La Croix Bleue 139 ans de lutte contre les addictions

Les addictions en France représentent un réel problème de santé publique. Chaque année, on dénombre près de 100 000 décès liés à une dépendance. Quant au coût social, il atteint près de 270 milliards d’euros par an. Pour lutter contre les pratiques addictives, l’association la Croix Bleue milite au quotidien pour aider des addicts à sortir de leur dépendance. 

Association Suisse fondée en 1877, La Croix Bleue apparaît en France dès 1883. Avec pour ambition de venir en aide aux personnes dépendantes à l’alcool et à leur entourage. 139 ans plus tard l’association a évolué et se penche aujourd’hui sur la plupart des addictions possibles. « On aide les gens à sortir de leur addiction. Avant c’était uniquement pour arrêter l’alcool. Finalement, on a constaté que l’accompagnement était le même pour toutes les addictions. Aujourd’hui les personnes peuvent venir pour tous types de dépendances, mais cela reste principalement pour l’alcool. », détaille Marie Constancias, présidente nationale de La Croix Bleue.

En 2015, le coût social des addictions s’élevait à 250 milliards d’euros par an, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Si aujourd’hui, La Croix Bleue vise toutes les addictions possibles, l’alcool reste la problématique la plus récurrente. Une expertise collective réalisée par l’IRSEM parut en 2021, chiffrait le coût social de l’alcool à 118 milliards d’euros par an. Plus qu’un coût financier, l’impact en matière de santé publique est colossal. D’après le rapport de l’IRSEM, la consommation d’alcool est responsable d’environ 41 000 décès par an (30 000 hommes et 11 000 femmes). Quant aux addictions au sens large, elles représentent près de 100 000 morts par an selon le ministère de la Santé et de la Prévention.

Actuellement, les quelque 1 300 bénévoles de La Croix Bleue accompagnent près de 12 000 personnes en France, dans plus de 70 lieux d’accueil. Des addicts qui n’ont pas vraiment de profil-type. « Cela va du médecin à celui qui dort dans la rue. Il n’y a pas de profil, c’est ça qui est intéressant. », rapporte Marie Constancias. Cela reste malgré tout un public relativement âgé, les jeunes n’étant que très peu présents dans ce type d’association.

Pour venir en aide aux personnes en proie à une addiction, La Croix Bleue dispose de plusieurs méthodes dont la principale est l’organisation de groupes de parole. Des temps qui permettent aux addicts « de trouver des solutions avec d’autres personnes qui sont, elles-mêmes, sorties d’une addiction. », explique la présidente de l’association. En effet, la plupart des membres bénévoles de La Croix Bleue sont d’anciens alcoolo-dépendants ou des personnes issues de leur entourage.

La Croix Bleue est membre de la CAMERUP et a participé au dernier colloque de la coordination. Crédit : Inès Pallot

« On n’a ni le temps, ni les moyens »

En plus d’actions directes La Croix Bleue porte un message politique. Aujourd’hui, les revendications sont portées par la  CAMERUP (Coordination des Associations et Mouvements d’Entraide Reconnus d’Utilité Publique de France) [NDLR : Coordination de plusieurs associations en lien avec la lutte contre les pratiques addictives, dont La Croix Bleue fait partie]. Ainsi lors de la campagne présidentielle, la coordination d’associations a publié un plaidoyer politique à l’attention des candidats. Pour autant, ils n’ont obtenu aucune réponse. Un regret pour l’ensemble des associations membres de la CAMERUP.

Conscient de leur manque de visibilité, il est difficile pour La Croix Bleue et les autres associations de la coordination de mettre en place une forme de lobbying, comme le témoigne Marie Constancias : « On aimerait pouvoir en faire, mais on n’a ni le temps, ni les moyens ». Face à eux, les lobbys de l’alcool ne lésinent pas sur les moyens de communication.

Il est socialement difficile de dire non à l’alcool

Marie Constancias, présidente nationale de La Croix Bleue. Crédit Inès Pallot

Concernant la question de l’omniprésence de l’alcool dans notre société. En 2020, l’agence nationale de santé publique expliquait : « Bien que le volume global d’alcool pur consommé en France (11,7 litres par habitant de 15 ans et plus en 2017) soit en diminution depuis les années 1960, essentiellement en raison de la baisse de la consommation quotidienne de vin, la France reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au sixième rang parmi les 34 pays de l’OCDE. », témoignant de la forte présence de l’alcool dans le quotidien des français.

Dans ces conditions, refuser un verre est parfois difficile. Pourtant, de nombreuses personnes sont non-buveur et certains témoignent d’une pression sociale comme le rapportait Le Temps en 2019. Un constat déjà établi en 1874 par Louis-Lucien Rochat, fondateur de la Croix Bleue, qui déclarait « l’obstacle à l’abstinence est d’ordre social ». Une pression sociale qui touche particulièrement la jeunesse, « les jeunes ont cette difficulté à dire non à l’alcool. Pourtant, on peut faire la fête sans. », explique la présidente de La Croix Bleue.

Une association vieillissante

« On est une population vieillissante. C’est-à-dire que toutes les associations, que ça soit de santé ou même de sport, ont du mal à recruter. À La Croix Bleue encore plus. {…}  Les gens ne s’investissent pas ou que très peu. », déplore Marie Constancias. Un constat qui rend leurs missions d’autant plus compliquées par manque de bénévoles, mais surtout par l’absence de jeunes. Évoquées dans un précédent article, les associations de lutte contre les addictions cherchent à mobiliser la jeunesse.

Léo Ballery

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Lutte contre les addictions. Episode 1 : Un problème social, sanitaire et médical – (lyonbondyblog.fr)

Lutte contre les addictions. Episode 2 : « On a besoin de travailler en réseau » – (lyonbondyblog.fr)

Lutte contre les addictions. Episode 3 : Mobiliser la jeunesse – (lyonbondyblog.fr)

Lutte contre les addictions. Episode 4 : Prison et addiction un mauvais mélange – (lyonbondyblog.fr)

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