On a beaucoup entendu parlé beaucoup de la vague bleue pendant les municipales. Ce n’est pas le cas dans tous les quartiers populaires de l’agglo. Le point sur Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne et Bron.
Villeurbanne, participation en très légère hausse au bénéfice de Bret
Jean-Paul Bret abordait ces élections sereinement. Fort des classements établis par certains journaux qui classent Villeurbanne comme la ville la mieux gérée de France (lutte contre le racisme, gestion économique) et plutôt apprécié des villeurbannais, il a misé sur la proximité avec les habitants. La quadrangulaire le mettait en position de force. A tel point qu’une alliance avec Béatrice Véssillier (EELV, 15,81% au premier tour) n’était pas indispensable à sa réélection. Pas d’acord donc entre les deux tours entre lui et les Verts. La participation très légèrement en hausse (+1 point) n’a pas bénéficié à ses adversaires outre Jean-Wilfried Martin (UMP). Lequel, il est vrai, n’avait pas fait un score exceptionnel au premier tour (22,5% contre 38% en cummulé en 2008 pour l’UDI et l’UMP qui n’avaient pas fait liste commune à l’époque). Il est le seul des adversaires du maire sortant à gagner des voix. Ce que ne fait pas Stéphane Poncet (FN), qui perd 450 voix entre les deux tours (17,54% au premier tour, 15,89% au second). Béatrice Véssillier perd également des voix et passe de 15,81% à 13,65%. Les Verts auront 3 sièges au conseil municipal.
Fort de ce nouveau succès, Jean-Paul Bret a créé son groupe autonome, constitué de 11 élus, pour pouvoir plus peser au Grand Lyon. « Collomb aura autant beosin de moi que de synergies » disait-il à LyonCapitale.fr
Vaulx-en-Velin passe aux socialistes
Hélène Geoffroy l‘a fait. Elle a réussi à ravir la ville à Bernard Genin (Front de gauche), maire depuis 2009. Les chauds applaudissements des socialistes dimanche soir à la prefecture à l’arrivée de la gagnante ne trompent pas. C’est une grande victoire pour le PS. Député depuis 2012, elle qui avait perdu en 2008 face à Bernard Genin a finalement réussi son pari.
La triangulaire avec deux candidatures à gauche et une à droite aurait pu faire basculer la ville à droite. Il n’en est rien. La participation en hausse (+6 points) n’a pas fait bouger les lignes. Mme Geoffroy avait 79 voix d’avance au premier tour et 200 au deuxième au détriment du maire sortant. Un trou de souris (ils font chacun un peu moins de 4 000 voix, presque le double du premier tour). Il faut dire que ces derniers ont réussi à engranger les soutiens respectivement de la liste Gasmi (Divers gauche, 10,5%) pour Bernard Genin et de la liste Bertin (sans étiquette, 16,8%).
Phlippe Moine (UMP) espérait bien se glisser à la faveur d’une triangulaire avec deux candidats à gauche. Mais il n’a pas réussi à trouver un accord avec les autres listes. Les socialistes disposeront donc de 31 sièges au conseil municipal contre 8 pour le Front de gauche (4 pour l’UMP).
Vénissieux résiste malgré l’éclatement de la gauche. Rivalta garde son siège
Le PCF garde la ville de Vénissieux. Il faut dire que Michèle Picard, maire sortante, était en ballotage favorable malgré la candidature dissidente à gauche de Lotfi Ben Khelifa (PS). La candidate PC avait une marge suffisante au premier tour (30,72%, 37,64% au 2e tour) pour faire plus que résister au PS et à l’UMP Christophe Girard (22,03% et 30,40%). Même si son score est bien plus bas qu’André Gérin en 2008 (élu au premier tour avec 52,61%)
Tous ont fait campagne sur le même thème : Mettre fin à 80 ans de communisme. En face, Mme Picard peut se féliciter de la campagne menée. Elle qui déclarait au LBB entre les deux tours être « très fier de (son) score car on est resté droit dans nos bottes. Nous avons fait une campagne belle, digne et exemplaire » peut se réjouir d’avoir garder son siège malgré la vague bleue et la dissidence PS.
Lotfi Ben Khelifa s’est lui fait un nom dans la ville. Il peut viser les municipales de 2020 s’il fait entendre sa voix d’opposition pendant ce mandat, lui qui ne peut siéger au Conseil communautaire car salarié au Grand Lyon.
Si les regards étaient tournés vers Vénissieux, c’est aussi pour Bernard Rivalta. Le président du SYTRAL – le syndicat des transports en commun lyonnais – avait besoin que sa liste PS fasse plus que 50% de celle de Michèle Picard pour garder son siège. Avec 21,69 % (contre 37,64% pour Mme Picard), le pari est réussi. Bernard Rivalta continuera de siéger au Grand Lyon, condition sine qua non pour rester au SYTRAL. Il faut dire que Gérard Collomb a donné un coup de main entre les deux tours lors de sa seule sortie hors de Lyon entre les deux tours.
A droite, Christophe Girard (UMP) se glisse en deuxième position (30,40% contre 22,03% au premier tour) et disposera de 8 sièges au conseil municipal. La participation en légère hausse (+3 points) n’a pas fait bouger les lignes, même si l’écart s’est resserré.
La liste d’extrème droite de Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac perd 50 voix entre les deux tours. Nous pouvons constater que lors des municipales de 2008 et de 2014 (premier et deuxième tour), ils réalisent le même nombre de voix: environ 1400 à chaque fois. Alors qu’on a beaucoup parlé d’une annulation de la liste ultranationaliste pour cause de personnes non consentantes présentes sur cette liste, ils comptent actuellement toujours deux sièges au conseil municipal. Nous verrons dans les jours et semaines qui viennent la suite donnée à ce dossier par la justice. Aujourd’hui (jeudi 3 avril) le prefet Carenco a signé le déféré autorisant le tribunal administratif à juger la légalité de la liste d’extrême droite.
Bron reste à gauche malgré les dissensions
Annie Guillemot (PS) garde finalement la mairie (36,71%). Elle qui était diminuée – c’est le moins que lon puisse dire – par la candidature de Mme Brissy-Queyranne (ex PS). C’état loin d’être gagné d’avance, même si elle se disait sereine d’avoir rassemblé à gauche avec EELV et le Parti Communiste. « J’ai appelé Mme Brissy Queyrane pour lui demander de se retirer. Chose qu’elle n’a pas acceptée. » Nous déclarait-elle entre les deux tours. Justement, Elisabeth Brissy-Queyranne avait voulu rassembler du Front de gauche au FN. Exclue du PS en 2012 pour avoir voté contre le budget, elle avait essayé de s’allier avec Yann Compan UMP: « Il a refusé toutes mes propositions et ne m’en a fait aucune de son côté. Nos programmes se ressemblaient. Nous étions d’accord pour faire sortir la municipalité Guillemot. »
Le secrétaire départemental UMP du Rhône (34,16%) donnait une version différente: « Elisabeth Brissy-Queyranne m’a fait une proposition. Elle m’a proposé de prendre elle une tête de liste avec moi second et d’intégrer deux membres de mon équipe dans la sienne. Ce n’était pas une proposition acceptable. Je respecte mes électeurs et mes convictions politiques. Mon équipe est sur le terrain depuis 6 mois. Mme Queyranne ne m’a pas laissé le temps de réfléchir et d’étudier la proposition. »
Toujours est-il que M. Queyranne perd 500 voix au second tour (18,73%). Ce n’est pas le cas de M. Compan. La participation en légère hausse (+3 points) lors de cette triangulaire lui a permis d’augmenter son score de façon significative, avec + 30% de voix entre les deux tours. Il aura 7 sièges au conseil municipal. Mme Brissy-Queyranne en aura 3. Le FN avait un rôle de spectateur dans ce scrutin. Il explose en vol et perd un tiers de ses voix entre les deux tours mais auront quand même deux sièges au conseil municipal.