Association HUGO! : “Rien ni personne n’a le droit d’empêcher [ces jeunes] de croire en leurs rêves”

Victime de harcèlement scolaire quand il était plus jeune, Hugo Martinez a fondé l’association HUGO! en janvier 2018. Son but : lutter contre ce fléau et reconstruire les jeunes via des activités culturelles et sportives. Alors que l’association prend de plus en plus d’importance à Lyon et dans l’hexagone, nous sommes allés à sa rencontre. 

Actuellement âgé de 22 ans, il n’est pas un simple étudiant. Il a créé ce qui est aujourd’hui une des plus grandes associations luttant contre le harcèlement scolaire. Étant jeune, il a été victime de harcèlement scolaire. Malgré des moqueries aussi immatures que douloureuses, une rage est apparue. Ce sentiment de revanche l’a amené à devenir ce qu’il est aujourd’hui : un adulte épanoui et engagé. Hugo revient sur son vécu et sur l’avenir de l’association. 

Hugo Martinez, 22 ans et président de l’association HUGO!

Qu’est-ce qui vous a amené à construire cette association ?

J’en suis arrivé à créer cette association tout d’abord car j’en ai été victime, de ce harcèlement scolaire, de la classe de CP jusqu’à la fin de ma scolarité. C’est une chose dont j’ai beaucoup souffert et je me suis dis que j’avais un rôle à jouer en tant qu’ancienne victime. Transmettre mon témoignage et faire qu’il puisse impacter positivement les générations futures.

 

A quel moment le déclic a eu lieu pour créer l’association ?

J’ai eu mon bac, j’ai eu différentes expériences professionnelles, mais mon passé a fait que je suis devenu diabétique. En mai 2017, je me retrouve hospitalisé pour au moins 3 semaines. Sur le coup, je prends la nouvelle avec choc et je me demande « qu’est-ce que je peux faire pour m’enlever ce statut de victime? ». Au cours de cette hospitalisation, chaque soir je développe une idée, du moins une action que je pourrais mener contre le harcèlement scolaire. Ce même soir, je présente cette idée en live sur Facebook et de soir en soir, il y a de plus en plus de monde, les gens sont au rendez-vous. Ça a donc consolidé l’idée que ce harcèlement, je pouvais en faire une force. 

Au départ, je ne sais pas vraiment quelle forme, quelle structure ça aurait, mais je sais que je vais m’engager. Puis, les 6 mois qui ont suivi m’ont permis de rencontrer du monde, des acteurs, des professionnels pour m’aider à développer mon idée. C’est ainsi qu’en janvier 2018, je crée l’association HUGO!

 

Qu’est-ce que l’association propose aux jeunes ?

On a quatre grands pôles d’action. On a la sensibilisation en milieu scolaire, auprès des parents pour avoir des débats etc. Il y a également le suivi des victimes qui coordonne l’accompagnement et la reconstruction des jeunes. On a aussi la formation des professionnels de santé, d’éducation. Enfin, on a toutes les actions que j’appelle « pôle agir », qui rassemblent à la fois les actions législatives et événementielles comme la journée « harcèlement scolaire ». Toutes ces actions sont coordonnées à l’échelle nationale.

 

Quel impact le harcèlement scolaire peut-il avoir sur les jeunes ? 

Il y a des études qui démontrent la corrélation entre des élèves qui ont été victimes de harcèlement non accompagnés et qui sont dans une construction plus difficile de leur parcours, etc.

Mais également du côté des harceleurs, il y a une vraie corrélation entre les enfants harceleurs qui n’ont pas été assez prévenus de leurs actes et ceux qui plus tard deviennent des harceleurs en puissance. 

 

Comment l’association fait pour gérer le cyberharcèlement ?

Nous on agit sur plein de leviers, que ce soit d’abord via des dispositifs inédits par rapport au confinement. Par exemple, on a mis en place des lives, chaque soir du confinement où on pouvait débattre. On a également créé des groupes de parole sur Snapchat notamment entre jeunes de même âge pour que ça perdure et qu’ils se parlent entre eux régulièrement. Mais le cyberharcèlement, on le  considère au même titre que les autres formes de harcèlement. Il faut se dire que s’il y a cyberharcèlement, c’est que ça a démarré dans une cour de récréation. Il est aussi important à combattre et il peut se gérer dans la vraie vie.

 

C’est quoi le message que vous tenez aux jeunes pour ne pas abandonner dans leur lutte contre le harcèlement qu’ils subissent ?

Premièrement, il faut se dire que rien ni personne n’a le droit de les empêcher de rêver et de croire en leurs rêves. Ensuite, le harcèlement scolaire, c’est un passage. Il y aura forcément un avenir meilleur pour eux, et ils ne sont pas seuls dans cette lutte. Ils ont des connexions pour les aider ! Il faut leur montrer qu’il y aura toujours un adulte à leur écoute pour les aider, pour recueillir leurs témoignages, pour les aider à avancer. Puis enfin, leur montrer qu’il existe des associations comme la nôtre, qui sont mobilisés auprès d’eux pour les aider.

 

Comment faire pour qu’un jeune harcelé se dise « il faut que j’en parle » ?

Ce qu’on fait beaucoup, et ce que les jeunes font énormément d’ailleurs, c’est parler sur les réseaux sociaux. De ce fait, on a beaucoup de contacts de la part des jeunes sur les réseaux avec une équipe dédiée à répondre à tous les messages privés. Toutes ces choses font que ça facilite la prise de parole, le fait de l’écrire c’est plus facile que d’en parler dans la vie réelle.

 

D’un point de vue un peu plus personnel, aujourd’hui comment allez-vous ?

Aujourd’hui, je suis un étudiant épanoui, en 5ème année, qui sera sur le marché du travail dans quelques mois. Je me sens bien mieux dans ma tête et dans mon esprit et c’est ce vers quoi je veux guider tous les jeunes.

« HUGO! », un acronyme pour « Harassers U GO ! »

 

Propos recueillis par Kevin Monaci

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