Tunisie :  » Rien n’est stable »

TEMOIGNAGE Où en est la situation en Tunisie ? La situation du peuple s’améliore-t-elle ? Baisse -t-il sa garde à l’approche des élections ? Le Lyon Bondy Blog fait le point avec un témoignage d’un jeune homme de Bizerte dont Laura a recueilli les propos.

Actu à Tunis : Quelques trois cents personnes ont de nouveau manifesté ce matin du 10 août dans le centre de la ville pour « une justice indépendante » et une rupture avec l’ancien régime de Ben Ali, a constaté une journaliste de l’AFP. « Ni liberté, ni impunité pour les criminels », ont scandé les manifestants tapant dans leurs mains sur les marches du Théâtre, au cœur de la capitale tunisienne.

Hassoun, lui à Bizerte pour quelques temps, nous confie ses sentiments :

« Dès que j’ai mis les pieds à Bizerte, j ai tout de suite senti la différence avec l’avant révolution. D’abord ,à l’entrée de la ville, il y a un barrage de militaire qui contrôle tous les véhicules suspects. Ils se sont installés partout devant les bâtiments officiels comme la mairie, la poste, les banques.

D’habitude la nuit les rues sont remplies de gens qui se promènent toute la soirée. Cette année c’est vide : à partir de 22h30 il n’y a plus personne dans les rues, la ville est déserte. La journée tout redevient normal ou presque, les marchands s’installent partout sur les trottoirs, dans la rue, et si jamais l’armée vient simplement pour leur parler ils menacent de s’immoler comme l’a fait Bouazizi. Il n’y a plus de police dans les rues, et ça s’est amélioré depuis le Ramadan, les gens sortent de plus en plus, il y a uniquement une ambiance très particulière la nuit…

J’ai passé quelques jours également à Hammamet, Sousse et à Monastir dans la zone touristique et là par contre rien n’a changé depuis la révolution, les gens sortent en discothèque, les restaurants et les bars sont ouverts… Mais j’ai remarqué qu’il n y avait pas beaucoup de touristes cette année, il y a surtout des Tunisiens qui vivent a l’étranger, mais pas de touristes…

Des manifestations persistent, j’ai assisté à l’une d’entre elle à Bizerte, il s’agissait de personnes pauvres qui réclamaient de l’aide, l’Etat leur avait promis de l’argent avant le Ramadan mais ils n’ont toujours rien reçu…. Il y a des manifestations aussi à Tunis au centre ville mais celles-ci sont plutôt des demandes politiques du genre de virer le premier ministre, prolonger la durée des inscriptions sur la liste électorale, garantir les élections….ce sont des jeunes qui y participent.

Le problème c’est que les forces de l’ordre interviennent avec la force et la violence en utilisant des bombes lacrymogènes et des coups de matraques, il y a aussi des arrestations, je ne sais pas ce que deviennent les personnes arrêtées.

A mon retour à Bizerte, quelques mois après la révolution j’avais peur, on m’avait raconté des histoires de braquages, de vols, de viols, d’agressions…les deux premières semaines j’étais en décalage, je me sentais dépassé par les événements. Petit à petit je me suis rendu compte que ça allait mieux et qu’il faut juste faire attention, ma famille va beaucoup mieux vu que mon père était un prisonnier politique et depuis la chute du régime de Ben Ali il a repris son travail et ses droits civils »…

Hassoun conclura :

« Personnellement je ne pense pas rester ici pour le moment, j’ai très envie de prendre part à la vie active en Tunisie mais rien n’est stable ici, et je crains le calme avant la tempête vu que les élections approchent »…

(illustration : droits réservés)

Journaliste : Laura Tangre

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