Une petite interview en scred

Ce samedi se tenait à Lyon l’édition Lyonnaise du Rendez-Vous Hip-Hop, un petit festival de musique rap et hip-hop. Situé au parc Blandan, dans le 7ème arrondissement, cette série de concert était organisé par le Ministère de la culture et celui de la ville, de la jeunesse et des sports. La Scred Connexion, un collectif de légende, était présent, et le LBB est parti à leur rencontre.

programmation de l’événement lyonnais

La Scred Connexion,  ce n’est finalement plus très discret (‘’scred’’ voulant dire discret en verlan). Créé vers 1998 dans le 18e arrondissement de Paris, le groupe s’est rapidement imposé en tant que maître du genre. Juste avant leur concert au Rendez-Vous Hip-Hop, le LBB est allé à la rencontre des artistes de la Scred Connexion, et a pu poser quelques questions à Koma, un des membres fondateurs du collectif.

Pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

« Je suis Koma, du collectif et groupe Scred Connexion, avec Mokless, Haroun et DJ Daemon ».

Quel est votre avis sur le public lyonnais que vous allez rencontrer d’ici quelques minutes ?

« Ce n’est pas la première fois qu’on vient à Lyon, on a joué déjà à l’Original, sur plusieurs événements. Lyon, c’est un super public. On vient ici depuis 1998, la première fois qu’on est venu c’était au Transbordeur. C’est un public de connaisseurs, et en tout cas au niveau du hip-hop, c’est un public qui est connu pour être un public connaisseur de musique et de funk en particulier, de gros, gros sons funk. Qui dit funk dit ambiance, les lyonnais sont connus pour ça ».

Vous qui êtes des artistes engagés, vous avez surement tenu à réagir lors des présidentielles, faites-vous pareil pour les législatives ?

Ouais on suit la politique. Après tout le monde a ses opinions dans la Scred. Moi, mon opinion par rapport à ces législatives… Moi je suis de très près la politique française, européenne, mondiale, et pourtant je ne vote pas. Mais je suis très intéressé par la politique.

Comment voyez-vous l’évolution des musiques rap et hip-hop en France ?

« Il y a deux catégories qui se sont démarquées avec les années, au niveau du hip-hop. Il y a ce que j’appelle le rap game, le rap commercial et d’un autre côté il y a toute une autre frange, qu’on appelle le rap indé, qui est la frange plus underground. Finalement cette coupure tu la retrouves dans toutes les musiques, avec ces deux écoles, qui se confrontent un peu, le commercial et l’underground, des puristes et des gens plus mainstream. Aujourd’hui le rap a pris cette évolution-là, avec un public de connaisseurs qui peut aller sur Youtube, chercher, fouiller, avec des artistes comme Hugo TSR, Demi-Portion, et des plus anciens comme nous, comme la Scred. Tu as aussi ce deuxième public qui d’un autre côté écoute du Jul, du Maître Gims, un public moins âgé. Voilà, il y a un rap qu’est plus pour les enfants et un rap qui est plus pour les adultes aujourd’hui ».

Avec les récents attentats comme à Manchester ou Kaboul, comment voyez-vous la menace terroriste qui plane, ainsi que l’état d’urgence toujours maintenue en France ?

« Je pense que les gens ont bien compris qu’il fallait s’attaquer à la culture, la culture qui fédère, qui justement a souvent changé les choses, qui a souvent basculé les opinions. J’aime beaucoup les chansons militantes, comme U2 et « Sunday Bloody Sunday », ou Bob Marley, ou dans le rap, on a des groupes qui par la culture essayent de fédérer les gens ou  essayent de dénoncer les injustices. Le terrorisme, les extrémismes, qui que ce soit en tout cas qui dans une position extrême s’attaquera à la culture… Nous ont fait des choses. Par exemple la Scred Connexion a un festival, il est né un mois après les attentats du Bataclan et on ne s’est pas dit que ça pouvait nous tomber dessus, on y a été. Il ne faut pas s’empêcher de vivre, i l ne faut pas s’empêcher de sortir, de rire, et la victoire c’est ça : de continuer à faire les choses ».

En dehors du rap et du hip-hop, écoutez-vous d’autres genres musicaux ?

« J’écoute de toutes les musiques. Je suis attentif aux textes, je suis attentif aux sons. Musiques d’aujourd’hui, musiques d’hier, j’essaie de me référencer, de savoir ce qui a déjà été fait, les thèmes qui ont été abordés, que ce soit dans le rock, le rap, le reggae, dans la funk, il y a mille manières d’interpréter les choses. Dans la variété française, il y a eu des grands auteurs. Dans tous les styles il y a du bon et du mauvais, donc je cherche par rapport à mes goûts ce qui se rapproche le plus. Je suis sensible à ce qu’on va dire des artistes un peu suicidaires, un peu plus que mélancolique. J’aime l’écriture écorchée par exemple. Donc des gens comme Arno, des gens comme Mano Solo, c’est pas du rap mais c’est des gens qui m’ont touché par leur musique ».

Une dernière question qui fait polémique aujourd’hui, pour ou contre la légalisation du cannabis ?

« Je suis contre. Contre la légalisation parce qu’on est pas à un niveau économique qui permet  d’offrir de l’emploi à tout le monde. Donc, les cités aujourd’hui vivent…beaucoup du trafic. Je dis pas qu’il faut enlever le shit, mais si on enlève ce trafic, les gens qui en vivaient vont passer à du plus lourd, à du trafic de drogues dures ou carrément du braquage quand ils auront plus cette économie-là. Alors soit ils résolvent le problème du chômage et oui tu pourras légaliser. Tant que les problèmes de chômage dans les quartiers ne sont pas résolus, je ne conseille pas de le faire ».

 

 

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