Ce lundi 30 juin 2025 , Hélène Geoffroy maire de Vaulx-en-Velin (PS), à convoqué la presse, pour présenter son programme d’action pour la dernière année de son mandat avant les municipales de 2026.
Elle a détaillé son plan structuré autour de trois axes principaux, avec un objectif central : reprendre la ville au narcotrafiquants,en réinvestissant l’espace public.
La lutte contre le narcotrafic devient un enjeu national
Élue maire depuis 2014 de la cité vaudaise, Hélène Geoffroy dresse un constat sans détour :
« Jamais en onze ans de mandat, il n’y a eu autant de discussions sur la sécurité liée au narcotrafic. »
Elle évoque également la présence grandissante du trafic du drogue dans la ville. Maintenant le deal et les transactions se déroulent à ciel ouvert alors qu’auparavant seule la toxicomanie était visible. Elle appuie également sur le changement d’ampleur du narcotrafic, en expliquant que la France est devenu le premier pays de consommateur de drogue mais également que les réseaux de trafiquants se sont restructurés.
Aujourd’hui, les chefs de cartels se trouvent souvent à l’étranger et les dealers présents à Vaulx ne sont pas forcément vaudais. Elle cite l’exemple du jeune tué en avril au Mas du Taureau, impliquant un suspect originaire de Paris recruté via les réseaux sociaux. Beaucoup de personnes interpellées ne sont d’ailleurs pas vaudaises, car interdites de séjour dans leurs propres villes.
Face à ces restructurations les solutions doivent également se transformer, le dialogue avec la population n’est plus possible puisque les réseaux sont nationalisés voire internationalisés.
Sécuriser, animer et mobiliser
Pour y répondre, la mairie déploie un plan d’action articulé en trois axes. Le premier objectif est de sécuriser l’espace public. La ville compte déjà 128 caméras de vidéosurveillance, toujours surveillées par un opérateur.
L’éclairage public reste allumé toute la nuit et certains espaces sont désormais clos pour éviter leur détournement. La police municipale dispose aussi d’une brigade spécialisée et réalise des convocations pour les personnes interpellées en cas de délits.
À chaque démantèlement de point de deal opéré par l’État, la ville intervient ensuite pour réaménager les espaces publics et les rendre moins propices aux trafics. «L’urbanisme des années 1970, avec ses buttes servant de postes de guet, complique la tâche. Mais on avance», souligne Hélène Geoffroy, évoquant notamment le quartier du Mas du Taureau.
Le second axe vise à animer et réinvestir l’espace public grâce à une présence humaine renforcée. Cet axe prend effet après le démantèlement pour empêcher les réseaux de se reformer, puisque la population s’y prend effet après le démantèlement pour empêcher les réseaux de se reformer, puisque la population s’y trouvera. La mairie consacre désormais 400 000 € par an à ces dispositifs, contre 100 000 € auparavant.
Pendant les deux mois d’été, deux grands sites accueillent chaque soir des animations culturelles, sportives ou de prévention jusqu’à minuit. Piscines, structures gonflables, stands associatifs et clubs sportifs participent à ces soirées.
« L’idée est d’éviter que les inégalités se creusent pendant l’été et de limiter les violences urbaines. Plus il y a de monde dehors, moins les points de deal peuvent s’installer », explique la maire.
Elle se réjouit également des effets positifs de ces mesures, en appuyant sur l’absence d’émeutes (hormis celle pour Nahel) et la diminution rodéo.
La municipalité souhaite également étendre cette présence à l’année, en rouvrant des services publics comme la médiathèque pendant les périodes estivales, les week-ends et les vacances scolaires.

Mieux accompagner parents et jeunes
La troisième priorité est de mobiliser la jeunesse et accompagner les familles. Hélène Geoffroy insiste sur la nécessité de cesser de voir les jeunes uniquement comme des victimes ou des délinquants. Même les plus jeunes, « dès 8 ou 10 ans », lui parlent de sécurité et des points de deal qu’ils croisent sont sur le chemin de l’école. Les plus grands trouvent même des solutions en soulignant parfois la dangerosité de certaines activités qu’ils ont pu pratiquer, comme les rodéos.
Pour soutenir les parents, souvent « démunis face à la consommation de stupéfiants de leurs enfants », la ville a mis en place un Fonds de parentalité, une première en France, accessible à tous les parents d’élèves.
« Parfois, des jeunes s’endettent sans que leurs parents le sachent, puis basculent dans le deal pour rembourser. Il faut anticiper », alerte la maire.
Un Conseil des parents a aussi vu le jour pour travailler sur les droits et devoirs familiaux et sur les difficultés spécifiques liées à la société numérique et aux réseaux sociaux.
La mairie consacre également 150 000 € par an aux initiatives de la jeunesse. Elle a relancé des associations de jeunes, disparues après les émeutes des années 1990, et soutient l’organisation d’un forum de la jeunesse, entièrement conçu par les jeunes eux-mêmes. Ces derniers participent aussi à la communication sur les réseaux sociaux pour mieux toucher leur génération.
Pour Hélène Geoffroy, la lutte contre le narcotrafic ne peut pas reposer uniquement sur la répression. Elle plaide pour une mobilisation collective :
« Si tout devait être fait par la mairie seule, ce serait impossible. Il faut sanctionner, mais aussi fairela prévention et l’impliquer les habitants. »
Quant aux craintes de gentrification autour de la rénovation urbaine, notamment au Mas du Taureau, la maire se veut rassurante.
« Il n’y a pas de volonté de chasser les habitants. Je veux une ville où tout le monde puisse rester et où ceux qui s’en sortent mieux n’aient pas peur pour l’avenir de leurs enfants. »
Doté d’un budget total de 6 millions d’euros, ce plan entend rendre le trafic « moins confortable, plus difficile » et redonner à Vaulx-en-Velin une image positive. Hélène Geoffroy conclut :
« Les habitants veulent savoir ce qu’ils peuvent faire, eux aussi. C’est un signe que la société est prête à se mobiliser. »
Article signé par Ines Belghit