduire), Mbarka est contrainte de circuler avec les moyens du bord, à savoir les Transports en Commun Lyonnais, TCL pour les intimes. Boires et déboires autour de Bron et Saint-Priest.

 tcl_meilleur_reseau500_1_tBien que je doive parfois reconnaitre la praticité de  ce moyen de transport, j’avoue que, comme les médias qui couvrent les banlieues et les minorités super visibles, j’accorde plus d’importance à ce qui ne va pas qu’à ce qui va bien. J’ai été bien formée.

Je ne suis pas une lyonnaise de souche à proprement parler. Je me situe quelque part dans la couronne d’agglomérations qui ceinture Lyon, dans le lieu le plus improbable qui soit : les Unités de Construction, « UC » dans le milieu. Un amas de blocs coincé entre le parc de Parilly et l’ autoroute A43. La nature verdoyante d’un côté, le bruit et la pollution de l’autre.

Bref, tout cela pour dire qu’en réalité je suis, génétiquement parlant, une banlieusarde. Oui, j’ai bien écrit « génétiquement », vous ne rêvez pas. Eh oui, il y a une constante dans ma vie, une sorte d’héritage qui se transmet de père en fille : la résidence périphérique de laquelle je n’arrive pas à me dépêtrer. Mais passons sur cela, ce n’est pas mon propos aujourd’hui bien que le fait d’être du bas-côté ait son importance concernant ma mobilité, car c’est bien de ma mobilité qu’il s’agit ici.

Habitant à Bron, je travaille sur Saint-Priest. A priori pas de quoi casser trois pattes à un canard : ce n’est pas le bout du monde notamment grâce à la ligne T2 qui raccorde ces deux cités voisines. Cette ligne est une mascarade selon moi. Je ne trouve pas d’autre mot pour qualifier la façon dont les TCL et plus précisément le SYTRAL qui gère l’exploitation du réseau arrivent au final à insuffler un sentiment de mépris à ses clients, notamment ses clients habitant la périphérie… Habitants qui sont de moins en moins patients à en juger par exemple par la dernière attaque contre un chauffeur perpétrée par un usager vaudais mécontent du retard du bus (source Lyon capitale.fr).

Pour se rendre compte de la chose il faut se mettre à la place d’un usager de cette  dont le panel est  extrêmement  large et varié. Ce panel non seulement compte sur les TCL mais en dépend. C’est là tout le problème.

Le trajet domicile-travail : une angoisse

Je ne travaille pas si loin que cela de mon domicile et malgré mes efforts pour sortir de chez moi plus tôt, il m’arrive fréquemment de rater mon bus…aussi parce qu’il passe à l’avance ! Le suivant arrivant en retard je vous laisse vous faire un tableau de la situation. Cette situation est extrêmement incroyable si l’on prend en considération le fait que mon arrêt de bus est desservi par 4 lignes de bus ! Et pourtant j’ai pu constater à maintes reprises que si on ratait un bus, il n’était pas sûr que l’on en voie un venir dans des délais acceptables par la suite…Il n’y aurait pas tant de problèmes si je n’avais pas à prendre une correspondance avec le Tramway (T2 en direction de Saint-Priest).

« T’as qu’à sortir plus tôt ! » m’entends-je répéter à longueur de temps. Plus tôt que quoi ?  Plus tôt qu’une heure à l’avance pour la porte à coté ? Sortir plus tôt revient à se réveiller plus tôt pour effectuer de longues journées… Une fois rentrée, ma vie d’étudiante m’attend. Aller au boulot relève pour moi du sport à haut niveau : je suis fatiguée avant même d’avoir commencé ma journée car je dois littéralement courir après mes correspondances…

Le plus violent pour moi reste les remarques de mes supérieurs hiérarchiques concernant mes retards. Malgré tout, je ne cumule pas tant que cela les arrivées catastrophes mais comme partout, les patrons font des fixettes plutôt sur ce qui ne va pas que sur ce qui va. Eux aussi ont été bien formés. Les fois où je suis réellement fautive restent rares. C’est donc  ainsi que tous les matins, mon trajet domicile-travail se mue en une véritable angoisse.

Les dysfonctionnements du réseau local Bron/Saint-Priest : un cumul

Pour commencer il est bon de mentionner l’incohérence entre les horaires de passage des bus  que l’on trouve sur le site internet des TCL et les horaires affichés à l’arrêt de bus. Lequel prendre en considération ? Un vrai casse-tête auquel même les chauffeurs n’ont pas de réponse puisqu’une fois, l’un d’entre eux m’avoua devant mon mécontentement, qu’eux aussi possédaient des horaires qui ne correspondaient ni à internet, ni à l’affichage abribus !

Ensuite, sur certaines tranches horaires parfois stratégiques, on peut parfois constater que tous les bus passent à peu près à la même heure. Nous aurions plus l’impression d’être mieux desservis si les passages étaient mieux répartis dans l’heure. Elémentaire mon cher Watson !

Les retards atteignent des records en ce moment. Par exemple samedi dernier, le 26 en direction de Bachut sensé passer à 11h29 arrive tranquillement à 11h39 à mon arrêt. Pourtant toutes les personnes présentes à l’arrêt attendent depuis plus de 10 minutes. Le monsieur à coté de moi me précise « ça fait plus d’un quart d’heure que je suis là et y’a aucun bus qui est passé ! ». Le seul qui arrive est en retard : ceci vous laisse présager de l’ambiance du week-end à l’abribus. Les simples déplacements de proximité peuvent vous prendre une demi-heure de votre temps…

Les nombreux travaux, dont celui conséquent qui a visé à la destruction de l’autopont de Mermoz, ont conduit à la mise en place de déviations des toutes les lignes qui passaient autrefois par là, rallongeant considérablement les trajets et favorisant par là-même plus de retards, notamment parce que les conditions de circulation ont changé. C’est sans compter le déplacement des arrêts de bus dont l’accès peut prendre du temps, les distances à pied n’étant pas anodines.

Enfin, il est de bon ton de relancer l’affaire T2 et de ce que j’appelle le « trou de l’Université Lumière ». En effet, il y a une réelle injustice dans la manière dont sont dispatchés les tramways le matin créant ainsi un désert autour des arrêts desservant l’Université de Bron en direction de Saint-Priest (zoomez sur les photos ci-dessous). Il n’y donc pas en réalité d’alimentation homogène par le T2 dans les deux sens.

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Tout cela c’est bien entendu sans compter la non correspondance des liaisons bus-tramway qui là aussi relèvent du bon vouloir du hasard surtout lorsque les bus ne respectent pas leurs horaires. Au final, une fois à votre arrêt de bus le matin, vous ne savez pas vraiment de quelle manière vous allez finir par vous rendre sur votre lieu de travail.

 

Des dysfonctionnements qui mettent les usagers sous tension

Les anomalies liées à l’exploitation du réseau arrivent à provoquer des situations quelques peu incongrues qui, mises bout à bout, finissent par exaspérer autant les usagers que le personnel TCL. Une loi des séries en quelque sorte. Voici quelques exemples concrets que j’ai pu moi-même expérimenter ou dont j’ai été témoin.

Il y a quelques années de cela, j’ai raté un des rendez-vous  important  (mais surtout postiche)  de l’ANPE de l’époque. Un seul bus était alors susceptible de me mener à l’ANPE de Bron qui, situé en plein no man’s land est très mal desservi par les TCL. Vingt minutes de retard. Oui, j’ai bien dit 20 minutes et sans aucune autre solution de rechange…Lorsque je suis arrivée, la conseillère m’annonce qu’elle allait me radier. J’ai du adopter une attitude menaçante pour l’en dissuader, chose que je déteste car cela me renvoie une image de moi-même que je n’apprécie pas. Nécessité fait loi à ce qu’on dit.

Il serait intéressant de revenir sur un sujet souvent invoqué pour dire combien les utilisateurs des transports en commun peuvent être désagréables avec les chauffeurs et autres agents : l’impolitesse. Pas de bonjour ni merci, pas même un regard ! Or les conducteurs aussi ont parfois la même éducation que certains de leurs passagers  les moins exemplaires…A titre personnel, je me suis pris des vents incroyables …La tempête Xinthia  ce n’était rien à côté mais ce n’est pas le pire.

Les retards peuvent être vécus différemment selon les usagers et les situations mais sérieusement, qui a envie de dire « bonjour » aimablement au chauffeur qui arrive avec un retard beaucoup trop important quand vous risquez de commencer votre journée avec une réflexion négative de votre patron ?

Le rapport avec les conducteurs et autres employés des transports en commun deviennent de plus en plus tendus notamment parce qu’il existe un sentiment de non communication ou plutôt de non possibilité de communication et parfois un gros manque de compréhension. Pourquoi certains conducteurs refusent de laisser monter une personne dans le bus alors qu’il n’a pas encore quitté son arrêt ? Pourquoi ne peut-on parfois pas faire de simples remarques à ces mêmes conducteurs sans qu’ils nous brandissent dans toutes les situations, même celles qui ne sont pas tendues à la base : « si vous avez des réclamations, il faut écrire au siège… ». Vous demandez l’arrêt ? Vous avez beau expliquer que le bouton n’a pas fonctionné, vous vous faites carrément engueuler par le conducteur qui ne vous laissera descendre qu’au prochain arrêt…

Du coté des chauffeurs de bus, d’après mes longues conversations avec certains d’entre eux sur différents secteurs (Vaulx, Vénissieux, Décines) cela s’explique aussi par la pression que leur mettent leurs supérieurs hiérarchiques beaucoup plus préoccupés par le rendement que par les réalités du terrain. Selon certains, le refus de renforcer les lignes en termes de bus sortant du dépôt dans certains cas conduit à ses situations qui finissent par retomber directement sur eux.
 

Du coté des usagers, il nous arrive fréquemment d’assister aux conséquences de cette ignorance de la réalité du terrain : blocage des affichages digitaux qui annoncent le temps d’attente et les arrivées proches des bus et tramway (ainsi un bus peut être « en approche » pendant 10 minutes !), suppression du passage des bus à certains arrêts qui font faire des boucles aux conducteurs ( j’ai assisté à la suppression de trois bus de la ligne 81 en direction de Laurent Bonnevay à l’arrêt Porte des Alpes il y a quelques semaines par exemple). Parfois les conducteurs prennent des initiatives comme refuser de prendre des passagers en cas de retard prononcé et ce même si le client lui fait de grands signes (j’insiste là-dessus) ou encore comme cela s’est produit récemment le 26 direction Bachut qui ignore l’arrêt Porte des Alpes en se détournant de sa propre initiative  sans qu’aucun usager qui attende à cet arrêt  ne soit mis au courant et en dehors des horaires où effectivement il est prévu qu’il le fasse en cas de circulation surchargée.

Les usagers ont donc clairement l’impression, et ce à forte raison,  qu’on les tourne en bourrique.

La dépendance aux transports en commun ou le renoncement aux déplacements

Paradoxalement, les TCL  échouent là où ils devraient nous rendre plus mobiles, nous les habitants de l’agglomération, n’en déplaise à leur pseudo charte de qualité. Il est, en ce qui me concerne, parfois impossible de développer une vie sociale en centre-ville, là où quasiment tout se passe… Combien d’évènement ai-je raté faute de bus ? Attraper une séance de cinéma relève parfois du coup de chance. Mes amis parfois m’en veulent et finissent par ne plus m’inclure dans leurs sorties de soirée…

Ainsi, les habitants  des périphéries hésitent parfois à s’accorder du temps en dehors de leur secteur, et comme la plupart du temps il n’y a pas grand-chose pour se distraire, ils finissent  par ne rien faire. La perspective d’un long retour conduit bien souvent à renoncer à se déplacer.

D’autre part, l’inégalité en termes de fréquence de passage des bus est aussi frappante qu’elle en est ridicule. En effet, il vous suffit de comparer la fréquence des bus en centre-ville (importante) et celle des lignes de banlieues (avec parfois 2 bus dans l’heure)…De plus en ville, les arrêts sont très proches les uns des autres alors que dans les périphéries ils peuvent être assez éloignés, réduisant ainsi les possibilités de solutions de rechanges…

Alors plutôt que de galérer dans les transports, il n’est pas rare de tout simplement renoncer à se déplacer. Tout ceci vient évidemment mettre à mal les volontés politiques de faciliter les déplacements centre/périphérie afin de favoriser la mixité sociale. Ce genre de chose est possible quand on a le temps de le faire (et encore), car lorsque l’on vient d’essuyer une dure journée de travail, encore faut-il avoir le courage de descendre en ville…

Pas sûr qu’avec le temps les choses s’arrangent, du moins pour mon quartier de Bron. En effet, d’après le restructuration du réseau par le Sytral, le tout nouveau réseau réadapté qui sera mis en place dès septembre 2011, ne prévoit plus que le passage de 2 lignes de bus au lieu des 4 actuelles sur tout le secteur des UC…Si les habitants ne se mobilisent pas rapidement, les difficultés ne vont aller qu’en augmentant.

Auteur : Mbarka Ben Haj Mohamed

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

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Une réflexion sur « TCL : l’arnaque périphérique »

  1. C tt a fait vrai et pas qu’en balieu. Hier j attendais le 60, qui etait en retard, je filme la fleche et les bus je vois debarquer un 68, j’avance, du fait que je film tu les bus de mette aux arrêt je ne retourne et je 68 etait devenu un 60 que j’ai rate.

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