Procès contre l’OL suite au harcèlement sexuel d’un ex-coach

Lundi 22 juillet, l’Olympique Lyonnais était au tribunal pour se défendre sur le cas d’une jeune joueuse renvoyée du centre de formation en 2018. Son renvoi arrive après qu’elle ait dénoncé un coach qui abusait des joueuses et le doute plane si son renvoi est dû à ses capacités sportives ou à sa dénonciation.

C’est en salle A au Tribunal de grande instance de Lyon que commence le procès. Ce n’est pas M. Toutlemonde qui passe aujourd’hui, mais l’Olympique Lyonnais. Et cela se ressent puisque la salle est entièrement remplie d’avocats et de journalistes dont certains restent debout, n’ayant pas trouvé de place.

Le procès commence donc dans les environs de 15h, après que le président ait vérifié tous les dossiers pendant presque une heure. Et c’est d’abord l’avocat de la partie civile qui prend la parole.
En juillet 2017, Laura, 15 ans,* intègre le centre de formation de l’Olympique Lyonnais après que le club soit aller la chercher en Allemagne. C’est une « joueuse de qualité, technique avec un potentiel de progression » d’après le club. Laura a pour rêve de devenir footballeuse professionnelle au sein de l’un des plus grands clubs de foot féminin. Mais ce rêve va être entravé à cause du coach des filles, un homme d’une quarantaine d’années. Très rapidement, cet homme, va profiter de sa position hiérarchique pour faire du chantage sur les jeunes filles. Il propose de l’argent et une bonne situation au sein de l’effectif, à des jeunes filles, en échange de vidéos en sous-vêtements.
En plus de cela, le coach a fait monter des filles dans sa chambre lors du tournoi de Colmar, en 2018 et proposait parfois des dîners aux jeunes filles. Si elles acceptaient, c’était surtout par peur de ne jamais devenir professionnelles.

Finalement, Laura en parle aux joueuses professionnelles pour avoir leur avis. Choquées, elles en parlent à la direction et le coach est licencié, mais Laura est également écartée du centre de formation.
L’OL n’a même pas fait d’enquête interne pour comprendre la vérité sur le coach et ce dernier est aujourd’hui encadrant dans un collège.
Le 5 juin 2018, elle réintègre le club, mais elle doit payer elle-même les charges. Hôtels ou restauration ne sont plus pris en compte par le club et elle est finalement recalée pour l’année suivante et aucun contrat ne lui a jamais été proposé, tandis qu’au même âge, des contrats sont proposés aux garçons. Tout cela a été très déroutant pour Laura qui a été déscolarisé jusqu’en novembre 2018.
L’OL doit, d’après les volontés de l’avocat de Laura, soumettre une convention aux familles de mineures et leur faire signer un contrat.

Pour autant, l’OL reconnaît les discriminations, mais considère que c’est la FFF qui en est responsable puisqu’elle met sur un piédestal le foot masculin par rapport au féminin.
Il y a donc eu négligences, abus, protection des mineures non-assurée, chantage et discriminations d’après l’avocat. « Ce n’est plus pour du football, c’est pour de l’argent » précise-t-il en disant que le club pourrait hypothéquer les jeunes filles pour faire de l’argent.

Mais cette version des faits est loin d’être unanime puisque l’avocat de la défense ne partage pas du tout cet avis. Déjà, d’après lui, ce n’est pas le club qui est allé chercher Laura en Allemagne, mais c’est sa famille qui a contacté le club. De plus, elle a été recrutée en tant qu’amateur et non professionnelle, autrement dit, il n’y avait pas de contrat sur longue durée à signer. Il précise également que si Laura n’a pas été conservée, ça n’a rien à voir avec la dénonciation du comportement du coach. Elle et une autre joueuse n’ont pas été gardées à cause de leurs « qualités sportives », et rien de plus. Il est important pour lui de rappeler que ce n’est pas Laura qui a porté plainte à la base et ce n’est pas elle qui porte les chefs d’accusation.
Quant à l’enquête interne, une enquête pénale a été signalée le 21 juin 2018 dont personne n’en sait plus pour l’instant.
Enfin, à propos des discriminations, le club tient à dire que l’OL est un des seuls clubs en France à proposer les mêmes organisations et à mettre autant d’argent dans le foot masculin que féminin. L’avocat termine en précisant que l’égalité homme-femme ne réside pas que dans l’égalité des salaires, elle passe aussi mais surtout dans l’égalité des comportements.

L’affaire n’est pas terminée, seules les énumérations des faits ont été évoqués et le verdict sur cette affaire sera donné vendredi.

 

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