Un peu plus de 30 ans après le début de La Marche pour l’égalité et contre le racisme, un film retraçant cette marche sort dans nos salles obscures. Après l’avant-première à Lyon, le 5 novembre dernier, Julien Lopez, Lyon Bondy Blogueur passionné de cinéma, vous livre ses impressions.
Le film démarre par une nuit aux Minguettes. En bas de leur tour, plusieurs jeunes discutent, écoutent de la musique, bref passent du temps entre amis. Soudainement, un jeune détale devant eux à toute vitesse. Il court car il est poursuivi par un chien de policier. Les autres lui emboîtent le pas et tentent d’échapper au molosse. Tous n’ont pas cette chance : Mohamed, interprété par Tewfik Jallab, voyant ce fier berger allemand grignoter un inconnu va lui porter secours. Le maître policier de l’animal arrive et tire sur Mohamed. Ce dernier est laissé pour mort. À sa sortie d’hôpital, il décide d’organiser une action non violente, une marche. On suit ces jeunes et moins jeunes durant leur randonnée très spéciale de Marseille à Paris. Toute ressemblance avec l’histoire de Toumi Djaïdja, président de l’association SOS Avenir Minguettes et initiateur de la Marche pour l’égalité et contre le racisme n’est pas fortuite.
Une fiction qui s’inspire fortement de la réalité
La Marche est inspirée d’une histoire vraie. C’est l’histoire de jeunes des Minguettes, un quartier populaire de Vénissieux, qui en ont assez de toute cette violence et ont décidé d’agir. En effet, en 1983, le racisme, son intolérance, ses discriminations et ses crimes ne sont pas une fiction. Ces gones fortement imprégnés par les actions de Martin Luther King, Gandhi et autres chantres de la non-violence initièrent une Marche, que les médias surnommeront, à tord, la Marche des Beurs.
On peut s’amuser à essayer de voir qui est qui. Ainsi, Mohamed est un personnage fortement inspiré de Toumi Djaïdja. Christophe Dubois interprété par Olivier Gourmet, est un curé des Minguettes qui rappelle évidement le Père Delorme. Le réalisateur et scénariste Nabil Ben Yadir, bien aidé par la scénariste Nadia Lakhdar, a donc puisé dans les faits tout en romançant des personnages et des situations pour nous faire rire, vibrer, pleurer ou réfléchir.
Un film fort en émotions
D’ailleurs, la manière de filmer retransmet la force et l’émotion de ces évènements de 1983. On a l’impression d’être au plus près des marcheurs. À noter aussi que la bande-son mélange des titres que l’on croirait tout droit sortie d’une compilation Nostalgie Best-of 80. Et le travail de Stephen Warbeck, oscar de la meilleure musique pour Shakespeare in Love en 1999, accentue encore cette plongée trente ans en arrière.
Il n’y a pas vraiment de tête d’affiche mais le casting est impeccable. Tous les acteurs ont un rôle important. Tewfik Jallab qui tirait déjà son épingle du jeu dans Né quelque part est une nouvelle fois bouleversant, à l’instar d’Olivier Gourmet. On retrouve à leurs côtés une belle brochette d’acteurs. Jamel Debouzze, Nader Boussandel, Vincent Rottiers et M’Barek Belbouk assurent à première vue la partie comique du film, mais à y regarder de plus près, leurs personnages sont intenses et attendrissants. Il y a avait aussi des femmes en 1983 et le scénario fait la part belle à celles-ci. Ainsi Hafsia Herzi, découverte dans La Graine et le Mulet, Charlotte Le Bon ou encore Lubna Azabal ont aussi de très beaux rôles. Et les incarnent à merveille. Les personnages secondaires sont aussi très importants, on peut citer Philipe Nahon qui joue René le chauffeur de la fourgonnette qui accompagnait les marcheurs.
Des problématiques encore d’actualité
Ce long-métrage permet une prise de conscience pour les jeunes et les moins jeunes sur la situation de la France en 1983. Trente années se sont écoulées depuis que Toumi Djaïdja, le Père Delorme et tant d’autres ont foulé les routes plus ou moins pavées de notre pays pour faire changer la face de cette dernière. Qu’est-ce que la marche a changé ? Que sont devenus les marcheurs ? Le film donne quelques informations mais on reste sur sa faim.
La Marche sort en salles le 27 novembre. Le film est beau dans sa forme mais aussi dans le message qu’il transmet. Le sujet est fort et ne peut/doit pas laisser insensible.
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