Bledard(e), je t’aime !

Se marier avec une fille ou un garçon du « bled » ? Certains ont sauté le pas, et racontent à Nabil comment leur histoire d’amour a commencé.

 L’idée de me marier avec une fille du « bled » ne m’a jamais traversé l’esprit. Je me suis toujours dit que peut-être, le fossé était trop grand. Il est vrai que ma culture magrébine est remplie de codes occidentaux pas forcément en phase avec une personne de « là-bas ».

Mais mes arguments qui m’empêchent peut-être de rencontrer l’âme sœur sont-ils vraiment valables aujourd’hui ? Pour le savoir, je suis allé à la rencontre de ces personnes qui, autour de moi, ont franchi le pas.

Laguehal, 56 ans, me raconte, qu’après son divorce, il passait beaucoup de temps en Algérie pour voir sa mère. Et c’est en l’accompagnant voir des amis qu’il rencontra sa seconde femme, Souad. 43 ans. « Je suis tombé tout de suite sous le charme, et puis elle aussi a connu un divorce, ça nous a rapproché. Le plus ironique c’est que c’est ma première femme qui m’avait permis de venir en France en 1977. Je vivais alors à Alger et elle à Paris. Souad et moi vivons aujourd’hui dans un petit village de Lorraine. Un peu dépaysant au début pour elle, mais aujourd’hui tout se passe bien ».

Laguehal est de la vieille génération, et qui plus est, né en Algérie, donc il est peut être plus naturel pour lui d’épouser une femme originaire du Maghreb. Mais tout n’a pas été simple. Souad a eu du mal à obtenir un Visa pour venir en France. Il a fallu fournir la preuve d’un futur mariage au consulat de France, notamment par une lettre signée du maire, stipulant la date du mariage.

Pour en savoir un peu plus, je suis allé questionner Yacine 28 ans, marié à Souhila, 24 ans, depuis 3 ans. Le jeune homme me raconte alors les débuts de son histoire d’amour :  «  Souhila vient du village de ma mère en kabylie. Ça faisait déjà longtemps qu’elle me plaisait, mais je n’osais jamais aller la voir. J’étais souvent au bled alors j’ai fait ça un peu à la kamikaze, je suis allé voir ses parents sans rien dire à personne…les miens se sont demandés si je ne devenais pas fou ! (Rire) …. Elle a dit oui et je suis le plus heureux des hommes ! »

Autre témoignage, celui de Sabrina 28 ans, née en France et travaillant dans un cabinet d’avocat, marié à Hamza, 32 ans. «  On se connaît depuis longtemps avec Hamza. Je crois que ça c’est fait le plus naturellement du monde. Une amitié qui se transforme en amour, ce n’est pas rare ». Hamza a grandi dans le village voisin de celui d’où sont originaires les parents de sabrina. « Nos parents se connaissent bien alors on se voit l’été depuis toujours »

« Quand je dis que mon mari est un « blédard », les gens pensent que ça été arrangé par nos parents…mais non, on a fait notre truc tout seuls (rire) ». Sabrina me raconte les préjugés de certaines de ses amies qui pensent que se marier avec un « blédard » est plutôt risqué. « C’est toujours pareil, si j’avais été un mec, ça n’aurait choqué personne, c’est sûr ».

A la lumière de tous ces témoignages, je me demande alors si les différences que je redoute sont si problématiques que ça ?  En définitive, s’il y a de l’amour, pourquoi tout compliquer ?

Auteur : Nabil Merad

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