Shella Gill est à la tête du mouvement « Union essentielle » pour les élections régionales de 2021. Elle nous dévoile les grands axes du programme de ce mouvement né il y a quatre semaines.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Shella Gill, j’ai 46 ans et je suis de profession naturopathe. J’exerce dans un pôle santé dans la périphérie de Lyon. Je suis mère de deux enfants.
Vous étiez dans le domaine de l’administration et de la gestion d’entreprise. Aujourd’hui, vous êtes naturopathe. Qu’est-ce qui vous a poussé à venir dans le monde politique ?
Avant tout, c’est l’envie de porter la voix du citoyen au sein de la politique, car il me semble qu’il y a un manque. C’est en tout cas l’avis de toutes les personnes qui sont sur notre liste aujourd’hui. La voix du peuple n’est pas assez bien représentée en politique. C’est pour ça que des personnes comme moi, non politisée et n’ayant aucun précédent en politique, s’investissent dans cette « Union essentielle ».
Quel bilan faites-vous de la présidence de M. Wauquiez ?
Je ne pense pas être bien placée pour faire un bilan du président actuel, simplement parce que je ne suis pas quelqu’un qui s’est beaucoup intéressée à la politique jusqu’à maintenant. Je suis totalement franche sur ce point-là. En tout cas, je constate que dans notre quotidien de citoyen, il y a des choses dans nos villes et nos villages qui ne vont pas. Ça peut être une responsabilité des mandats de nos prédécesseurs. Je ne le sais pas, donc je ne vais pas m’aventurer à vous donner des détails là-dessus.
Actuellement, est-ce que vous pensez qu’il y a une unité de la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme il existe une unité en Bretagne, par exemple ? Est-ce que cela fait partie de vos intentions de vouloir unifier à l’échelle de la Région ?
Pour moi, c’est très positif d’avoir une diversité culturelle. Je trouve que le territoire Auvergne-Rhône-Alpes est déjà immense. Dans notre région, chaque département pourrait avoir sa propre identité. Ce n’est pas le regroupement des départements et des régions qui pourra amener à une identité culturelle unique. En Auvergne-Rhône-Alpes, je trouve qu’il y a de beaux héritages culturels dans chaque département. Je ne pense pas que ce soient des prérogatives de la Région de pouvoir décider de ça.
Certains territoires de la région nécessitent de forts investissements, comme l’Ardèche par exemple, est-ce que vous avez identifié des zones au niveau de la Région qui ont besoin d’aménagements ? Avec quels financements ?
Il y a des lignes de transport, des TER, qui ont été abandonnés par faute d’investissement de la Région. Cela met énormément en difficulté des petites communes et des villages. Ça met également en difficulté des territoires entiers qui souhaitaient se développer au niveau de zones d’activités, de travail, de commerce et qui ont du mal à le faire à cause des transports en commun supprimés sur ces secteurs-là. La Région a estimé à un moment qu’il n’y avait pas assez de bénéfices à garder ces lignes. Je pense effectivement qu’il faut privilégier les transports en commun, notamment si on réfléchit en matière d’impact au niveau de l’environnement. Pour « Union Essentielle », il faut absolument favoriser les transports en commun dans toutes nos villes et nos communes. Les plus petits villages doivent être très bien desservis pour minimiser la circulation des voitures individuelles.
On ne va pas avoir la prétention d’avoir fait des budgets sur des remises en service de lignes ferroviaires. On n’est pas des super-héros, on est des citoyens. En revanche, il y a des personnes très bien renseignées sur le sujet qui m’ont déjà donné des éléments. Il y a des montants très importants. Si je parle de la ligne qui a été supprimée dans le secteur du Puy-de-Dôme, je crois qu’on est sur un budget qui va très vite chiffrer en dizaine de millions d’euros. Pourquoi ce montant est si élevé ? Tout simplement, parce qu’il y a des lignes qui ont été abandonnées. Maintenant, il faut tout reprendre : changer les rails, remettre en service. Peut-être que si, à l’époque, ces lignes n’avaient pas été abandonnées et juste entretenues, il n’y aurait pas cet investissement massif qui va être demandé pour la réhabilitation de ces chemins-là.
Concernant les quartiers, par exemple celui de Montreynaud à St-Etienne, avez-vous des projets d’aménagements ?
Pour nous, la prérogative est avant tout les aménagements des établissements scolaires, en particulier les lycées. Si la Région peut investir, à louer des budgets dans la réhabilitation de logements ou de secteurs qui en ont besoin, on va le faire. Les secteurs délabrés peuvent créer de l’insécurité et donc une montée de colère dans la population, ce qui fait effet boule de neige. Il est important de prendre les problèmes un à un. Effectivement, si on remet de l’argent dans les quartiers, il faudra également penser à remettre de l’argent dans les établissements scolaires. Notamment, pour que les enfants aient envie d’aller à l’école, qu’ils se mettent à travailler pour leur avenir professionnel. Il faut donc penser au projet dans sa globalité.
Comment faire pour équilibrer l’aménagement entre la métropole et les villes intermédiaires, comme Annecy, Vichy et Valence ?
Il est essentiel de désengorger les concentrations des grandes villes, pour ainsi ne pas centraliser sur les grandes métropoles. Ça a énormément d’impact, au niveau économique, puisque ça permet aux environs de ces grandes villes et dans les villes limitrophes de développer leur économie et de ne pas avoir juste un secteur trop saturé et d’autres un peu à l’abandon. Il faut absolument rééquilibrer, avoir des priorités d’installations, de secteurs commerciaux, d’habitations ou d‘activités à l’extérieur ou dans les villes petites et moyennes, pour éviter une espèce d’engorgement de grosses métropoles. Je ne sais pas si ça a été vraiment utile de construire des métropoles.
En 2019, selon la Région, 21 % des jeunes de 16-24 ans sont sortis du système scolaire sans diplôme. Avec la crise sanitaire, le décrochage scolaire a empiré surtout dans les familles les plus défavorisées. Que comptez-vous faire et avec quel financement ?
C’est du ressort de la Région. On peut tout à fait mettre de l’argent dans l’enseignement et en particulier dans les lycées. L’objectif de notre programme est d’injecter beaucoup de ressources pour l’aménagement des bâtiments qui ne sont pas en état, surtout au niveau des lycées et qui ne donnent pas envie aux jeunes d’aller étudier. Mettre également beaucoup de moyens pour la construction de nouveaux établissements, pour qu’on puisse avoir une offre plus fournie dans les secteurs où il en manque. Il y a des parents qui sont obligés d’aller chercher un établissement scolaire très loin de leur domicile. On peut, en installant des lycées dans les villes moyennes ou plus petites, voir un désengorgement des grandes métropoles. C’est une priorité pour nous et ça fait également partie de nos 3 priorités : l’environnement, l’éducation avec les transports en commun et le développement des circuits courts.
Toujours selon la Région, le chômage chez les moins des 25 ans a augmenté de 8,7 % du 1er trimestre 2020 au 1er trimestre 2021. Comment faire pour enrayer le problème du chômage chez les jeunes et avec quels moyens ?
Tout d’abord, il n’aurait pas fallu mettre toute la vie économique d’un pays à l’arrêt. Ça n’a pas aidé du tout. Maintenant, on retrouve un problème déjà existant : les difficultés d’accès à l’emploi des jeunes. On se retrouve avec des jeunes qui vont être complétement perdus sur un marché du travail qui ne s’annonce pas rose du tout. C’est un énorme chantier ! Notre façon de travailler est une co-construction ; nous sommes une liste citoyenne de 230 colistiers sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Lorsque nous nous sommes créés, c’est-à-dire il y a quatre semaines, des centaines de personnes se sont regroupées spontanément et on a eu pratiquement 500 retours. On n’a pas laissé ces personnes sur le bord de la route ; des groupes de travail et de réflexion se sont créés pour proposer des axes d’actions au niveau des conseillers régionaux. Ces groupes de travail nous indiquent, au fur et à mesure, les manquements sur le terrain et ce qui est nécessaire de faire pour répondre aux besoins concrets des citoyens. On réfléchit ensemble et on trouve des solutions. Je pense que cela fait partie d’une réflexion commune, pour trouver une solution afin que les jeunes n’arrivent pas sur un marché du travail tout seul, sans vraie réponse et sans véritable aide.
Nous voulons aider les agriculteurs locaux et donc privilégier les circuits courts. Il faudrait que l’on puisse développer les projets de cultures locales, éventuellement aux abords des grandes villes, en les soutenant financièrement afin de proposer de véritables emplois. Cette proposition est destinée aux jeunes en insertion pour leur donner l’opportunité d’avoir une période qui leur permettrait, soit de finir leurs études, soit éventuellement d’aller vers d’autres activités par la suite. C’est une des pistes qui a été proposée pour le moment. On va également faire de la consultation citoyenne, en s’appuyant sur les citoyens pour trouver des solutions. On ne peut pas trouver des solutions tout seul. Les politiciens qui arrivent avec des gros dossiers, qui ont réfléchi à tout, qui ont réponse à tout, moi, je n’y crois pas. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui.
Retrouvez la deuxième partie de l’interview ici.
Carmen Buecher