Youssoupha, mon nouveau prof d’écriture

La semaine dernière, se tenait à la MJC de Vaulx-en-Velin un atelier d’écriture orchestré par le rappeur Youssoupha. Impressions sur cette rencontre musicale…

 youssoufahVous ne connaissez pas Youssoupha?  Rappeur né a Kinshasa au Congo, il y reste avec sa mère jusqu’à ses 10 ans. Son père ? Un musicien plongé dans la rumba, plus connu sous le nom de « Seigneur Ley ». Sa vie prend un nouveau tournant quand il part vivre à Paris chez sa tante.  Quelques années plus tard, une maîtrise de la Sorbonne en poche, le jeune homme entre dans le monde du rap. Il inscrit son nom d’artiste pour la première fois avec son street DVD en 2005 « Eternel recommencement ». Après avoir fait les premières parties de rappeurs aussi « méconnus » que 50 cents et Snoop, il participe à l’émission Pop Star en tant que professeur d’écriture, avant de connaître sa première « expérience médiatique » suite à une convocation en justice pour « menace de crimes » pour le texte de l’une des chansons visant le journaliste Eric Zemmour*.

Un rendez-vous musical sur-mesure

Malgré sa vie d’artiste bien chargée, Youssoupha a pris quelques heures, mercredi dernier, pour venir à la rencontre des jeunes de la MJC  de Vaulx-en-Velin . Un événement immanquable pour beaucoup ! Surtout que le menu de sa visite ne se limitait pas au traditionnel show case. En effet, le vétéran du rap a invité autour de sa table tous les jeunes afin qu’ils lui posent leurs questions et s’entraînent à l’écriture. Dans le public, se trouvaient de nombreux rappeurs, danseurs,  musiciens, chanteurs, slammeurs et beatboxers. Tous  issus du même quartier. Une fois installés, les questions n’ont pas tardé à fuser.  « Comment se faire un nom dans le rap lorsque l’on vient de province? » , «  Comment débuter sur la scène lorsque l’on est complètement inconnu? ». ..   Le rappeur, accompagné de son équipe, nous a fait part de sa propre expérience. Grâce à son vécu ponctué, comme il le dit,  de «  tous ces hauts et ces bas dans ce milieu difficile qu’est le monde du showbiz », il a pu apporter des réponses concrètes afin d’éclairer les artistes en herbe.

Prendre la plume

Après un échange riche d’enseignements, il était temps de passer à l’action. Le fameux atelier d’écriture démarre. La consigne du jour ? Ecrire un billet pour se présenter aux autres. Chacun a alors pris la plume pour raconter son parcours, ses désirs, sa vision du monde.  Un par un, nous nous sommes levés, d’abord applaudis pour nous donner du courage, puis seuls face à l’assemblée pour déclamer  notre petit conte personnel.  Dans un élan d’improvisation, Dexter nous a parlés de sa veste à fleur  ; Myriam, elle, a évoqué  la Méditerranéen et les Antilles avec une douceur mélodieuse mêlée aux charmes d’une légende. Un autre jeune présent nous donna sa vision des femmes, alors qu’un  autre a chanté sur un air de beat box. On applaudissait, on riait, on était tous agréablement étonnés. Certains se sont même lancés dans des petits battles endiablés.

Ce soir la, Youssoupha est venu à la MJC comme un grand frère. En répondant à nos questions, il a ainsi donné de l’espoir à ces petits créateurs de la danse et de la musique de demain. Ces derniers m’ont prouvéeque la clé de sol et l’art chorégraphique  n’existent pas qu’en centre ville et que nos banlieues regorgent de talents qui n’attendent que d’émerger…

 

*(ndrl « A force de juger nos gueules, les gens le savent qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit qu’c’est nous, j’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour. »)

Sofia Azzedine

Etudiante à l'Institut d'Etude du Développement après un parcours du combattant passé dans les méandres de la Science Politique, entre la Sociologie et le Journalisme et les Langues Etrangères. Je souhaite toujours explorer ces banlieues plurielles méconnues et mal traitées pour jeter au sol ces préjugés. Tout cela, pour éluder toute l'humanité vivace qui existe dans ces régions de la différence et de l'indifférence et faire parler cette jeunesse silencieusement bavarde.

Voir tous les articles de Sofia Azzedine →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *