A la découverte de la fondation l’Arche de Noé

David Bohn, animateur et bien d’autres choses encore au sein de l’Arche de Noé, nous dresse le portrait de cette fondation créée par l’Armée du Salut dans un cadre socio culturel, sorte de centre social aux activités diverses accessibles aux jeunes, aux familles.

Depuis 1994, dans le cadre de la Politique de la ville, l’Armée du Salut décida d’implanter cette structure au sein d’un quartier historiquement cosmopolite à une époque où le manque cruel d’initiatives de ce genre se faisait sentir.

Je rencontre David Bohn au sein des locaux de l’Arche de Noé situés en plein quartier de la Guillotière en face de l’Eglise Saint André.

Il me reçoit très amicalement dans son bureau, et je m’installe sur l’une des deux chaises en carton, confectionnées soigneusement par les jeunes du centre : « ça surprend toujours au début » me prévient-il, mais je trouve l’idée originale et m’assois avec curiosité sur ces drôles de sièges qui n’ont rien à envier aux mobilier de chez nos amis suédois !

Il commence par me préciser le cadre d’action de la fondation : « l’Arche de Noé, malgré son intitulé se veut totalement laïque. Il ne s’agit pas d’une fondation à but uniquement social. »

« Avec l’armée du Salut, on a soit l’image du sans abri soit l’image chrétienne. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre. »

Situé à proximité de la Place du Pont qui enregistrait des besoins insistants des familles, l’Armée du Salut n’a pas décidé d’installer l’Arche de Noé ici par hasard : « l’officier en charge qui est venu à l’époque s’est rendu compte de la difficulté des familles. Au début, cela se résumait en un soutien scolaire pour ceux qui en avaient besoin, et des colis alimentaires. » Se rendant compte du nombre important  d’enfants en  demande, l’accompagnement à la scolarité s’est développé rapidement, permettant aussi à certains de partir en vacances : « on s’est progressivement transformé en centre de loisirs en se détachant de l’aide alimentaire ».

Le centre se veut un lien privilégié entre les parents et les enfants, sorte de passerelle et d’aide à l’épanouissement à un âge où rien n’a d’importance mais où tout est important : « l’Arche de Noé, aujourd’hui, ce sont trois secteurs d’activités : celui des familles, celui des jeunes, et de l’enfance ». La relation avec les parents a également son cadre, connu sous le nom de « Ptit café ». « On y organise des discussions avec les parents sur des thèmes tels que la parentalité, les levées, la santé, la psychologie en présence d’un intervenant spécifique. »

L’action de la fondation se déroule ainsi avec la complicité étroite des parents qui le souhaitent. Mais cela reste avant tout un outil à destination des jeunes de 3 à 25 ans en moyenne.  « Nous avons un Secteur Enfance, avec des enfants de 3 à 12 ans, le mercredi principalement, avec des animateurs, des coordinateurs qui suscitent les envies, les activités sur lesquelles les enfants peuvent s’amuser. Un autre secteur, le Secteur Jeunes, qui est le mien et qui encadre la tranche d’âge de 12 à 25 ans, et enfin  un dernier Secteur Famille en collaboration avec les parents. »

Je m’intéresse ensuite aux retours que David Bohn et ses collègues reçoivent non seulement des parents mais bien évidemment aussi des premiers concernés, les jeunes du centre : « C’est difficile quand vous avez autant de monde sous votre responsabilité de contenter tout le monde. Il y a quelques années, certains sont venus nous demander de développer le foot en salle, et c’est ce que l’on a fait. On a même maintenant l’une des meilleures équipes de la région. Ensuite, tout est dans le compromis mais aussi le respect des règles du vivre ensemble car il en faut. On en parle avec ceux qui ont des souhaits différents et on s’adapte. Chacun a son caractère et faire le bonheur de tous est impossible, mais on s’y efforce un maximum. Et si on se trouve en situation de blocage avec quelqu’un, on l’oriente vers une autre structure qui lui sera peut-être mieux adapté. »

Je retiens cette phrase qui selon moi est caractéristique de l’état d’esprit qui règne au sein de la fondation. On cherche avant tout à comprendre ce qui se passe dans la tête d’un jeune un peu déboussolé, sans le contraindre à faire ce qu’il ne peut supporter, mais toujours en analysant la situation avec lucidité et dans un esprit d’aide et de support. Malgré tout, David Bohn me signale quelques dérapages inhérents à toute fondation de ce type, gérant des ados qui n’ont peut-être pas encore le recul nécessaire pour éviter une bagarre. « Il est même arrivé que je sépare un de nos jeunes avec un adulte de l’équipe d’en face ! ». Je me demande ce qui est le plus choquant entre un jeune qui se bat et un adulte qui se bat avec un jeune ?

J’insiste ensuite sur le caractère pédagogique de la fondation. Et j’apprends que non seulement les jeunes sont encadrés au sein d’activités extra scolaires de détente, de sport, de culture, mais on les accompagne également dans le processus qui les mènera vers la vie d’adulte et tout ce qu’elle comporte, « Vers les 20-25 ans, on les aide à trouver du travail, un logement, un stage, faire leur cv, on les met en relation avec des organismes qui peuvent les orienter, les aider à trouver plus facilement ce qu’ils recherchent ».

La pédagogie repose beaucoup sur le dialogue et il faut une certaine complicité pour engager un dialogue de manière libérée et confiante, surtout à cet âge-là. Dans ce sens, David Bohn me parle d’une pièce réservée aux discussions badines de la vie de tous les jours où chacun est libre de rester « rouiller ». Je me permets d’employer ce terme car la salle en question s’est fait baptiser « l’anti-rouille » ! Je pourrais aussi citer la salle Mao toute repeinte en rouge. Le principe de base, m’explique David, est tout simplement d’en faire un lieu de vie, où les jeunes du centre, mais de manière plus générale tous les jeunes qui le souhaitent, puissent se retrouver dans un endroit convivial, où ils ont leurs repères.

Quand on sait que l’inscription se fait à hauteur de 10 euros l’année pour toute la famille, plus les quelques activités qui demandent des contributions de 20 à 30 euros en moyenne, l’Arche de Noé reste une structure accessible pour la plupart des revenus moyens des familles nombreuses ou peu nombreuses, et un cadre sain où l’enfant ,dès le plus jeune âge, peut grandir encadré et soutenu par des gens compétents.

 

Auteur :  Vincent Conil

La rédaction

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