Thierry Mariani, force électorale du Rassemblement National

Le 7 janvier, l’ancien ministre et député Thierry Mariani a officialisé son ralliement au Rassemblement National. Il était ce mercredi soir dans le deuxième arrondissement de Lyon, au café de la cloche, pour y parler Europe des nations et politique internationale.

Malgré la mise en examen de la sœur de la présidente du parti,  Yann le Pen,  et du compagnon de Marine le Pen,  Louis Alliot pour des soupçons d’emplois fictifs au parlement européen, le Rassemblement National a réalisé le premier gros coup de l’année. Thierry Mariani, ex-ministre des transports de Nicolas Sarkozy et député de 1993 à 2010 et de 2012 à 2017. Ce dernier ayant pourtant lancé sa carrière en défiant sur ses terres et en dominant à plusieurs reprises la figure du  FN local Jacques Bompard dans la quatrième circonscription du Vaucluse. Lassés par les jeux d’alliance stériles et idéologiques avec le centre, son comparse ex-député de la Gironde Jean-Paul Garraud et lui, ont brisé le plafond de verre en janvier. 

« Un besoin de cohérence »

 « Depuis des années j’étais dans une formation où l’on tenait un discours en sachant que l’on ne pourrait pas l’appliquer. Je regrette qu’aujourd’hui nous soyons dans la même situation. » Thierry Mariani poursuit en comparant la politique à une épreuve de patinage artistique : « les figures libres c’est annoncer que l’on va faire une politique radicale sur l’immigration, qu’on va avoir des mesures précises sur l’identité. Des mesures que l’on n’a jamais pu appliquer. » Il reproche les tentatives d’alliance vouées à l’échec entre la droite et le centre, à cause des questions régaliennes et sociétales. Pour Thierry Mariani l’union des droites était pourtant naturelle mais regrette que Laurent Wauquiez n’ait pas eu le courage « de casser le cadre dans lequel la droite est assignée à domicile depuis Mitterrand ». Il dénonce la tromperie des militants alors que plus aucune barrière n’existe entre les deux partis, selon lui. « Il y a 20 ans, on a dit il y a des déclarations inadmissibles, il y a 10 ans c’étaient les positions irréconciliables sur l’Europe. Aujourd’hui c’est quoi ? »

 

Le dernier frein à la réconciliation évoqué fait les choux gras de la presse d’Outre-Manche : la sortie de l’Union Européenne. En 2016, Marine le Pen avait exulté sur twitter à l’annonce de la victoire du camp des pro-brexit.

Depuis les difficultés de Theresa May, embourbée tel un oiseau dans une marée noire, ont fait reculer les plus fervents. Après le départ du dauphin déchu, Florian Philippot, le RN a également tourné la page d’un retour au franc. « Notre position est très claire aujourd’hui. On reste dans l’Union européenne pour la changer de l’intérieur, on reste dans l’Euro mais on veut le réorienter. C’est possible car aujourd’hui nous avons un certain nombre d’alliés qui font que le parlement ne parle pas que d’une seule voix ».

Le projet européen du Rassemblement National

Le logiciel de pensée de la liste conduite par Jordan Bardella est proche de celui d’Emmanuel Macron sur un point. Cette élection va opposer les « progressistes » aux « populistes » que sont Matteo Salvini, Viktor Orban et Marine le Pen. Thierry Mariani ne fait aucune distinction entre son ancien parti et la liste « Renaissance Européenne » conduite par Nathalie Loiseau. Il distingue deux grands défis. Les premiers étant la réorientation de la politique monétaire. l’Euro afin de favoriser la croissance économique. « Nous avons la plus faible croissance de l’ensemble des zones géographiques car l’Allemagne se sert de l’Euro pour éviter l’inflation alors que la réserve fédérale américaine privilégie croissance et emploi ».

Concernant les relations tendues entre la France, l’Union européenne et la Russie, Thierry Mariani souhaite une équidistance. Sur le sujet sensible de l’intervention en Syrie, l’ancien membre du comité d’éthique de Russia Today déclare : « Je regrette que la France suive aveuglement les USA sur les sanctions contre Moscou. » Concernant son soutien à Bachar Al-Assad, Thierry Mariani répond : « en temps de guerre il faut savoir choisir ses alliés. » Alors que la guerre civile et contre daesh a fait, selon les estimations, 217 000 morts civils, l’ex-député des Français de l’étranger a rendu plusieurs fois visite au dirigeant syrien. « Je ne crois pas à une Europe de la défense car nos intérêts et les moyens divergent. Nous sommes l’un des rares pays à avoir cette capacité de déploiement. L’Allemagne commence à nous aider avec du matériel et de la logistique mais ça reste marginal ». Avec la sortie programmée du Royaume-Uni, la France est la seule puissance à détenir l’arme nucléaire dans l’UE.

Frontières à la demande

Fidèle à ses habitudes le Rassemblement National s’est montré très offensif sur la question des réfugiés ou du travail détaché. « On nous dit que Macron a obtenu un succès en renégociant la directive sur les travailleurs détachés, or depuis 2010 on est passé de 111 000 travailleurs détachés à 516 000 en 2017. C’est du dumping social organisé. » La directive des travailleurs détachés prévoie qu’une entreprise d’’un pays membre de l’UE peut envoyer ses salariés travailler dans un autre état membre pour une durée d’un an, renouvelable pour 6 mois. Passé ce délai le salarié bénéficiera toujours d’un salaire égal aux locaux mais l’employeur s’acquittera des cotisations selon la politique du pays où se déroule la mission.  Par ailleurs Thierry Mariani oublie de préciser que si les chiffres ont grimpé c’est principalement dû à un renforcement des contrôles contre le travail illégal.

Sur la crise des réfugiés, les anciens frontistes se félicitent de la mise à quai définitive de l’Aquarius. Concernant les demandeurs d’asile, il remet en cause les quotas d’accueil alors que la France ne remplit pas les engagements pris par François Hollande. « Concernant les réfugiés issus de pays musulmans, comme les Ouïghours, ils doivent aller dans des pays musulmans. C’est un risque de développer les formes d’islam les plus radicales. Je pense que chaque pays doit pouvoir rétablir des frontières comme bon lui semble. »

Là aussi les idées du futur député européen sont déjà appliquées car selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU, 1/3 des réfugiés syriens sont en Turquie, 1 million est réfugié au Liban. Par ailleurs le code communautaire de l’UE prévoit déjà un possible rétablissement des frontières comme ce fût le cas après les attentats du 13/11/2015 à Paris ou du marché de noël de Strasbourg en décembre.

 

En attendant les élections du 26 mai, le Rassemblement National est ex-aequo avec la liste LREM avec 23% des intentions de vote selon un sondage Opinionway pour les Echos, daté du 28 mars. Des candidats du parti seront à Villeurbanne le mercredi 22 mai prochain.

 

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