par TGI de Lyon, 14ème chambre, comparutions immédiates.
Jean* est en comparution immédiate suite à son arrestation la veille. Il ne s’est pas soumis à une notification de quitter le territoire français. Il ne parle pas français.
La présidente demande à son interprète : « Expliquez-lui ses droits. Il peut garder le silence, faire des réponses spontanées ou répondre aux questions. » La juge lui demande ensuite s’il souhaite être jugé aujourd’hui ou s’il désire un délai pour préparer sa défense. Jean tarde à répondre. « Il faut se décider rapidement ! On a une très grosse audience aujourd’hui ! » La justice n’attend pas. « – La prochaine fois. » Marmonne-t-il timidement à son interprète.
La cour va décider si on le laisse en liberté ou pas en attendant.
Jean est donc sur le territoire français sans titre de séjour. En 2014, il a déjà fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire pour travail illégal. À l’époque, il a comme projet de se marier avec une Française. La présidente met en avant des « déclarations assez multiples » dans le procès verbal de l’époque. « En garde à vue, il a expliqué être condamné à 15 ans en Égypte. Il a refusé d’embarquer dans l‘avion, s’agitant et criant. Le commandant de bord l’a mis dehors. » Il ne veut pas aller en Égypte, mais en Grèce. La juge : « — Est-il décidé à ne pas respecter son obligation de quitter le territoire français ? – Je reconnais ne pas avoir voulu monter dans l’avion. »
Jamais condamné auparavant, Jean n’a pas d’adresse. La présidente lit le procès verbal : « Il serait ingénieur et aurait eu un cancer de la gorge. » Il a par ailleurs déclaré préférer faire 15 ans ici qu’un an en Égypte.
Alors que le procureur demande à ce que Jean soit placé en détention provisoire, l’avocate de la défense affirme que ce dernier, hébergé par une amie, se présentera lors de la future audience.
Après délibérations, le mandat de dépôt est requis contre Jean, qui retourne en détention jusqu’au prochain procès.
Au suivant. Et vite, c’est une longue journée.
*Le nom a été changé
