« Le BTP n’est pas un monde de machos ! »

En circulant à Lyon, je croise Ophélie, une jeune femme manipulant une pelle sur un chantier de travaux public. Un fait assez rare pour être souligné, car même si le BTP souhaite féminiser toujours plus son secteur, sur le terrain, la parité est encore loin d’être atteinte !

Quel âge as- tu et quel est ton cursus scolaire ?

« J’ai 21 ans. Après un baccalauréat scientifique, j’ai fait un IUT Génie Civil en 2 ans puis j’ai été embauchée dans les travaux publics en tant que chef de chantier. »

Qu’est-ce qui t’a amenée à faire ce métier ?
« Je voulais faire un métier où on réalise des choses concrètes, que l’on peut voir. De plus, je ne voulais pas passer mes journées enfermée dans un bureau. Enfin, curieuse de nature, j’aime observer et savoir comment les choses sont réalisées, comment elles fonctionnent et pourquoi ».

Es-tu souvent questionnée par les passants ?
« Travaillant la plupart du temps en centre ville, je suis soumise au regard des passants. Les gens sont souvent étonnés de voir une fille sur un chantier.  Ils ont souvent l’idée reçue que c’est un monde de machos alors qu’en fait non, on est très bien intégré. Justement, les critiques viennent plus des passants que des collègues. J’ai déjà pu entendre : « Tiens, ils ne trouvent plus d’hommes alors ils embauchent des femmes ? » ou alors « Pourquoi n’as-tu pas choisi d’être caissière ou coiffeuse ? » Mais heureusement la grande majorité d’entre eux ont plutôt tendance à me féliciter et trouvent que c’est une bonne chose. Ce qui peut parfois devenir gênant quand on m’interpelle à longueur de journée !  »

Que penses-tu des métiers qu’on dit d’homme et d’autres de femme ?
« Il y a des métiers d’ « homme » ou de « femme », mais ca n’implique pas forcement « réservés aux hommes ou aux femmes. Cela  montre plutôt une dominante masculine ou féminine des aspects du travail. Il est vrai que je ne peux pas faire certaines choses trop physiques comme taper au marteau piqueur. Mais  cela fonctionne de la même manière pour les hommes. En fonction de leur « gabarit » et de leurs compétences, ils se verront confier telle ou telle tache. Par exemple, on pourra confier a un gars « costaud » un travail plus physique et à un « gringalet » de se faufiler dans des endroits inaccessibles pour le reste de l’équipe. Il faut trouver chez chacun les tâches pour lesquelles il est le plus apte et le plus efficace. Question écoute et respect des consignes, il n’y a pas de problème. En général, ils connaissent le boulot, savent pourquoi je leur demande telle ou telle chose.

Peux-tu nous parler un peu de toi ?
« Je n’ai jamais été très féminine dans mes choix de loisirs (je fais du hockey),  ce qui ne m’empêche pas quand je rentre le soir chez moi de redevenir mademoiselle tout le monde et d’avoir un copain. Je pense que l’habit de travail joue beaucoup sur mon attitude.  Je me sens plus sûre de moi et moins vulnérable alors qu’à la ville je suis plutôt timide ».

 Azzedine Benelkadi

La rédaction

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