« C’est Bagdad, Lyon, ou quoi ? »

Les lycéens poursuivent leurs manifestations. Mercredi, malgré un calme apparent le matin en centre-ville, la situation ne s’est pas améliorée.

Notre chère capitale du 6.9 a encore fait parler d’elle dans les médias. Même ma belle-maman au Brésil nous a appelés toute stressée pour savoir ce qu’il se passait.  Ca change des articles sur le foot me direz-vous… Quoi qu’il en soit, ce mercredi n’a pas connu de trêve.  Dès 9h du matin, des dizaines de CRS se tenaient postés aux angles des rues les plus touchées par les derniers affrontements. Comme pour prévenir : « Cette fois-ci, ça passera pas. Vous n’avez pas intérêt à montrer le bout de votre sac à dos !».

10h. Je remonte tranquillement la rue de la République vers mon lieu de travail. Les dégâts du mardi ont été effacés. Je croise quelques jeunes feuilletant les titres et les photos de la presse gratuite et « textotant » à tout va. L’ambiance est moins tendue qu’en début de semaine. Aujourd’hui, le centre-ville devrait retrouver son calme « bourgeois » bien lyonnais.  L’hélicoptère du GIPN, déployé la veille, demeure quand même en action.

Tout au long de la matinée, avec les collègues, nous suivons le mouvement sur Twitter. C’est assez hallucinant de voir les dizaines de twitt défilés chaque minute. Comme si les Lyonnais jouaient à se faire peur…

« En fait, si je résume bien, à #Lyon actuellement c’est la Zone ? la Jungle ?  / Lyon centre, après le passage des casseurs /   C’est la guerre à Lyon, pourvu que ça se calme vite  /  Non moi ca va. C’est la guerre à Lyon mais j’ai encore de l’essence. Les transports sont encore un peu là… /  Lyon ressemble à un ville en guerre … / L’hélicoptère semblait avoir abandonné le pâté de maisons…non, il revient #laguillotiere. Gambetta – Piscine du Rhône, en boucle. »

Entre deux twitt, nous compatissons pour les amis qui galèrent bien comme il faut dans les transports en commun.

 14h. Un SMS me prévient de la venue de Brice Hortefeux à Lyon.  Ca sent le coup de fouet. De quoi nous ramener quelques journalistes parisiens !

17h30. Il est temps de rejoindre le local de Banlieue d’Europe à Saxe Gambetta pour la réunion hebdomadaire du LBB. Pas de soucis pour récupérer un Vélo’v. Du côté des Terreaux, rien à signaler. Passé Cordeliers, j’emprunte la piste cyclable direction la part dieu. Soudain, j’aperçois une foule de lycéens en colère et des CRS pas vraiment de bonne humeur non plus. Virage à droite. Les gaz lacrymo me caressent doucement la gorge et les yeux. J’arrive devant le local. Nouvel attroupement de jeunes et de policiers.

Ca chauffe sérieusement. Azzedine, Alesson et moi-même croisons 3 étudiants mexicains en train de courir sans savoir pourquoi. « Que tal ?? » Ces derniers viennent de débarquer et ne comprennent rien à la situation. Rafika, prise dans la foule, en profite pour faire quelques clichés. « J‘ai vu des gamines entre 13 et 15 ans au premier rang crier des slogans et sur le trottoir d’en face, des CRS les mettaient en joue avec leur flash ball et leur disaient de dégager« .

La réunion commence et les débats sont plus animés que jamais. Chacun décide alors de parler de ce mouvement à sa manière et promet de suivre tous les acteurs de cette bataille rangée où jeunes, politiques et policiers sont enfermés dans des rôles qui leur collent décidément trop à la peau.

 

–>> Affaire à suivre ces prochaines heures sur le LBB !

Lire aussi : 

« C’est la trik le blocus  »

« Une semaine de blocus »

crédit photo : Laura Tangre, prise le 19/10 place bellecour Lyon

Pascale Lagahe

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

Voir tous les articles de La rédaction →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *