Chroniques Judiciaires : Ô rage, ô désespoir

C’est une des premières affaires de l’après-midi, il n’y a pas grand monde dans la salle du tribunal de Lyon, peut-être cinq personnes. Elles sont assis dans les rangs du public. Entre alors dans le box un jeune, habillé d’un simple jogging gris. Mais ce qui se remarque surtout, c’est qu’il est en pleurs. Qu’est-il arrivé pour qu’il soit dans un tel état ?

Noah* est un tout jeune majeur, il est âgé de 18 ans seulement.  Très vite, on apprend que jusque-là, il vivait chez son arrière-grand-mère à Givors. Or, dans cette histoire, elle est une des victimes.  Tout commence un matin, où Noah se plaint d’avoir été réveillé par son arrière-grand-mère et son infirmière, car ses dernières parlaient trop fort. Soudainement, la situation prend une tout autre tournure, la violence surgit. Noah se saisit d’un tabouret et le lance sur son arrière-grand-mère, qui le reçoit en pleine jambe. Puis, il s’élance vers l’infirmière et lui assène un coup de poing. Cette dernière réussit à la parer, en ce protégeant avec son bras. Des violences qui ont heureusement entrainées aucun jours d’ITT.
Voilà pourquoi Noah est aujourd’hui dans le box. Sauf que le jeune garçon est sujet à l’hyperactivité : il est connu pour ses sautes d’humeurs et ses crises de nerfs soudaines. Il est également sous traitement, sujet à cela depuis tout petit.

La présidente, après avoir rappeler les faits, s’attarde désormais sur le sujet. On apprend que si Noah, vit chez son arrière-grand-mère, c’est parce qu’il est interdit d’approcher sa petite sœur, et ce depuis deux ans. Il l’aura agressé sexuellement, alors qu’elle n’avait que cinq ans.
Ses crises de violence ne sont pas rares, Noah peut sans prévenir se mettre à crier. Quand elle lui pose des questions sur sa scolarité, il répond timidement : « J’ai arrêté le lycée, je n’en pouvais plus des autres élèves qui se moquaient de moi. ».  Plus tard, il aimerait faire de la mécanique, être agent de sécurité ou encore maître-chien.
Mais si Noah quitte le logement de son arrière-grand-mère, et qu’il ne peut pas rentrer chez ses parents, que lui reste-t-il ? Une des solutions les plus envisageables serait alors d’aller chez sa grand-mère. Mais celle-ci vit dans un T3, et Noah ne pourrait pas avoir sa propre chambre. Et il n’est même pas dit qu’il veuille y rester.
Par l’avocat de son arrière-grand-mère et de l’infirmière, on apprend que celle qui le loge a quelques craintes : « Ça me soulagerait un peu qu’il parte. Après le coup de tabouret que j’ai reçu, je ne lui ai pas montré mon bleu, car je ne voulais pas qu’il crie plus. » raconte l’avocat qui parle pour l’arrière-grand-mère de Noah.

Quand c’est au tour du procureur de prendre la parole, les mots sont durs. Elle s’oppose à ce que Noah retourne chez son arrière-grand-mère, car trop dangereux. Il doit absolument se faire soigner. Quand à la question du logement, il n’y a pas mille solutions : Noah doit aller en détention.
L’avocate du jeune prend alors sa défense : la détention est une peine trop lourde pour un tout jeune majeure. De plus, ce dernier est d’accord pour voir un expert, et pour aller chez sa grand-mère. « Je veux changer, mais je demande à quand même pouvoir appeler mon arrière-grand-mère au téléphone, même avec quelqu’un avec moi. J’ai déjà failli perdre ma mère, je ne veux pas à avoir à dire au revoir. » s’exclame-t-il en éclatant en sanglot.

Au final, on a ici l’histoire d’un jeune, piégé dans une violence qui le dépasse. C’est un bon point de vouloir changer, maintenant il faut acter.

Affaire suivante.

 

*Prénom modifié   

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