[Interview ] Olivier Minoux, pour l’organisation sociale et la lutte des travailleurs – Partie 2

Olivier Minoux, tête de liste Lutte ouvrière à la Métropole de Lyon, se présente pour ces élections.  Le Lyon Bondy Blog l’a interviewé.

Partie 1 à retrouver ici.

Lutte Ouvrière est très impliqué dans les luttes sociales, mais qu’en est-il des questions écologiques ? Pour vous, les questions écologiques sont elles pertinentes ?

L’écologie est à la mode, car il y a une inquiétude légitime. Le réchauffement climatique ça nous inquiète. Il y a une partie de la jeunesse qui à juste titre s’empare du problème et est inquiète. Marx avait dit à l’époque le capitalisme détruit 2 choses l’homme et la nature et c’est toujours vrai. Je travaille dans le secteur de la chimie à Saint-Fons. Ça fait plus de 100 ans qu’il y a des industries de la chimie à Saint-Fons. Au départ, c’était un quartier pauvre de Vénissieux et à l’époque les paysans avec la municipalité se battaient déjà contre les pollutions des usines qui retombaient dans leurs champs. C’est même la raison de l’existence de Saint-Fons les industriels ont crée leur commune avec l’aide de la préfecture et du sénat de l’époque pour se séparer de Vénissieux. Mais il est vrai que maintenant Saint-Fons est moins pollué qu’à une époque, car la pollution s’est déplacée dans les pays pauvres en Chine en Inde. Les patrons mettent en concurrence la planète. Le problème, c’est qu’être écologiste sans remettre en cause l’économie capitaliste, c’est soit voué à l’échec soit mentir. On ne va pas dire faut planter tant d’arbres ou faire du vélo ce n’est pas ça la solution. Comment on s’attaque à ces grands groupes industriels comment on organise la société pour avoir un impact moindre sur la nature, comment on pille moins. Prenez Amazon qui détruit plusieurs millions de matériels neufs invendus chaque année, car stocker coûte trop cher. Et pendant ce temps, on nous culpabilise, car on roule avec une voiture un peu vieille. Ce ne sont pas les plus pauvres qui polluent le plus face à une classe qui prend l’avion, possède de grosses voitures. Pour résoudre ce problème d’écologie, il faut s’attaquer à la racine qui est le système économique injuste basé sur le profit et voué à l’échec. Face à ça les verts mentent ouvertement, ce sont des politiciens comme les autres qui ont trouvé un créneau porteur électoralement et ils traînent derrière eux un électorat qui est sincèrement écologique. Mais il faut le rappeler, ils ont gouverné et ils ne s’attaquent jamais à l’économie capitaliste à aucun moment.

Nous, on n’a pas envie de mentir, on est inquiet de la situation sociale. Le cas du coronavirus montre que la spéculation même le monde. En quelques jours, les bourses perdent 10 à 15 % parce qu’on est dans une société ou l’instabilité est chronique. Cette instabilité n’est pas due au coronavirus, celui-ci révèle juste une situation qui préexistait . On vit dans une économie qui est la guerre entre grands groupes pour maintenir les marges et les dividendes quittes à amener la société dans le mur, «  après moi le déluge ». Je travaille dans une société chimique qui a fait 1 milliard de profit, 23% de marge, avec 25000 employés à l’échelle du monde, et ce, en ayant des ventes en baisse en 2019. Et 2020 se présente moins bien donc ils annoncent un plan de 350 suppressions d’emploi dont 41 a l’entreprise de Solve à Collonges au mont d’or plus 15 emplois au sud de Lyon alors qu’ils touchent des subventions de l’État grâce crédit impôt recherche. Ces gens-là font tout pour maintenir leur marge verser leurs dividendes et ils nous présentent la note. Et ceci est vrai pour toutes les grosses sociétés.

La Métropole a récupéré les fonctions sociales du département comment comptez-vous agir vis a vis des personnes âgées ?

On se rencontre que même le troisième âge est devenu un marché pour ces gens la, on appelle même ça l’or gris. Nos anciens n’échappent pas à cette logique capitaliste. On est condamné à être une vache à lait, à être rentable du berceau jusqu’en dans le cercueil. Il n’y a pas échappatoire en fait. On fait de nous des consommateurs très jeunes, on nous inculque une doctrine du chacun pour soi. On est exploité quel que soit notre niveau d’étude, même les ingénieurs se font exploiter il n’ y a qu’à voir l’explosion des burn-out. Le capital nous pourrit la vie de la naissance à la mort.

On voit la situation dans les EHPADs il y a eu des luttes des travailleurs aux côtés des familles de patient pour améliorer le quotidien dans les EHPADs. Les familles paient très cher et n’ont pas un service à la hauteur. Mais tant qu’on ne s’empara pas de cette question, elle restera aux mains des capitalistes. Les chambres d’EHPAD sont devenues des placements financiers très rentables. C’est le symbole d’un système économique qui organise la rapine le profit de quelques-uns au détriment de l’ensemble de la société et ça va en s’accélérant. Regarder le premier réflexe de L’État lors de la chute des bourses, aider ces grands groupes et non pas les travailleurs qui vont être licenciés, pareil qu’en 2008 où on a arrosé les banques au détriment des hôpitaux, des écoles. Même au niveau métropolitain, il serait intéressant de contrôler le budget de la Métropole de voir comment il est redistribué. On verrait que les grands groupes comme Keolis Eiffages sont bien servis. Regarder le contrat avec Rhône express comment il était taillé sur-mesure, très rentable, et même quand on le casse le consortium prive qui le gère va toucher 32 millions d’indemnités après s’être gavé pendant des années, pareilles pour les délégations de service public comme l’eau. Ce serait très facile de reprendre la main dans ces secteurs, mais ça implique des combats et d’être organisé. Encore une fois, on ne va pas résoudre les problèmes qu’a l’échelle locale cependant l’organisation des travailleurs peut commencer à l’échelle locale, car c’est proche de notre travail proche de notre lieu de vie. Il y a plein d’associations qui luttent au niveau local, il faut pouvoir les organiser.

Il y a aussi le problème des places qui manque dans les crèches, comment faire pour améliorer la situation ?

C’est vrai qu’il est très compliqué de trouver des places de crèches, c’est la croix et la bannière, car l’État se désengage au profit de crèche privé. Là encore ça pourrait être organisé par les employeurs dans les grosses sociétés comme ça existait avant. À Rhône Poulenc par exemple il y avait autrefois des crèches d’entreprises le matin, on arrivait au boulot et on pouvait laisser son enfant à la crèche. On sait faire ce n’est pas un problème d’organisation, c’est une question de volonté politique. On rogne sur le fait d’avoir des crèches l’État préfère donner l’argent aux grands groupes. Alors que les crèches peuvent être un lieu de sociabilisation où on apprend à vivre en commun très jeune. Il suffirait d’écouter les familles et les personnels qui ont des idées et peuvent faire des propositions concrètes sur l’organisation des crèches, mais l’essentiel des budgets des communes est capté par autre chose que satisfaire les besoins de la population. On est donc obligé de chercher des solutions individuelles comme les nounous et on est condamné à payer ou arrêter de travailler pour garder son gamin c’est une aberration. Même si c’est vrai, il y a des municipalités qui font des efforts et il y a des crèches qui fonctionnent bien, mais leur nombre est insuffisant, car les municipalités doivent choisir même si elles sont disposées à faire des choses bien elles ne pourront pas s’endetter, car leur budget est contrôlé. Il n’y a pas de solution même pour une municipalité bien dispose pour les travailleurs, la solution, c’est s’organiser et se battre.

Depuis quelque temps, on voit une colère populaire s’exprimer dans la rue, que faire de cette colère ?

Le mouvement des gilets jaunes est une vraie colère nous, on n’est pas gilets jaunes, mais cette colère, on la comprend, on l’a relayé, car elle était juste. Nous ont dit que cette colère doit rentrer dans les usines par la grève. Puis il y a eu le mouvement contre la démolition de nos retraites depuis le 5 décembre ou il y a eu une partie des travailleurs qui ont relevé la tête. Il y a une fraction des travailleurs qui a pris conscience du fait qu’il faudra qu’il se défende. Mais il y a aussi une résignation qui pèse en face beaucoup de travailleurs n’y croit plus et n’osent pas se bagarrer, car dans les boites du prives il y a une pression, la lutte est plus dure. Mais cette colère est là elle n’est pas fini, il n’y a qu’à voir la présence de gilets jaunes dans les défilés. Il y a des tas de militants à la base qui réfléchissent sur comment, on s’organise au-delà des étiquettes syndicales. Et il faut un noyau de militant conscient, car le jour de l’explosion en face on va nous proposer des impasses électorales à l’extrême droite. C’est vrai qu’aujourd’hui pour des tas de travailleurs être contre Macron c’est voter RN, mais on se tire une balle dans le pied. Le RN on ne l’entend pas beaucoup sur la reforme des retraites demain s’il est au pouvoir il s’attaquera aux travailleurs aux piquets de grève, car ils sont du côté des riches.

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