Le PS dépassé par la nouvelle génération

Le 2 décembre 2017, Benoit Hamon, ancien candidat du Parti socialiste aux élections législatives de 2017, a officiellement fondé « Génération·s, le mouvement ». Déjà fragilisé, le PS voit progressivement ses rangs se vider. Du parti au mouvement, le LBB s’est intéressé aux nouvelles manières de s’engager en politique. Pour cela nous avons rencontré Alice, ancienne animatrice fédérale du Rhône du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), qui a récemment rejoint Génération·s.

 Le déclin du Parti socialiste (PS) est marqué en France depuis le score très faible de Benoit Hamon aux présidentielles 2017, avec 6,35 % des voix. Le candidat qui a créé Génération·s n’est pas la seule personne d’influence à avoir quitté le navire socialiste. De nombreux militants ont notamment rejoint son mouvement. Depuis 2015, le PS connaît une perte d’adhérents. Le parti, qui comptait 295 sièges à l’Assemblée nationale en 2012, se voit aujourd’hui réduit à 46 sièges.

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La cohérence du parti remise en cause

Cela fait trois ans qu’Alice gravite autour du PS. Elle a fait le choix de rejoindre Génération·s et la ligne politique de Benoit Hamon. « J’ai fait un choix de cohérence, explique-t-elle. C’est également un choix réfléchi, parce que ça faisait un moment que je regardais ce qu’il se passait au PS et que, de plus en plus, je me disais que mes idées n’étaient pas défendues là-bas ».

Pour la jeune militante, ces départs sont entre autres dus à une perte de cohérence de la ligne politique du PS, notamment depuis que Rachid Temal assure l’intérim de la direction. « C’est vrai que ça a toujours été un peu compliqué avec Rachid Temal, confie Alice. On n’est pas sur la même ligne politique. Il a souvent remis en question l’autonomie du mouvement. Depuis le début de l’année, c’est vrai que ça a contribué à mon choix. (…) C’est vrai qu’on veut être dans l’opposition, on l’affirme, mais il y a les discours et les actes aussi. Quand on voit les discours qu’il y a au niveau du groupe socialiste à l’Assemblée, que ce ne soit pas toujours une opposition franche, ça ne donne pas beaucoup d’espoir. Surtout que Rachid Temal et d’autres, comme Boris Vallaud, sont d’une génération de quarantenaires, cinquantenaires, à qui on peut encore prédire un avenir politique. Ça reste des gens dans la force de l’âge et si on se dit que c’est avec eux qu’on va construire l’avenir, ça ne donne pas très envie ».

Si la cohérence du PS est remise en cause, c’est aussi que plusieurs lignes politiques différentes émergent. Même si une gauche unie aurait sûrement plus de chance face aux autres partis, pour Alice, « il ne faut pas s’unir pour s’unir », car « un coloris avec plein de couleurs différentes n’est pas forcément plus lisible pour l’électeur ». 

 

Du parti au mouvement politique

Alice n’est pas une militante isolée. Le PS voit depuis quelque temps ses rangs se dégarnir. Déjà en 2008, Jean-Luc Mélenchon avait fondé son mouvement, le Front de gauche. Fin juin 2017, c’était au tour de Manuel Valls de quitter le parti pour se rapprocher de la République en marche ». À Génération.s, Benoit Hamon est vite rejoint par Domique Bertinotti, ancienne ministre déléguée à la Famille, Guillaume Balas, Isabelle Thomas, Pascal Cherki, ou encore Stéphane Delpeyrat-Vincent.

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Le manque de clarté au sein du PS est ressenti tant par les militants, qui décident de quitter le parti, que par les électeurs. « Au PS il y a beaucoup de divisions, déclare Alice. C’est vrai qu’un mouvement, là-dessus, peut beaucoup plus se réclamer d’une seule idée. C’est-à-dire d’un projet qui va être plus clair et plus lisible pour l’électeur. (…) À l’inverse, les partis ont plus de pluralités, plus de figures différentes. Je pense qu’on est dans un moment où les personnes sont beaucoup derrière les personnalités ».

Selon elle, « il y a aussi un effet un peu actuel de personnalisation du pouvoir. Parce que Macron, Mélenchon ou Hamon, dans la même mesure, sont des personnalités publiques. Quand on voit leur mouvement, on a du mal à les dissocier des personnalités. Alors qu’à l’inverse, les partis ont plus de pluralités et de figures différentes. Je pense qu’on est dans un moment où les personnes sont beaucoup derrière les personnalités ».

À Génération·s, Alice confie que de nombreux adhérents sont novices et affrontent le monde politique pour la première fois. Pour la jeune militante, compter dans ses rangs des individus n’ayant jamais eu d’engagement à ce niveau permet de trouver de nouvelles façons de faire de la politique.

Il se peut qu’on assiste au début d’une nouvelle structure et d’une nouvelle manière de penser l’engagement en politique. Pour la jeune militante, « un parti reste un organe, donc si aujourd’hui Génération·s est un mouvement, il reste dans la même perspective électoraliste qu’un parti. Je n’ai pas vraiment d’avis sur ce que sera l’avenir des partis et des mouvements. Je pense qu’on va sur une dynamique d’une ligne qui va être claire, partout. Qu’elle soit dure à droite, ou beaucoup plus progressiste et sociale à gauche, on sera sur des lignes fortes ».

 

Clara Delormeau

La rédaction

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