Crédit Inès Mitanne.

Un amphithéâtre pour deux combats : le blocus de Lyon 2 Bron

Des étudiants en colère et des migrants expulsés, voilà une semaine que des étudiants de la faculté de Bron organise un blocus en bâtiment H contre l’IDEX et les réformes APB et pour le logement et la scolarisation de tous.

Le 10 novembre, une cinquantaine de migrants ont été chassés de l’esplanade de la Part-Dieu qu’ils « squattaient ». Une quarantaine sont désormais installés dans l’amphithéâtre C de la faculté, alors qu’une quarantaine d’étudiants investit les lieux pour bloquer l’accès au bâtiment H, dans lequel il se trouve. De deux combats émerge une équipe qui vit et cohabite ensemble depuis. Nous rentrons dans un monde à part qui s’auto-alimente grâce aux étudiants et aux associations lyonnaises, et où la décoration est faite à partir d’affiches protestataires maisons.

« Des hébergements d’urgences saturés »

« Nous avons contacté au plus vite des associations et services médico-sociaux, les collectivités locales ainsi que la Préfecture. L’une de nos priorités est de trouver un lieu plus adéquat pour héberger ces personnes, et avant toute chose pour accueillir une famille avec deux enfants scolarisés. Les hébergements d’urgence sont cependant actuellement saturés et il semble peu probable que des solutions puissent être proposées dans les prochains jours », explique Nathalie Dompnier, Présidente de l’Université Lumière Lyon 2, dans un communiqué.

Après avoir été chassés de leur campement et avoir vu leurs affaires perquisitionnées, 48 migrants, selon une organisatrice du blocus, vivent dans le petit amphithéâtre qu’est le C. Elle témoigne : « on a pu s’organiser, mais on manque encore de nourriture, de jeux, de matelas, on a fait une liste des choses dont on a besoin sur le mur du hall ».

Crédit Inès Mitanne.
Crédit Inès Mitanne.

Un combat étudiant qui ne doit pas être éclipsé

Les étudiants sont au départ présent pour une toute autre raison : l’IDEX et les réformes universitaires de 2018. L’IDEX (Initiative d’Excellence) est un projet lancé par Patrick Lévy, président de la Communauté Université Grenoble Alpes, qui vise à augmenter la compétitivité des universités scientifiques à l’échelle internationale. Il s’agit de réunir « des établissements d’enseignement supérieur et de recherche déjà reconnus pour leur excellence scientifique et pédagogique » pour avoir de meilleurs professeurs, de meilleurs élèves.

Un pas de plus vers l’élitisme ? C’est ce que craignent le plus ces étudiants avec la création d’une structure unique d’ici 2020 de l’Université de Lyon-Saint-Étienne. « Des cours à Saint-Étienne, à Lyon, et à Grenoble dans la même semaine ? Ils marchent sur la tête ! », s’exclame une étudiante en Histoire. Second hic : les réformes d’entrée en université en 2018 avec la fin du tirage au sort. « On va encore privilégier les notes et les établissements, finalement, ce sera toujours la même classe sociale qui ira à la fac… », ajoute-t-elle.

Barricade. Crédit Inès Mitanne.
Barricade. Crédit Inès Mitanne.
Barricade. Crédit Inès Mitanne.
Barricade. Crédit Inès Mitanne.

Une remise en question générale de nos institutions

Que ce soit les migrants, les élèves ou la présidente de Lyon 2, tous semblent remettre en question le pouvoir exercé par notre gouvernement. Nathalie Dompnier souligne « l’absence de prise en charge de ces migrant.es par les institutions et organisations compétentes ». Les jeunes eux affirment ne pas se sentir dans « un pays d’égalité », tandis que les migrants se sentent « protégés par la faculté des actions policières ».

Crédit Inès Mitanne.
Crédit Inès Mitanne.

Ce sont des associations comme Jamais sans toit ou encore Étudiants sans papiers solidaires qui viennent porter secours au mouvement. Ces deux combats créent un mouvement qui fait toutes sortes d’actions : documentaire à 16 heures sur le projet Université Lyon-Saint-Étienne, manifestation pour des logements à 18 heures devant la préfecture du Rhône , atelier scrabble avec les enfants… toutes ses actualités sont regroupées sur sa page Facebook.

Crédit Inès Mitanne.
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