Chronique judiciaire : un excès de colère

Lors de sa comparution immédiate le mardi 10 janvier, Ahmed* est dans le box des prévenus à 15h10. Il est accusé de dégradations d’un lieu privé et violences sur une infirmière. Nouvelle chronique !

Le 8 janvier dernier, alors que Ahmed arrive au service des urgences de l’hôpital privé Jean Mermoz, l’infirmière s’occupe déjà d’un patient. Ayant des douleurs au thorax et des vomissements depuis une semaine, l’homme de 27 ans insiste. L’infirmière lui demande ses papiers. Alors que le prévenu donne son passeport et une carte bancaire de chez La Poste, elle lui indique qu’elle s’occupera de lui après son patient actuel. C’est à ce moment-là que le prévenu a pensé qu’elle ne voulait pas l’inscrire pour le soigner. Voyant que la colère commence à faire surface, l’infirmière va voir le médecin. Ce dernier a refusé de prendre en consultation le prévenu car il n’avait pas de carte vitale et commençait à devenir de plus en plus violent.

Le prévenu a tenté d’escalader pour passer derrière la vitre afin d’atteindre l’infirmière. C’est l’autre patient qui l’en a empêché en le retenant de force. Il a ensuite lancé un porte-affiche et des chaises, brisant deux vitres et un plexiglas. Alors que l’on pourrait penser à une mauvaise compréhension car Ahmed ne parle pas français, l’autre patient, qui parlait la même langue, faisait la traduction. Cependant, celui-ci n’a pas été interrogé, au grand regret du juge. 

« L’infirmière ment »

Lorsque la police arrive sur les lieux, le prévenu s’est calmé tout seul. Il est assis, la main en sang. L’infirmière aurait avoué avoir eu peur car il était dans un excès de colère. Celle-ci explique que le médecin et elle-même lui auraient dit de se rendre à l’hôpital public Edouard Herriot. Ainsi, la prise en charge serait plus facile étant donné qu’il n’a pas les papiers adéquats pour un hôpital privé. Le prévenu conteste cela en disant que l’infirmière ment. « Je n’ai jamais entendu ça, personne ne m’a dirigé vers l’hôpital Edouard Herriot », précise-t-il à l’aide d’un traducteur. 

L’infirmière, qui se porte partie civile, n’est pas présente au Tribunal de Grande Instance, lors de la comparution immédiate. L’avocate, elle, explique que la victime pleurait en expliquant que « au lieu d’être avec ma famille, je suis au besoin des autres… ». Même si finalement l’infirmière n’a reçu aucun ITT, la partie civile demande 1000€ d’indemnisation pour préjudice moral. 

Le procureur prend alors la parole et précise que, dans les hôpitaux, des écriteaux sont présents. Ces derniers préviennent les patients des papiers à avoir pour la prise en charge. « Cet hôpital privé est un lieu protégé par la justice, ainsi c’est une circonstance aggravante », annonce-t-il. C’est pourquoi il demande une peine de 12 mois d’emprisonnement dont 6 avec sursis. 

« J’étais dans un état de détresse »

C’est au tour de la défense de se faire entendre. L’avocate de l’accusé s’attarde sur le fait que celui-ci n’avait jamais eu de problème sur le territoire. Le jeune tunisien n’était pas connu de la justice et son casier judiciaire était vierge. « La sanction est inévitable mais cela ne mérite pas du ferme », plaide-t-elle. 

Le prévenu donne alors le mot de la fin. « Quand je suis arrivé à l’hôpital, j’étais dans un état de détresse », explique-t-il. « Je ne pouvais pas respirer et je n’ai pas pu me contrôler, je n’étais pas conscient », a-t-il continué. Il a ensuite précisé l’endroit de douleur pour finalement demander pardon et estimer que son comportement n’était pas normal. 

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