Municipales 2014 : « Nous sommes en tête de toutes les villes de l’agglomération » : Interview de Jean-Paul Bret

6DSC07476Que pensez-vous du projet Lyon Métropole ? Quel est l’intérêt, selon vous, pour Villeurbanne d’intégrer cette métropole ?

C’est complexe mais ce n’est pas une question d’intérêt : c‘est la loi, elle est votée, donc en 2015 la communauté urbaine deviendra métropole.

Pourtant, certains craignent que Villeurbanne soit fondu dans cette métropole et perde son identité.

Moi je ne le crains pas mais c’est une préoccupation que nous devons avoir. Personnellement, je n’aborde pas cette question de métropole en recul dans la situation d’une forteresse assiégée. La raison d’être de cette métropole c’est de devenir un échelon qui va regrouper ce qui est exercé aujourd’hui par le conseil général : notamment les questions sociales sur le territoire de la communauté urbaine et les compétences du Grand Lyon.

C’est une bonne chose puisque l’urbanité, si je puis dire en parlant de la communauté urbaine, induit un certain nombre de chose que le Conseil Général, plus rural de part son histoire, avait du mal auparavant à appréhender. En effet, dans sa majorité le fait rural y avait une place un peu disproportionnée par rapport au fait démographie et il y avait donc une attention aux phénomènes urbains qui n’était pas forcement la meilleure.

Il ne faudrait cependant pas que la métropole devienne une grande structure technocratique à l’instar de la communauté urbaine. C’est pourquoi la pratique va être plus essentielle que la loi. Il ne faudrait pas voir apparaître un échelon très technocratique qui nous éloigne de la proximité. Je pense qu’il y a des choix qui doivent continuer à être assumés dans les territoires. C’est facile pour Villeurbanne parce qu’on est une grande ville mais je pense aussi à des communes plus petites qui peuvent avoir une histoire et une identité comme le Val de Saône par exemple.

Pour être un progrès la métropole doit être l’occasion de faire mieux et non pas de technocratiser les choses. Il faut une plus-value et elle n’est possible que si les territoires qui la composent puissent exprimer leur savoir, leur identité, leur potentialité. Mais il faut faire attention à l’allégresse métropolitaine, à une certaine vision lénifiante qui a pu être donné sur la métropole. On avait l’impression qu’avec elle on allait passer de l’ombre à la lumière. Je comprends que les promoteurs soutiennent leur projet avec des arguments un peu communicants mais ce n’est pas parce qu’on va passer à la métropole que nos problèmes seront réglés.

Êtes-vous optimiste pour l’avenir de la métropole ?

Je suis volontaire. Il y en a qui disent que c’est le pessimisme qui crée la volonté, j’aime bien cette formule. Je suis donc volontairement pessimiste pour pouvoir être optimiste.

Avec cette métropole n’y a-t-il pas un risque de rapport de force entre le maire de Villeurbanne et le maire de Lyon quels qu’ils soient ?

Si bien sûr, il y a forcement une situation de rapport de force. Mais le législateur et le Conseil constitutionnel ont été sage puisqu’en 2020 il n’y aura plus la possibilité pour le maire de Lyon, comme pour le maire de Villeurbanne, d’être le président de la métropole. On ne pourra pas être maire et président d’une collectivité locale puisque la métropole deviendra une collectivité locale à part entière. Avant le Grand Lyon était un EPCI. La communauté urbaine avait déjà beaucoup de compétence en matière d’urbanisme et de déplacement, on est déjà dans une agglomération très intégrée et cela s’est fait progressivement. Le passage vers la métropole n’est pas, a priori, une révolution, en dehors des compétences du Conseil général qui sont importantes.

En terme de rapport de force, depuis que la communauté urbaine existe, le maire de Lyon a toujours été le président de la métropole. C’est le cas de Gérard Collomb, ça l’a été avec Michel Noir, avec Barre, Pradel et avec Francisque Collomb. Ce système, qui a été un peu émanant, il faut en sortir. Le débat sur la métropole a été aussi l’occasion pour moi de regarder un peu ce qui se passe ailleurs en France. Mais aussi en Europe où il y a de grandes métropoles. Dans la quasi totalité des cas en Europe, les métropoles ne sont pas présidées par le maire de la plus grande ville. Cela montre qu’il y a des équilibres à trouver. Nous sommes dans un système où on a tendance à centraliser.

La rédaction

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