SBZ one Radio : suivez l’actualité de Sidi Bouzid !

A Sidi Bouzid, l’une des villes à l’origine de la révolution tunisienne, Paolo et Rafika ont résidé dans la  »Maison des Jeunes » durant quelques jours. Ils ont rencontré Anis, un membre d’une radio local, SBZ one Radio.

 Anis Chouaibi, 30 ans m’aborde : « Vous êtes journaliste, moi aussi, je fais de la radio. La première de Sidi Bouzid ». Tout en sirotant un café, il me raconte les débuts de SBZ one Radio.« Un jour au café, on se demandait qu’est ce qu’on pouvait faire pour le bled, surtout pour les jeunes ».  C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une web radio, SBZ one, par une dizaine de jeunes chômeurs, tous bénévoles. C’était en 2006 : « Sous l’ancien régime, le seul sujet interdit était la politique. Nous parlions de sujets comme l’emploi et le chômage, la jeunesse. Une fois, nous avons fait un sujet  un peu polémique sur la corruption de manière générale, sans donner de nom. On a eu des menaces, la police politique est intervenue ».

Le déclenchement de la révolution

« Tout était spontané. De jour en jour, il y avait de plus en plus de confrontations avec l’Etat. Déjà en 2008 à Gafsa (date des premiers soulèvements). On ne savait pas ce qui s’y passait. Il y avait la censure, Facebook a été fermé jusqu’à la visite de Condoleezza Rice ».

Durant ces évènements, une nouvelle page Facebook a été créée pour permettre à la radio de continuer à diffuser l’information, les animateurs ayant pris des pseudos pour ne pas prendre de risque : « Beaucoup de vidéos ont été diffusées. Nous avons travaillé avec Al Jazeera. Nous avions de l’expérience, un savoir-faire. Le système Ben Ali optait pour la désinformation afin de faire peur aux gens, il y avait beaucoup de rumeurs, d’intox. Le troisième jour, il y a eu près de soixante arrestations ».

La répression s’intensifiant dans la ville, il y a eu alors un changement de stratégie assez surprenant de la part des jeunes qui affrontaient la police: « La journée on discutait avec les forces de l’ordre, on prenait un café. On parlait foot surtout. On parlait de tout sauf des affrontements. A la tombée de la nuit, on brulait un pneu, c’était le signal de départ ».

Selon Anis, il n’y a plus de censure totale mais elle est toujours présente. C’est pourquoi il a décidé avec ces amis d’ouvrir leur formation en journalisme à d’autres citoyens : « Nous avons fait beaucoup de reportages. Nous avons suivi des formations de journalisme. Nous avons invité des citoyens à participer aux formations. La moitié des membres n’était pas de la radio. On a voulu ouvrir nos formations aux autres ». Plus de 40 000 personnes sont sur leur page Facebook.

Le journalisme-citoyen est devenu en Tunisie l’un des moyens presque exclusif pour garantir la liberté d’expression. La presse traditionnelle ayant été discréditée pour son soutien à l’ancien régime, y compris durant la révolution (des matchs de foot et des dessins animés y étaient diffusés en boucle !).

 Rafika Bendermel

La rédaction

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