Salades et prises de chou autour des menus “sans viande” dans les cantines lyonnaises

Depuis le 22 février, les cantines scolaires lyonnaises servent des menus uniques “sans viande” aux élèves. Dans un article publié le 17, Lyon People dénonçait une “ruse de la mairie écologiste”. Depuis, l’affaire a fait les choux gras de la presse, interpellant jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat. De son côté, Doucet renvoie à Collomb et aux gestes barrières. 

L’oeil de JCL, dessinateur au Lyon Bondy Blog

L’affaire a fait grand bruit. Depuis la rentrée de février, les cantines de la ville de Lyon ne proposent plus qu’un menu unique sans viande aux élèves, au prétexte d’adapter leur service aux contraintes sanitaires. Pour la rédaction de Lyon People, cela ne peut signifier qu’une chose : la mairie écologiste – et ses “alliés extrémistes” – avancent masqués pour “imposer des menus vegans” aux primaires. Etonnant, quand on sait que les repas comportent – selon les Verts – oeufs et poissons. Qu’en est-il réellement ? 

Levée de boucliers à droite et affolement médiatique

Après l’article de Lyon People, les conseillers municipaux du groupe Droite, centre et indépendants sont les premiers à réagir. Dès le 18 février, ils mettent en cause un “tour de force” et reprochent à la municipalité de profiter de la crise sanitaire pour favoriser le végétarisme dans les cantines. 

Très vite, la machine s’emballe. Le 20 février, Gérald Darmanin lui-même se fend d’un tweet accusateur contre l’”idéologie scandaleuse” des Verts, qui excluraient les classes populaires – plus dépendantes de la restauration scolaire, notamment en termes d’apport protéinique. Le lendemain, c’est au tour du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie de saisir le Préfet du Rhône. Les médias nationaux s’emparent du sujet, et une kyrielle d’articles achève d’en faire une actualité brûlante (voir entre autres Le Parisien, Libération, Le Monde, Le Figaro…). 


 

Une mesure qui date de la première vague 

A Lyon, les écologistes sont pourtant unanimes : pas besoin d’en faire tout un plat. Le 21 février, Grégory Doucet dénonce la “posture” du ministre de l’Intérieur et rappelle que la mesure avait déjà été prise par son prédécesseur Gérard Collomb lors de la première vague pour s’adapter aux contraintes sanitaires. Une explication qui ne semble pas suffire au gouvernement, qui estime que les mairies “ont eu le temps de s’adapter” depuis Mai. 

De son côté, Stéphanie Léger fulmine : “Nous faisons manger chaud tous les enfants, en appliquant les précautions sanitaires demandées, et des membres du gouvernement nous font le procès de l’élitisme, c’est tout de même le monde à l’envers ! ” Retournant l’accusation, l’adjointe à l’éducation finit par déplorer à son tour “l’instrumentalisation des assiettes des enfants”.

Tout ça pour ça ?

Depuis, la polémique semble traîner. Lundi 22 février, des agriculteurs répondaient à l’appel de la FDSEA du Rhône en venant manifester devant l’Hôtel de Ville. Quatre jours plus tard, un collectif de parents de la ville de Lyon prenait la parole dans Libération pour défendre l’exécutif municipal. Le scandale des menus sans viande semble lentement parvenir à un épilogue sans saveur… à part peut-être pour les enfants croix-roussiens, à qui ce boucher a promis d’offrirun steak haché 100% pur muscle de bœuf de race à viande française” afin de “soutenir les éleveurs”. 

Si la réaction de l’opposition municipale – directement concernée – est facilement entendable, d’aucuns s’interrogent néanmoins sur les raisons qui ont poussé Gérald Darmanin à intervenir. Pour Grégory Doucet, cela ne fait aucun doute : il s’agit d’une tentative de “diaboliser les Verts” en les enfermant dans une posture radicale.

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