Rencontre avec Pascale Crozon, députée PS de la 6ème circonscription du Rhône en marge d’un vernissage organisé par l’association « France-Ethiopie », présidée par Shoki Alisaid. Nous revenons avec l’ancienne déléguée régionale chargée des droits des femmes sur la parité, la candidature aux législatives de 2017 de Najat Vallaud-Belkacem et sur la féminisation des instances sportives.
À l’Assemblée nationale, il n’y a que 151 femmes sur 577 députés. Comment peut-on faire pour arriver à la parité hommes-femmes dans cette institution ?
La meilleure chose serait de faire la proportionnelle, puisque c’est dans ce cadre-là que nous sommes arrivés à la parité dans les Régions et dans les conseils municipaux, et puis maintenant sous une autre forme, les conseils généraux. Dans ces conseils, les femmes représentaient 12 %. Aujourd’hui, elles sont 50 %. Ce qui est un progrès énorme. Je regrette vraiment qu’il n’y ait pas plus de femmes à l’Assemblée, car elles ont beaucoup de choses à apporter. La gauche a amené un contingent important et vous savez que depuis la dernière loi qui a été votée sur l’égalité hommes-femmes (lien), il y a une amende de l’État envers les partis politiques qui ne l’appliquent pas. Nous avons essayé de voir comment nous pouvions régler le problème de la parité. Avec le vote à la proportionnelle, nous avons plus que doublé le nombre de femmes. Est-ce que ce sera une bonne chose et est-ce que cela règlera le problème ? Je ne sais pas. Dès qu’il s’agit d’argent, et surtout pour l’UMP qui a perdu beaucoup d’argent dans cette affaire-là, peut-être feront-ils un pas en avant ? C’est quand même les partis politiques qui sont responsables de cette affaire. Je pense qu’à l’avenir, ils seront plus raisonnables pour respecter la parité au sein de leur groupe parlementaire. Au contraire des hommes, les femmes sont très actives à l’Assemblée nationale. Vous regarderez sur les rangs de cette institution, la nuit, elles sont très présentes, elles ont beaucoup de choses à dire et je trouve qu’il y a, et je ne suis pas la seule à le dire, une autre ambiance. Sur la loi sur l’interruption de la grossesse soutenue par Simone Weil, trois femmes étaient présentes pour la voter. Encore une fois, sur des questions adressées aux femmes, ce sont les hommes qui décident. Au contraire de l’Assemblée nationale, le Sénat a un fait un bond en avant sur cette question.
Pour les législatives 2017, Najat Vallaud-Belkacem (Ministre de l’éducation Nationale) devrait être candidate. La ville de Villeurbanne laisse sa place de député aux femmes, est-ce une bonne chose ?
Moi j’ai annoncé depuis plusieurs semaines que je ne serais pas candidate pour les législatives. Avec le maire et le secrétaire de section du parti socialiste, nous avons décidé en commun que la meilleure candidate serait Mme Vallaud-Belkacem, et qu’il fallait préparer l’avenir. Je connaissais bien Najat, elle ne voulait plus se présenter à Lyon — pour les raisons que vous savez — et la voyant réussir pleinement au niveau du gouvernement, on s’est dit que nous allions prendre contact avec elle. Elle a trouvé une place ici en sachant que tout le monde était d’accord. Il faudra que la section vote, mais cela ne devrait pas poser de problème. Je crois que tout le monde est content de la voir arriver et sa réussite au gouvernement le prouve. Elle a également fait un énorme travail sur la parité hommes-femmes, je m’en réjouis.
La convention Brighton-Helsinki a été signée entre Thierry Braillard (secrétaire d’État aux sports) et Pascale Boistard (secrétaire d’État aux droits des femmes), concernant la féminisation des instances sportives en France. Seulement deux femmes sont présidentes de fédérations sportives, ce n’est pas une honte pour la France ?
Une honte, je ne sais pas. Il faut dire aussi aux femmes d’y aller. Ce n’est pas toujours évident quand on est dans un milieu plutôt masculin qui veut garder le pouvoir. Soyons clairs, c’est une histoire de pouvoir. Les femmes savent très bien que si elles ne participent pas aux instances dirigeantes, elles n’ont aucune possibilité de peser sur les décisions qui sont prises. À partir de là, effectivement, il faut que les femmes s’impliquent. Ce ne sera pas pour tout de suite, car cela demande du temps. Je milite depuis un certain nombre d’années au niveau du droit des femmes et je me rends compte que pour arriver à l’égalité, il faut toujours passer par des lois. Parce que le pouvoir ne veut pas être partagé. Les hommes qui l’ont ne le partagent pas. Il faut qu’elles soient volontaires, qu’elles aillent de l’avant. J’ai encore entendu à propos d’un poste de conseillère proposé à une femme, cette dernière disait : « Est-ce que je serais capable ? » C’est marrant, car les hommes ne se posent jamais ces questions. Ils y vont tout de suite.