Portrait des Puces : Coin-coin, le brocanteur à l’ancienne

Brocanteur depuis toujours, Pascal Carrio dit « Coin-coin » est le garant de l’esprit à l’ancienne. Il se définit comme brocanteur de hasard « je peux avoir de tout et de rien, surtout rien d’ailleurs », précise-t-il avec humour. Il a eu un magasin, fait des ventes aux enchères et des dizaines de marchés aux puces, toujours accompagné de son fidèle camion. Il est installé depuis 20 ans aux Puces du Canal de Villeurbanne. 

Paradis pour les chineurs et amateurs d’objets anciens, les Puces du Canal font aujourd’hui le succès de ce tout premier marché d’Auvergne-Rhône-Alpes. Créées au siècle dernier et installées à Villeurbanne le long du Canal de Jonage depuis 25 ans, ce marché géant s’inscrit dans un héritage fort, celui des foires et des espaces marchands. Coin-coin représente parfaitement cet environnement dans lequel il évolue passionnément depuis son enfance. « C’est à 8ans que j’ai commencé avec mon oncle et mes cousins. Au début, j’étais le petit surveillant des voleurs. A 13 ans, ils m’ont offert un bout de stand, je vendais des choses que je trouvais et depuis je n’ai jamais arrêté. C’est le 5e marché que je fais à Lyon. Je suis arrivé en 1982, avant j’étais à Grenoble. Je suis aux puces du Canal pratiquement depuis le début. ». Il est bon vivant et aime le contact humain. Si vous passez au Puces, vous le trouverez toujours aux alentours de son camion, reconnaissable à ses pingouins, près de son stand en train de jaser avec ses clients ou de partager un verre entre amis et collègues artisans.

Donner sa chance aux objets

« J’étais collectionneur. J’ai fait ce métier uniquement parce que j’aimais les objets. J’ai un réel amour des objets, sinon je les jetterais. J’ai toujours vécu par passion, pendant 10 ans ça a été les jouets pour garçon. Ensuite, après mon engagement dans l’armée je n’ai vécu que du militaria, j’avais été formaté donc je maîtrisais très bien le sujet. Maintenant, je suis généraliste, je donne sa chance à tous les objets et pour tout le monde. » Son souhait est de mettre en valeur les objets et aider les personnes dans le besoin. Coin-coin est une âme généreuse, il ne supporte pas de gâcher une opportunité et prend volontiers la parole : « Je vais toujours essayer de valoriser l’objet ! Comme aujourd’hui, j’ai 6 chaises en parfait état et j’ai du mal à les imaginer partir à la poubelle. Je serai prêt à les brader à un jeune avec peu de moyens et ne pas faire de profit plutôt que de les jeter ». Il met l’accent sur la nécessité et le partage plutôt que l’argent. Sa phrase d’accroche : « donne ce que tu peux et paye un coup ».

« Bon débarras ! »

Pour se procurer les différents meubles et objets, Coin-coin  est aussi débarrasseur . « Je vide des appartements dans le quartier de Croix-Rousse. Personne veut spécialement faire ça mais ça aide les gens qui n’ont pas forcément les moyens et ça me permet de récupérer des grosses quantités de meubles à revendre. »  Vous pourrez reconnaître son camion bleu nommé « bon débarras »,  sur le ton de l’autodérision. « Les gens sont toujours contents quand il me voit partir mais jamais quand j’arrive. C’est pour ça que je l’ai baptisé ainsi … Bon débarras ! (rire) ». Pascal aime à raconter ses histoires insolites, il sait rendre toutes les situations agréables et amusantes. Plusieurs fois par semaine il débarrasse donc des appartements dans le quartier de la Croix-Rousse. Puis il les trie et vient proposer ses trouvailles aux artisans et clients les jeudi, samedi et dimanche matins. Autant que ses acheteurs, sa première richesse est « un camion et un stand vide ».

« Tu sais comment on devient millionnaire en étant brocanteur ? On commence milliardaire. »

Cette blague au goût amer reflète précisément sa réalité du métier. « Mais moi je suis à un marchand à l’ancienne, je continue de sauver des meubles, des machins, des trucs. Ça ne sert à rien dans la réalité. Aujourd’hui j’ai du mal à vendre mes objets et je suis en perte. Avec les confinements, c’était devenu invivable parce que même si on est dans ‘’l’air du temps’’ du recyclage et de la seconde main, on n’est pas définis comme essentiels. De plus, les nouvelles générations ont tendance à se tourner vers des associations comme Emmaüs ou la Croix Rouge ».  Ces associations sont pour la plupart des circuits longs, ce qui les différencie des brocanteurs : « avec eux, la valeur disparaît de 90% avant d’arriver aux bénéficiaires et c’est souvent cher. Je trouve dommage que les jeunes ne viennent pas plus par ici, je serai ravi de les aider”.

La rédaction

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