À partir de septembre, les nouveaux rythmes scolaires arrivent dans le Grand Lyon. Malgré la montée au créneau de certains élus, cette réforme sera bien mise en place pour la rentrée prochaine. Les parents d’élèves y sont totalement opposés, et confondent souvent périscolaire et scolaire. Pour vous, le LBB a enquêté dans trois communes avec des avis divergeant sur la question : Villeurbanne, Rillieux-la-Pape et Irigny.
Villeurbanne, la souplesse est de rigueur
Jean-Paul Bret l’avait annoncé pendant sa campagne des municipales : « Entre 15 h 45 et 16 h 30, je ne peux rien faire, mais je vais garder vos enfants ». C’est le décret Peillon qui sera appliqué. Damien Berthilier, adjoint à l’éducation et ancien président de LMDE (mutuelle des étudiants) prend l’affaire en main. Il annonce les nouveaux aménagements de la rentrée à travers une plaquette envoyée à toutes les familles concernées. L’enseignement se fera sur quatre jours et demi (mercredi matin travaillé). Toutes les organisations syndicales et de parents d’élèves s’accordent à dire que Villeurbanne aura la meilleure organisation scolaire. Pour cela, la présidente de la FCPE nous déclare : « Villeurbanne a présenté une semaine du décret Peillon avec des journées allégées. Pour nous, c’est une chose acceptable. Cette ville est dans les clous ». La PEEP rétorque : « Pour cette réforme Mr Bret a été clair dès le début ». Seul le périscolaire sera payant. Les parents d’élèves confondent les deux choses. Ils croient, à tort, payer l’enseignement de leurs enfants.
Rillieux-la-Pape, l’argument électoral
En effet à Rillieux, personne ne voulait entendre parler de cette réforme. Le nouveau maire Mr Vincendet (UMP) nous en parle : « En premier lieu, je suis toujours opposé à cette réforme. Simplement, pour gouverner, il faut prévoir. Mais elle ne convient à personne, tant aux parents d’élèves qu’aux directeurs des écoles. Nous sommes là pour améliorer l’enseignement au sein de nos écoles, on mettra l’accent sur l’aide aux devoirs. Mr Hamon est bien gentil de nous imposer ça, mais il faut toujours faire mieux avec peu de moyens. Il faut faire preuve d’imagination. » La semaine sera de quatre jours et demi avec le mercredi matin travaillé. Un questionnaire à choix multiples a été envoyé à chaque famille pour leur soumettre le choix de la ½ journée non travaillée. Les agents territoriaux de la ville prendront le relais des instituteurs à partir de 16 h 30 jusqu’à 18 h. Mme le Coarer, présidente de la FCPE, nous parle de l’organisation de Rillieux : « Il y a eu plusieurs propositions. Ils (NDLR La mairie) sont revenus en arrière. Au départ, le maire était parti pour des semaines allégées. Nous, on était pour que l’apprentissage de l’enfant soit allégé. C’est-à-dire des journées qui ne dépassent pas 5 h 15. Nous, on se rattache plus à l’apprentissage à l’école qu’au périscolaire ». Mme Cotaz-Bertholet, présidente de la PEEP, rétorque : « Il faut faire une réforme en changeant le temps scolaire. Au niveau du ministère de l’Éducation, on demande une nouvelle organisation des mairies. Si on suivait exactement, il aurait fallu des enseignements le matin, une grande pause méridienne, cours à 15 h avec une fin à 16 h 30 ».
Irigny, un monde de « bisounours »
Irigny est une ville test pour cette réforme. Mis en place à la rentrée 2013, tout le monde est à la même enseigne, privé comme public. Mme Ranchin, adjointe à l’éducation, déclare : « Cette réforme est géniale pour les enfants ». Pour cette année de transition, certains instituteurs étaient réticents. Les parents constatent que leurs enfants sont de plus en plus fatigués malgré l’allégement des horaires. La présidente de la FCPE nous parle du cas d’Irigny : « Tout le monde est à la même enseigne, c’est une bonne chose ». La PEEP nous rappelle les effets nauséabonds de ces nouveaux rythmes scolaires sur les enfants : « D’après les directeurs d’écoles, les enfants qui sont en maternelle sont de plus en plus fatigués. De toute façon, c’est toujours les mêmes qui trinquent. » Toutes les associations de cette commune sont mises à contribution, notamment l’école de musique, le Patadôme, et la Cabane à oiseaux. Elles nous rappellent la lassitude des enfants après la fin des cours.
Le coût du périscolaire par commune
Commune | Nb élèves | Coût total annuel | Subvention Caf annuelle | Subvention mairie annuelle | Cout annuel par famille | Cout annuel par enfant | Jours par semaine | |
Villeurbanne | 12 813 | 4 700 000€ | 1 700 000 € | 6 400 000€ | CF 2200 : 240€ / CF 400 : 30€ | 300 € | 4,5 | |
Rillieux-la-Pape | 3 300 | 450 000€ | NC | NC | NC | 150 € | 4,5 | |
Irigny | 700 | 80 000€ | 40 000 € | 40 000€ | CF 2200 : 50€ / CF 400 : 20€ | 350 € | 4,5 |
À la sortie des écoles, les parents s’insurgent contre cette loi
À Villeurbanne, les parents ne comprennent pas la nouvelle organisation scolaire imposée à la rentrée. Une maman nous interpelle : « Je suis très inquiète pour mes enfants. Je ne sais pas si l’enseignement va être de qualité. Cela va être très compliqué à gérer, je vais devoir prendre beaucoup plus de jours de congé, car une nounou, ça coûte cher. Moi je fais partie des classes moyennes et je trouve le prix choquant pour les activités périscolaires, mais de toute façon à Villeurbanne on a l’habitude, c’est toujours les classes moyennes qui paient. Moi je pense que si ça continue comme ça, je vais inscrire mes enfants dans le privé, au moins je serai plus tranquille ». À Rillieux, c’est la même inquiétude pour l’apprentissage. Quelques parents nous glissent une phrase : « Franchement, nous, on en a marre. Nous aussi si ça continue on va mettre nos enfants dans le privé. Au moins c’est plus souple ». Également une nounou nous déclare : « Ces rythmes scolaires vont me demander énormément de travail, car tous les parents n’ont pas les mêmes emplois du temps, il va falloir s’organiser. »
Comme bien souvent avec une réforme gouvernementale, les parents se sentent pris à la gorge. L’information sur ces rythmes scolaires a très mal circulé et l’incompréhension est générale, comme le notent les assciations de parents d’élèves. La rentrée 2014 sera chaude sur tous les points de vue. Améliorer les choses a toujours un prix.