Anthony Serex : « Parfois, il faut savoir taper du poing »

À l’occasion de l’Assemblée Générale de l’ASUL Vaulx-en-Velin handball, le président, Anthony Serex, revient sur la saison 2018-2019 de l’équipe féminine évoluant en D2. Ce dernier, qui cédera sa place ce mardi 11 juin, nous explique comment le club a réagi face aux nombreux départs dans l’équipe et les objectifs des prochaines saisons.

Lyon Bondy Blog : L’équipe D2 est en totale reconstruction, quels sont les objectifs de la saison prochaine ?

Anthony Serex : Les mêmes que cette année, c’est-à-dire jouer les play-offs en première partie de saison pour avoir une deuxième partie de saison plus tranquille. Même si cela risque d’être plus compliqué avec une équipe plus jeune et effectivement en totale reconstruction, puisqu’il y a eu 9 départs, ce qui représente presque 50 % de l’effectif. On ne mise pas tout sur une étrangère qui a un bras monstrueux à l’arrière, nous on joue ensemble, très rapidement et on épuise nos adversaires, en 45 minutes elles ne savent plus où elles sont sur le terrain. L’ASUL Vaulx-en-Velin est un rouleur compresseur, on peut battre n’importe qui, c’est notre force. L’équipe est très difficile à gagner à domicile, malgré le peu d’ambiance et d’engouement autour d’elle.

LBB : Romain Conte, l’ex-entraineur de l’ASUL part pour le centre de formation de Saint-Raphaël, cherchez-vous, pour la nouvelle saison, le même profil de coach ou un autre profil ?

A.S : Nous l’avons déjà trouvé et heureusement ! C’était une surprise que Romain Conte parte cette année, il s’est formé avec le groupe et a désormais la chance de diriger un centre de formation, nous sommes heureux pour lui. Nous avons vite recherché un profil similaire. Nous ne voulions pas un entraineur serbe ou croate avec 30 ans d’expérience et qui nous coûteraient une fortune, mais un jeune qui allait faire sa formation et grandir avec l’ASUL encore une fois. C’est Ludovic Seutchie, il vient du Fenix Toulouse et n’a aucune expérience du haut niveau (D2). Il s’est occupé des -18 ans en Championnat de France de son club, qui est en Lidl Starligue. Il a formé les meilleurs jeunes français de Toulouse et a fait un peu de formation avec les joueurs de D1 individuellement. En réalité, Ludovic Seutchie a côtoyé le haut niveau mais ne l’a jamais entrainé. Ce jeune entraineur recherchait un projet pour aller vers le haut niveau. Il ne connaît pas encore le secteur féminin, mais a beaucoup travaillé dans les quartiers en tant qu’animateur. Le projet sportif et sociétal de l’ASUL l’a passionné. Comme Romain Conte il va s’impliquer et va davantage travailler sur cet axe sociétal, avec les écoles de Vaulx-en-Velin, des animations dans les quartiers pour aller chercher des jeunes filles en bas des quartiers et les amener au club. Nous avons un pôle éducation et insertion par le sport qui est un axe majeur du club. Nous proposons un suivi éducatif et un parcours d’insertion professionnels à toutes les licenciées. Ma grande fierté en tant que président, c’est la réussite personnelle des joueuses.

L’équipe en D2 de l’ASUL Vaulx-en-Velin handball en match.
LBB : La Capitaine Nina, Estelle Memana, Florence Morel et encore d’autres joueuses partent de l’équipe pour diverses raisons. Avez-vous des partenariats avec des universités lyonnaises ou d’autres clubs afin de recruter de futures joueuses ? Où en sont vos recrutements pour la saison prochaine ?

A.S : Nous avons des partenariats avec toutes les universités surtout avec SATPS, puisqu’on a beaucoup de joueuses de cette université qui ont des horaires aménagés. Avec l’INSA, tous les ans, nous accueillons 1 ou 2 handballeuses qui viennent faire leurs études d’ingénieur à Lyon. Nous travaillons aussi avec le pôle espoir de Lyon, mais ces filles du pôle jouent en N2 et en –18 ans. Je suis surpris que nous n’ayons pas d’avantage avec les joueuses étrangères qui viennent faire leurs études à Lyon et qui pourraient venir à l’ASUL.

Nous avons recruté 8 filles pour le moment. Sur les 8, il y en a 2 qui viennent de chez nous, les autres joueuses viennent des centres de formation de Metz et Bourg-de-Péage, la plus lointaine vient de Nantes. Nous avons également des apports de l’extérieur pour avoir de l’expérience sur des postes clefs. Il nous manque le poste de gardienne aujourd’hui, puisque nos 2 gardiennes d’expérience nous quittent. C’est un poste d’expérience, où il faut jouer avec l’adversaire, les matchs se jouent plus dans la tête que dans les performances physiques. C’est un renouvellement par la jeunesse.

LBB : Au mois d’octobre/novembre, l’équipe a enchainé quelques défaites, que s’est-il passé ?

A.S : Il y a eu des tensions dans l’équipe, mais également plusieurs blessures. Chaque saison, on a un début fort en enchaînant les victoires puis on a un petit coup de mou à cette période.  De plus c’était la première année où il y a eu les play-offs et play-down, avant on pouvait se relâcher et se dire que lors de la 2epartie de saison on allait pouvoir se rattraper. Maintenant c’est plus possible, il faut être en play-offs dès le mois de janvier. Il y a eu des réunions de crise. Nous leur avons fait comprendre les objectifs, pour qu’elles soient tranquille au mois de janvier, elles devaient se qualifier avant et elles l’ont fait. Parfois il faut taper du poing.

Nous ne sommes pas une équipe professionnelle, il y a des écarts entre les filles avec des exigences parfois différentes. Créer l’osmose dans tout ça n’est pas toujours facile. Lorsque vous vivez 5 jours sur 7 ensemble, que tous les week-ends vous êtes ensemble en faisant des déplacements à l’autre bout de la France, c’est particulier et il y a toujours des tensions qui se créent.

LBB : Sur les derniers matchs, la capitaine Nina était en retrait au profit de Marion Grange, pourquoi le jeu était-il différent selon vous ? En quoi Marion Grange est un pilier de l’équipe et une formatrice pour les jeunes ?

A.S : Pour moi, il était différent, elles n’ont pas le même style de jeu et sont efficaces toutes les deux.

Marion doit être la plus âgée de l’équipe maintenant, c’est une capitaine historique qui a été formé à l’ASUL. C’est un pilier du club et une joueuse de devoir. Quand elle rentre sur le terrain, elle donne son corps entier à l’ASUL Vaulx-en-Velin, elle est impliquée à 100 %. Il faut savoir que c’est une joueuse qui s’est brisée deux vertèbres en jouant au handball. Elle a fait 6 mois à l’hôpital, on pensait qu’elle n’allait même plus marcher, aujourd’hui elle joue en D2, ça veut tout dire. Elle est indestructible, elle fait des choses phénoménales aujourd’hui sur le terrain. Pour les jeunes c’est un modèle ! La joueuse de l’ASUL Vaulx-en-Velin, c’est Marion Grange. D’ailleurs elle rentrera au conseil d’administration prochainement.

LBB : Selon vous, la saison 2018-2019 est réussie ? Si oui, en quoi l’est-elle ?

A.S : Oui, c’est une belle année grâce aux qualifications en play-off avec un maintien en D2 assuré dès le mois de janvier. Elle est réussie sportivement, sur le plan de l’éducation et l’insertion par le sport et sur celui de la structuration du club. La fin de saison a été sportivement satisfaisante, mais compliquée à gérer dans les tensions. On voit le nombre de départ, dans les 9, il y en a au moins 3 qui sont liées à ses tensions…

C’est également la saison où il y a eu le moins de commission de discipline et je tiens à le dire ! Avec les jeunes j’ai été assez sévère au début, j’ai essayé d’inculquer le respect des règles et de l’autre. Cette année il n’y en a eu qu’une ou deux. Les jeunes se comportent de mieux en mieux et c’est une vraie réussite. Les années précédentes, il y a eu des envahissements de terrains, des bagarres générales, parfois c’est rock’n’roll à l’ASUL Vaulx-en-Velin. On a fait des commissions de discipline, on en a exclu, ça va mieux maintenant.

LBB : Passez le niveau supérieur est une question d’argent, dans combien de temps pensez-vous pouvoir y accéder ?

A.S : On n’en est pas loin. Pour monter en LFH, il faut avoir le statut VAP (Voix d’Accès à la Professionnalisation) et être premier du classement. Ce statut nécessite un budget de 550 000 €. Le nôtre est de 450 000 € aujourd’hui. Nous avons le deuxième plus petit budget des clubs de handball de France. Mais ce n’est pas tout d’avoir l’argent, il faut avoir la structure qui va avec. On pourrait avoir l’argent en disant que la municipalité met à disposition des appartements ou en comptant la location de la salle, mais nous ne sommes pas prêts du tout, je l’espère d’ici 2/3 ans. Cela ne sert à rien de griller des étapes, il y a beaucoup de clubs qui le font et redescendent l’année suivante avec des comptes catastrophiques. Pour monter en LFH, il faut réalité 1 million d’euros. Nous avons un salarié à temps plein qui s’occupe des partenariats privés, représentant 60 000 € à ce jour, il doit être doublé chaque année pour atteindre l’objectif, à nous de travailler. Nous sommes à Lyon, sur un territoire économiquement fort, alors nous avons espoir d’y arriver. Le prochain président est consultant d’entreprise, accompagné d’un chef d’entreprise avec lui, ce n’est pas pour rien que l’on a choisi des chefs d’entreprises pour continuer le travail et progresser. Nous emmenons toute une jeune génération de joueuses qui ont 18/20 ans, si on ne leur promet pas la LFH dans 2/3 ans elles vont aller voir ailleurs.

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