Antoine Mellies vient de prendre la tête de la section Rhône du Rassemblement National.

Antoine Mellies : « Nous devons parler à tous les Français. »

Antoine Mellies, conseiller municipal Rassemblement National de Givors et conseiller régional, a pris les rênes de la section départementale du Rhône début juillet. Sa première mission sera de constituer les listes en vue des élections municipales et des métropolitaines.

«Lyon Bondy Blog :  Quelles sont les raisons du remplacement de Muriel Coativy ?

Antoine Mellies : Cela faisait longtemps qu’elle était déléguée départementale du Rhône. C’est un département « transitoire » sur notre carte électorale. On se maintient à un bon niveau sur le plan électoral, même s’il y a des forts contrastes entre la métropole de Lyon et les territoires péri-urbains et ruraux. Notre parti est à la recherche d’une alchimie assez subtile. Le fait que je sois un élu local qui ait prouvé que peu importe la sensibilité, on pouvait enraciner notre mouvement politique dans des banlieues majoritairement socialo-communistes. J’ai une expérience parlementaire comme collaborateur parlementaire de Steeve Briois. Tout ça a poussé les instances à muscler notre jeu au niveau de la fédération. Ce n’est pas une sanction puisque nous avons une vision souple. Les délégués départementaux ne durent pas plus de 2 ans.

LBB : Aura-t-elle sa place aux prochaines élections ?

A.M. : Bien évidemment, elle aura sa place au sein du bureau restreint de la fédération. Son expérience de la gestion interne est précieuse et je compte m’appuyer dessus pour créer une force de frappe politique à la rentrée de septembre 2019.

LBB : Après la dernière élection présidentielle et son changement de nom, votre parti  a mis à l’écart certains cadres comme Christophe Boudot, pourquoi ?

A.M. : Christophe Boudot n’a pas été mis à l’écart. Il est toujours conseiller régional, conseiller municipal de Lyon et président du groupe à la Métropole de Lyon. Il a lui-même décidé de démissionner de sa fonction de président du groupe à la région pour la simple et bonne raison qu’il a son  entreprise et qu’il n’avait plus le temps de tout gérer. Je n’appelle pas ça une mise à l’écart. C’est une personnalité politique lyonnaise qui a beaucoup de responsabilités, il a fait le choix de l’efficacité pour consacrer plus de temps disponibles à son projet professionnel. Il aura un rôle à jouer mais nous déciderons duquel dans le courant de l’été.

LBB : Marion Maréchal le Pen aura-t-elle un rôle dans ces élections ?

A.M. : Elle a une aura nationale et non locale. Même si l’ISSEP est basée à Lyon, lorsqu’elle intervient dans le débat public c’est au niveau national en vue d’élections nationales.

LBB : Vous n’avez pas de mairie dans le Rhône, quels seront vos objectifs ?

A.M. : Déjà notre objectif est de présenter des candidats sur nos points forts mais également d’être présent sur des territoires où certains pensent que l’on aurait tendance à disparaître comme le parti communiste. Notre ambition n°1 est d’être un mouvement national. C’est-à-dire que nous devons parler à tous les français qu’ils viennent des territoires ruraux, péri-urbains ou des métropoles. Je pense qu’il y aura un beau message et une belle campagne à mener à Lyon. Personnellement, je n’ai pas encore pris ma décision définitive de savoir si je serais candidat à Lyon ou à Givors. là-bas, les jeux sont clairement ouverts comme dans d’autres communes. Les conditions sont réunies pour gagner soit avec une liste RN soit pour avoir les conditions favorables créer une coalition locale avec des personnes de bonne volonté issues des Républicains, des divers droites ou d’autres.

LBB : Comment expliquez-vous que le Rassemblement National fassent de bons scores dans le Rhône mais n’ai pas d’assise territoriale ?

A.M. : C’est compliqué d’implanter un mouvement politique né dans l’opposition. Un travail a été mené puisque on a déjà été en mesure de présenter beaucoup de listes aux dernières municipales. Il y avait un processus d’exclusion de notre mouvement politique avec un refus de négocier. Cela a volé en éclat avec la présidentielle de 2017 et les Européennes. Certains maires de droite vont-être en difficulté. Dans ces communes nous serons en mesure de peser sur le scrutin municipal. Même si l’on ne gagne pas nous devons pousser pour forcer des coalitions. Ce sera notre objectif de présenter des candidats crédibles sur des communes du département mais également de la métropole. Nous devons être présents là où nous avons réalisé de bons résultats comme l’est et le sud. Nous étions en tête sur circonscriptions comme Vénissieux / Solaize / Feyzin / Corbas et Vaulx-en-Velin / Décines / Meyzieux / Jonage. Ce ne seront pas les mêmes élections mais ça démontre que nous serons en mesure de faire tomber des exécutifs locaux mais également de faire élire suffisamment d’élus métropolitains pour peser politiquement au sein de ce nouveau conseil de la Métropole. J’espère qu’elle sera un peu plus démocratique car elle a donné l’impression à beaucoup d’être la capitale de l’entre-soi. Nous voulons changer cela et nous serons très ferme sur ce point. Nos instances nationales nous ont passé la consigne de faire un gros effort d’alignement des candidats. Il faudra être très vigilant sur leur capacité à monter une liste mais également sur leur capacité à siéger comme élu d’opposition pendant 6 ans. C’est un des mandats les plus ingrats. Vous êtes dans un contexte local où le maire a beaucoup de pouvoir et le mandat de conseiller municipal est totalement bénévole, sans frais. Il y aura des tests, on va faire du suivi, du terrain avec les candidats pour être en mesure de détecter ceux qui seront au niveau et ceux qui n’auront pas vocation à être tête de liste. Nous devrions pouvoir aligner plus de monde que lors des élections municipales car nous sommes devenus attractifs. Les gens voient que l’étiquette RN permet de peser sur les débats même au niveau national.

 LBB : Vous parliez d’alliance avec Les Républicains voire d’autres, sur quelle base ?

A.M. : Elle se fera sur l’état d’esprit de chacun des candidats. Ensuite nous allons regarder le bilan et le projet. Il y a des élus de droite et de gauche qui se sont adonnés au clientélisme, ont laissé prospérer le clientélisme ou ont fait exploser les dépenses de fonctionnement. Les Français nous font confiance car nous ne varions pas de ligne politique en fonction de nos intérêts. A Givors, j’aurais pu mettre de l’eau dans mon vin pour ne pas froisser un tel ou un tel. Je considère qu’il faut-être toujours soi-même et que j’étais élu pour défendre des convictions portées à l’époque par 25% des électeurs givordins en 2014. Cet état d’esprit nous permettra de présenter des candidats. Notre mouvement politique doit être présent dans les territoires car il est majoritaire dans le peuple français et il doit donc l’être dans les communes. Il y aura un gros enjeux en matière d’animation politique de la fédération de détections des forces vives. Il faudra montrer à certains que sur la base de convergences, ils ont tout intérêt à travailler avec nous plutôt que l’inverse. Sinon, ils se retrouveront malheureusement à enchaîner les défaites.

LBB  : Vous êtes donc prêts en cas de triangulaire à vous désister pour un autre candidat ?

A.M. : La stratégie n’a pas encore été décidée. Tout est ouvert et ce sera du cas par cas. Ce qui est certains c’est qu’il faut avoir des listes soutenues par le Rassemblement National, la droite populaire de Thierry Mariani ou d’autres formations alliées. Dans les faits il y a eu une ouverture. Nous avons fait élire deux députés anciennement LR : Jean-Paul Garraud et Thierry Mariani auxquels s’ajoutent Hervé Juvin. Ces trois personnalités vont animer ce courant de la droite populaire qui a vocation à créer des passerelles et des sas de décompression entre notre mouvement et des Républicains déçus qui voudront suivre leurs partisans. Andrea Kotarac aura également cette vocation puisque je sais qu’il y a déjà des discussions avec des membres de République Souveraine, d’anciens mélenchonistes. La vocation du RN c’est unir, rassembler. A la faveur du mouvement des Gilets Jaunes, beaucoup de cadres la France Insoumise qui hésitaient entre la ligne populiste et la ligne gauchiste de Clémentine Autain ont choisi la première et sont prêts à aller plus loin.

LBB : Nous pouvons donc imaginer qu’il y aura des anciens de la France Insoumise sur les listes RN aux prochaines élections municipales ?

A.M. : Tout est possible. Je vais vous prendre un exemple : je suis élu dans une commune qui est géré par le Parti communiste depuis 1953. Vous imaginez bien que lorsque Marine le Pen a recueilli 2000 voix au deuxième tour de la présidentielle, il y avait parmi elle beaucoup d’anciens électeurs communistes ou qui avait voté Mélenchon au premier tour. Aux Européennes nous avons frôlé les 30% à Givors et que parallèlement il y a eu une très forte mobilisation des gilets jaunes sur le rond-point, il y a eu une porosité. Il y a dans ces zones péri-urbaines, périphériques une convergence d’intérêt sur les aspects sociaux et économiques. Marine le Pen ayant un discours assez équilibré, a réussi à gérer plusieurs tendances. Elle arrive à parler à tout le monde, c’est l’enseignement majeur de ce scrutin des européennes et j’espère celui des prochains scrutins. »

 

 

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