La nouvelle licence en sciences et sociétés se situe à mi-chemin entre les classes préparatoires du Lycée du Parc et les cours dispensés à l’ENS de Lyon. Ce cursus hybride et pluridisciplinaire, qui insiste sur les enjeux contemporains, est en partenariat avec des Grandes Écoles.
Le Lycée du Parc et l’École Normale Supérieure s’associent pour proposer un nouveau bachelor en Sciences et Sociétés. Cette initiative s’inscrit dans le principe des Cycles Pluridisciplinaires d’Études Supérieures (CPES), catégorie à part entière sur Parcoursup. Ce type de parcours permet aux étudiants une spécialisation progressive et une formation exigeante grâce à l’interdisciplinarité et un cadre qui se situe entre l’Université et les classes préparatoires. « La marque de fabrique est d’associer un établissement d’études supérieures avec un grand lycée du même site académique », explique Jean-François Pinton, directeur de l’ENS de Lyon.
En cela, le cursus est innovant à double titre par sa pluridisciplinarité et sa pédagogie. D’après François Beckrich, proviseur du Lycée du Parc, il « marie le meilleur de deux mondes, celui des classes préparatoires et celui de la formation universitaire, avec une ouverture sur la recherche et les grandes écoles ». Le diplôme délivré permettra, outre l’accès à des masters à l’Université en France et à l’étranger, d’intégrer des grandes écoles par dossier. Celles du CHEL[s] (Collège des Hautes Études Lyon Sciences) où on retrouve notamment Science Po et l’École Centrale sont privilégiées. Elles ont déjà manifesté un intérêt pour ce type de profils.
Une focalisation sur les enjeux contemporains
La formation est divisée en deux spécialités comptant chacune 24 places, « Sciences » et « Économie et société », qui sont complétées par un tronc commun. Les professeurs ont imaginé un ensemble de cours original propice à l’acquisition des compétences nécessaires pour comprendre les enjeux contemporains. Emmanuel Buisson-Fenet, professeur de sciences économiques et sociales au Lycée du Parc déclare : « On a essayé de trouver un équilibre entre donner une culture pluridisciplinaire ouverte à la fois aux sciences de l’environnement et les sciences humaines et sociales ». Le parcours sciences se concentre sur les sciences de la nature comme la biologie, la chimie, la physique, tandis que le parcours sciences humaines et sociales se penche sur l’économie, la sociologie, la science politique l’histoire, la géographie, la géopolitique. Les deux bénéficieront de cours en mathématique avec des visées différentes.
La spécificité de la formation réside certainement dans les enseignements du tronc commun. Outre les lettres et la philosophie, on compte l’informatique, l’algorithmique, l’introduction à la production et l’usage des données, « utile dans un monde où les big-data sont omniprésentes ».
Emmanuelle Boulineau, professeure de géographie à l’ENS de Lyon, précise les profils recherchés : « On souhaite capter des étudiants qui ont une grosse appétence pour les enjeux contemporains, par exemple autour de la responsabilité environnementale ou du développement durable, des enjeux de santé globale, de science des données, ou alors les crises, les risques dans un monde globalisé. On va les former à réfléchir de façon transversale sur ces enjeux ». Le processus de sélection est classique : une attention particulière est portée aux bulletins de terminale, à la Fiche avenir et au projet de formation motivé par une commission des professeurs des deux établissements.
Innovation pédagogique et diversité sociale
L’ouverture de cette formation témoigne d’une transformation des attentes des étudiants et des professionnels. D’après Jean-François Pinton, directeur de l’ENS de Lyon, ce diplôme correspond à « une demande des étudiants qui aujourd’hui ne rêvent pas forcément après le lycée de se lancer tout de suite dans un investissement disciplinaire majoritaire. C’est également une demande croissante des employeurs, que ce soit dans le public ou dans le privé ». Emmanuel Buisson-Fenet complète : « L’objectif n’est pas de former des purs scientifiques dans une seule discipline mais de leur permettre de pouvoir trouver de nouveau appariement entre les disciplines pour mieux comprendre les grands enjeux du monde contemporains ».
Sur les trois ans de formation, la moitié des cours seront assurés par des professeurs de classes préparatoires du Lycée du Parc, notamment la première année, et l’autre moitié par des enseignants chercheurs de l’ENS et du CHEL[s]. D’après François Beckrich, « le but de la première année est que les élèves bénéficient d’un encadrement rapproché, bienveillant, attentif, afin d’acquérir de solides méthodes de travail et un socle de connaissances fondamentales ». Un tutorat sous la forme d’exercices réalisés en tête à tête avec un professeur chaque semaine permettra un « coaching individualisé », poursuit-il.
La diversité se veut être l’un des maître mot de la formation. Le recrutement est à l’échelle nationale et comptera 40% d’élèves boursiers, contre 30% habituellement en classe préparatoire. Pour atteindre cet objectif, un partenariat avec le CROUS proposera à la moitié des élèves un hébergement moins onéreux.
Cependant, il est toujours difficile de vaincre l’autocensure des élèves moins favorisés et de garantir des logements au CROUS au vu du nombre des demandes chaque année.
Aurore PLOYER