Du 4 au 9 février 2022, Lyon accueille la cinquième édition du festival FIFH. La sélection promet de changer nos regards sur la diversité humaine par un voyage à travers des histoires étonnantes et venues d’ailleurs. Les œuvres seront projetées notamment au cinéma Lumière Terreaux, à l’Institut Lumière, au cinéma Comoedia, au siège d’Orange Lumière et à l’Université Lumière Lyon 2. Les entrées sont pour la plupart libres et gratuites mais sur réservation.
Près de 70 films et courts-métrages fictions et documentaires provenant de 23 pays sont en compétition. La fondatrice du FIFH, Katia Martin-Maresco, se ravit de l’ampleur que prend l’évènement : « Je ne pensais pas du tout qu’il y allait avoir un tel engouement et qu’on recevrait des films qui viennent du Japon, d’Australie, du Canada… c’est extraordinaire ! Quand on a démarré, on avait reçu une cinquantaine de films mais la majorité étaient des films reportages, et c’est ce qui ne m’intéresse pas ».
La sélection qui a été faite cette année parmi 2000 films venus des quatre coins du monde est exigeante et « permet les identifications habituelles du cinéma », affirme le parrain du festival Philippe Lefait dans un témoignage du dossier de presse. Si vous vous rendez à des projections, vous ne découvrirez donc pas des reportages classiques sur les handicaps mais des histoires fantastiques, drôles, surprenantes… soit de véritables films de cinéma. Katia Martin-Maresco, elle-même réalisatrice et donc passionnée du septième art insiste : « C’est un festival de cinéma avant tout, avec des scénarios, des acteurs : ce n’est pas un festival médicalisé, et c’est cela que l’on a du mal à faire comprendre en France ». Cette cinquième édition représente d’ailleurs un double intérêt puisqu’elle met en lumière nombre de films réalisés par des femmes.
La programmation est riche de différentes catégories : outre les films de fiction et les documentaires, il existe des sélections à part qui se concentrent sur des thèmes précis comme « Fais-moi du cinéma », « Je veux travailler ! » et « Cartes Blanches ». « Fais-moi du cinéma » rassemble des courts-métrages réalisés en partenariat avec des écoles de cinéma en France et à l’étranger sur le thème du handicap invisible. « Je veux travailler » correspond notamment à des reportages en entreprises qui plongent dans la réalité quotidienne des personnes en situation de handicap.
Lyon, la seule ville de France où riment cinéma et accessibilité
Les nombreuses rencontres de Katia Martin-Maresco avec des personnes en situation de handicap lors du Très Court International Film Festival ont révélé une volonté commune de créer une sélection dédiée à ce thème. La quantité des films proposés a vite transformé les projections d’une demi-heure au sein de l’évènement en un festival dédié, en collaboration avec le directeur des Très Courts Philippe Caza.
Après les deux premières éditions à Cannes en 2016 et en 2017, le festival s’est installé à Lyon l’année suivante car c’est une ville de cinéma accessible : « Nous avons été invités par la ville de Lyon parce qu’elle donne la possibilité à des personnes en situation de handicap de pouvoir se déplacer, que ça soit en bus, en tram, en métro, ça ne pose pas de souci », explique Katia Martin Maresco. En effet, Lyon a reçu le prix de la ville la plus accessible d’Europe en 2018, l’Access City Award, décerné par la Commission européenne.
L’éducation des jeunes générations, première arme pour changer la vision du handicap
La phrase qui a avant tout inspiré la fondatrice, c’est celle de Nelson Mandela, « L’éducation est l’arme la plus puissante qui puisse changer le monde ». Toutes les projections en matinée sont destinées aux scolaires et le festival a également une forme nomade grâce au Tour Festival. Il permet de diffuser sur l’ensemble du territoire des sélections de courts-métrages traitant de toutes sortes de handicap. Chaque action menée est en partenariat avec des collectivités locales, un établissement public, une association ou une entreprise. Par exemple, une projection spéciale pour l’enfance sera proposée aux enfants, parents et enseignants de l’École Jules-Ferry d’Oullins le mardi 8 février.
Katia Martin-Maresco reste cependant nuancée sur l’impact à long terme que pourrait avoir le festival sur les spectateurs. D’après elle, le FIFH « ne changera pas le regard des adultes, qui sont pour la plupart bornés ». C’est pour cela qu’elle s’intéresse d’abord aux scolaires : « toutes les matinées leurs sont destinées, parce que ce sont eux qui vont nous fabriquer la société de demainet qui vont éduquer leurs parents ».
Elle fait par ailleurs le triste constat que la France est en retard sur la considération des personnes en situation de handicap par rapport aux pays étrangers, notamment dans le milieu du cinéma : « Handicapé, c’est un mot qui fait peur en France mais pas ailleurs. J’aimerai bien qu’on ait plus besoin de faire un festival sur ce thème-là ».
Le FIFH reste néanmoins un évènement remarquable en ce qu’il participe à changer la vision du monde sur le handicap par le 7ème art. Il propose des films français et étrangers de grande qualité, dignes de ravir un public diversifié et les cinéphiles en quête de nouveautés et de surprises.
Aurore Ployer