À Lyon, l’art métamorphose le tramway en « transporteur de messages »

Ce mercredi dans le 3ème arrondissement, la Métropole de Lyon inaugurait une rame de tramway à l’esthétique revisitée par l’artiste lyonnaise, Morgane Fadanelli. Le revêtement du transport en commun vise à la fois à soutenir la lutte LGBT+, mais aussi à promouvoir la culture dans la métropole.

Dans la capitale des Gaules, prendre le tramway n’est plus si trivial, cela peut être porteur de sens. Hier, à l’occasion du Mois des Fiertés, la Métropole de Lyon présentait une rame de tram revisitée en hommage à la cause LGBT+. Cette action s’inscrit dans le cadre de la Convention locale de lutte contre les violences à l’encontre des personnes LGBT+. Elle est en vigueur sur le territoire métropolitain depuis 2020. Ce projet a été initié conjointement par la Métropole de Lyon, l’agence d’illustration Kiblind et Sytral Mobilités, l’autorité organisatrice de transports de la métropole et du Rhône.

L’artiste lyonnaise, Morgane Fadanelli, contactée par l’agence Kiblind, a eu carte blanche pour revêtir la rame de son art. Jean Tourette, co-directeur de l’agence explique que l’univers de Morgane l’avait poussé à la choisir pour ce projet. « On a pensé à Morgane. L’idée, c’était de choisir une artiste lyonnaise. On a la chance à Lyon d’avoir de superbes illustratrices et illustrateurs. On s’est tout de suite projeté avec l’univers de Morgane pour rendre visible efficacement un message humaniste, de tolérance et de liberté ». Dix jours ont suffi à l’artiste pour embellir le tram à son image. Elle partage son inspiration. « Le thème m’a beaucoup inspiré. J’ai essayé de produire le visuel le plus bienveillant possible et qui dégage un sentiment d’amour et de fierté. Le but était de toucher un maximum de personnes », résume-t-elle.

De l’intérieur, le tramway reste inchangé, notamment pour des raisons de sécurité.

« Construire une métropole inclusive »

La lutte contre les violences faites aux personnes LGBT+ était au centre de l’initiative. Au total, 52 actions ont été conduites par la Métropole de afin de mettre fin à ces violences. Michèle Picard, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de l’égalité hommes-femmes et de la lutte contre les discriminations, a pris la parole lors de l’inauguration de la rame. Elle est revenue sur les violences faites aux personnes LGBT+ au niveau national. « En France en 2021, SOS Homophobie a reçu 1515 témoignages de violences à l’encontre de personnes LGBT+ dont 144 agressions physiques. Ce sont déjà 1500 témoignages de trop, mais ce n’est qu’une vision très partielle de la réalité. On sait que la majorité des actes ne sont jamais déclarés par les victimes », analyse Michèle Picard. Elle explique le choix comme support, de la rame de tram. « À l’image de la diversité de la population qui utilise les transports en commun, le tramway nous est apparu comme le vecteur de communication idéal pour porter ce message dans toute la métropole », a défendu la maire de Vénissieux.

Pour la Métropole, l’objectif de cette action est d’affirmer sa volonté de mettre fin aux violences faites aux personnes LGBT+. Michèle Picard a insisté sur l’importance de la collaboration entre les différents acteurs locaux pour faire changer les mentalités. « C’est en portant collectivement ces convictions que nous réussirons à combattre les stéréotypes, et à construire, une métropole inclusive », a-t-elle soutenu.

La Métropole de Lyon s’est associée à Sytral Mobilités pour rendre possible ce projet, sans trop de difficultés. Bruno Bernard, présent à l’inauguration, est le président du conseil métropolitain, mais aussi de Sytral. Pour lui, le tram est idéal pour briser le tabou autour des violences faites aux personnes LGBT+. « Ce sujet est à mettre en avant et à assumer. Sur le tramway, il aura une grande visibilité ».

Le président de la Métropole a insisté sur la plus large visibilité de la culture que permet ce type d’action. « On multiplie les initiatives d’habillage de tramway pour mettre en avant le travail d’artistes aux styles différents ». Ce type d’action, laissant le champ libre aux artistes pour redonner vie à des lieux du quotidien, devrait se développer encore plus. « On a vraiment la volonté d’amener au maximum l’art et la culture dans les transports en commun. On va aussi habiller des stations de métro dans les mois prochains. Cela donne un accès à la culture à tous les usagers, qui pour certains, n’en ont pas vraiment », s’enthousiasme Bruno Bernard.

Jean Tourette (à gauche), Morgane Fadanelli (à gauche), Bruno Bernard et Michèle Picard ont tour à tour pris la parole.

Si vous comptez prendre ce tram aux couleurs vives, il desservira les voies T3 et T4. D’après Bruno Bernard, il devrait être en circulation au-delà du Mois des Fiertés, qui se termine à la fin du mois de juin. « Ce tramway va circuler au moins un an car la lutte contre les discriminations est permanente ».

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Rémi Capra-Brocard

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