Il y a 232 ans, la fête de la fédération fait son entrée dans le quotidien des français

Si le 14 juillet est instauré en tant que fête nationale seulement le 6 juillet 1880, son origine est beaucoup plus ancienne et doit revenir au fondement de la Révolution française et une date symbolique : le 14 juillet 1790 où la célébration de la fête de la fédération.

Quand on parle de fête nationale, on pense 14 juillet comme étant la fête qui célèbre la prise de la Bastille et la fin du pouvoir monarchiste. Pourtant, ce n’est pas exactement cela qui est célébré le 14 juillet 1790 soit un an après cet événement qui fit basculer le pouvoir en France. À cette époque, la France est encore en pleine révolution. Pourtant, il y a comme un temps où la guerre semble être en suspens et où tous les Français semblent vouloir se retrouver. Le Champ-de-Mars, qui s’étend à l’époque de l’école militaire de Paris à la Seine va être le théâtre de la première fête de la fédération. Cette initiative doit venir célébrer de manière monumentale l’acte fondateur de la Révolution française.

Une opération rendu possible des le mois de juin de la même année grâce à l’Assemblée Constituante. Cette dernière veut une représentation magistrale. Et c’est avec cet objectif qu’en moins de trois semaines 30 rangées sont établi sur ce fameux Champ-de-Mars. Un amphithéâtre doit même être mis en place pour accueillir les corps constitués. Cet aménagement devrait contenir un dais, capable d’accueillir les députés de l’Assemblée, mais également la famille royale. En avant de cette tribune devrait se trouver deux sièges identiques : l’un pour accueillir le président de l’Assemblée, l’autre pour accueillir le Roi.

En plus de ces premières constructions, un Arc de triomphe est dessiné au bord de la Seine. Un monticule doit également être aménagé pour y placer l’autel de la patrie. Pour cette réalisation, ce n’est pas moins de 1200 personnes qui sont employés pour réaliser ce défi. Un nombre insuffisant puisque les Parisiens vont venir les aider. « Chacun voulait prendre part à cette réalisation exceptionnelle. Bourgeois, ouvrier, chartreux et religieux, militaire, homme et femmes de différentes couches de la société » Explique le journaliste et historien Jean Ethèvenaux.

Aux origines de la fête

Si un personnage est à l’origine de cette fête, c’est bien Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Alors évêque d’Autun, il rallit le camp révolutionnaire. C’est dans cette posture qu’il conseil aux néo députés de l’assemblé de s’emparer des biens du clergé estimés à l’époque à trois milliards de livres. Une somme qui devrait servir à renflouer les caisses de l’état, appauvri par la révolution. En contrepartie, l’État se charge des frais du culte et de la rémunération du clergé. La Constitution civile du clergé est encore dans un état de gestation. C’est donc dans ce climat que l’Assemblée Constituante vote une réforme administrative importante : la France est désormais divisée en 83 départements, de tailles sensiblement égales. 

Un détachement nécessaire du fait des troubles et des révoltes des provinces qui secouent le pays. C’est alors que les patriotes décident de se lier fraternellement dans les villages, villes et autres départements. « C’est quelque chose d’important qui montre le passage de la structure politique de l’Ancien Régime à la structure politique de la France moderne avec la création de 83 départements créés justement au début de la révolution » raconte Jean Ethèvenaux. Ces groupes prennent alors le nom de fédérations. C’est alors que le 5 juin, Jean Sylvain Baily maire de Paris,  propose à l’Assemblé d’organiser une fête de la fédération. « Il s’agissait de montrer que, venus de tous les coins de France, les citoyens étaient néanmoins unis par un, une sorte de lien fédéral.» Continue Jean Ethèvenaux.

Pour participer, les délégués de gardes nationales sont conviés à Paris. Au total, ce ne sont pas moins de 14.000 personnes venant des quatre coins de la France qui se rendront dans la capitale. L’événement doit être prestigieux puisque c’est à ce moment que le roi doit prêter serment sur la nouvelle constitution. Malgré ça, le roi dispose encore d’une bonne cote de popularité auprès des Français. « C’est une période qui est marqué par un optimisme général. On veut considérer les choses d’une manière très positive. La majeur parti des français pense que le roi marche avec le mouvement. Louis XVI était plutôt bien vu dans la France de l’ancien régime au début de la révolution, il est toujours bien vu et personne, ne songe à se débarrasser de lui et ceux malgré qu’on lui ai déjà limité ses pouvoirs. » justifie Jean Ethèvenaux.

Une fête grandiose

Ce 14 juillet 1790, à 6 h du matin et sous une pluie battante, le cortège des fédérés se mettent en marche. On y retrouve des militaires : deux compagnies de voltigeurs se trouvent à l’avant du défilé. Viennent ensuite les représentants des 42 premiers départements. Les officiers portent l’épée nue et sont suivis des chasseurs, les maréchaux de camp, les hussards et l’artillerie. En tête des délégués de la Marine, s’avance le comte d’Estaing, l’un de vainqueurs français de la guerre d’indépendance américaine. Malgré la pluie, personne ne se plaint.

L’immense colonne n’arrive place Louis XV (l’actuelle place de la Concorde) qu’à midi. Escorté par le président de l’assemblé jusqu’au Champ-de-Mars, elle traverse la seine à l’aide d’un pont bateau, aménagé exprès pour l’occasion. La colonne passe également sous un gigantesque Arc de triomphe avec trois arches atteignaient 25 mètres de haut. L’autel de la patrie est également présent au milieu du Champ-de-Mars. Talleyrand béni ensuite les drapeaux, une chose qui n’avait pas souvent l’habitude de faire d’après Jean Ethèvenaux. « C’est un homme de l’Ancien Régime, qui a pris le virage de la révolution par opportunisme. Mais il est déjà tellement éloigné de son état ecclésiastique qu’il ne sait plus très bien comment faire. La preuve, la veille, c’est Mirabeau qui lui réapprend les gestes nécessaires pour célébrer une messe.« 

La Fayette, Louis XVI, acteur centrale de la cérémonie

Si un nom est associé à cette date, c’est bien celui de Marie Joseph Gilbert Motier plus connue sous le nom du Marquis de la Fayette. C’est lui qui est décrit comme étant le maître de cérémonie ce jour-là. Une fois la messe de Talleyrand fini et perché sur l’autel, il y dégaine son épée, la pose et prononce son serment : « Je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est délégué par acte constitutionnel de l’État, à maintenir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par moi. » Il ajouta même : »A la Nation, au roi, à la loi ! ». Une citation qui sera reprise par les 300 000 voix venue assister au défilé.

Le roi aussi doit prononcer son serment. Sans se déplacer à l’autel, il le prononce. Il n’est cependant pas entendu par la foule qui couvre sa voix à coup de « vive le roi ». Ce dernier accepte donc de se plier à la nouvelle constitution. La foule devient encore plus folle lorsque la reine, coiffée pour l’occasion avec des plumes bleu, blanc, rouge prend le dauphin dans ses bras et le présente à la foule.

Marquis de Lafayette Source : History

Une immense partie du peuple de Paris, mais également les Fédérés venus de toutes les provinces de France, les Corps constitués, l’Assemblée Constituante : tous font un triomphe au roi et à la famille royale. Accompagné, des siens, Louis XVI regagne les Tuileries sous les cris de « Vive le roi ! Vive la famille royale ! » 

Portrait de Louis XVI Source : Blogspot.com

Le défilé se termine à 6 heures du soir. Les Fédérés vont dîner au château de La Muette où La Fayette vient s’y faire applaudir. Il est au summum de sa popularité. Il y a aussi un banquet à l’Hôtel de Ville, des bals dans Paris, devant les Tuileries, sur la place Louis XV et même sur les ruines de la Bastille, où une guinguette est installée. C’est le premier bal du 14 juillet. Ces moments feront dire à l’historien Lenôtre : « Depuis que la Révolution a commencé, je ne vois guère qu’un jour où tous les Français se soient trouvés d’accord : ce jour-là, ce fut le 14 juillet 1790″. Une parenthèse enchantée qui allait faire place à des lendemains plus sombres…« 

Thibaut Eperdussin.

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