Mohamed Boudjellaba: “ Le 17 octobre, le ciel nous est tombé sur la tête”.

Le 17 octobre 2024, la ville de Givors a subi de grosses inondations. Un mois après, le Lyon Bondy Blog a posé quelques questions au maire de Givors sur cet événement climatique et la reconstruction de la ville de Givors. Interview

Lyon Bondy Blog : Bonjour Mr le Maire, le 17 octobre 2024, la ville a vécu un drame sans précédent avec un événement climatique hors norme. Quand on est maire, quels sont les outils pour appréhender la reconstruction de sa ville ?

Mohamed Boudjellaba: On essaie déjà de protéger nos concitoyens. Je voudrais juste rappeler que l’événement climatique que nous avons subi est unique en son genre. C’est la crue du siècle pour nous. Le plus important était de mettre mes concitoyens à l’abri. C’est ce que nous avons fait dès le 17 Octobre.

J’ai reçu une alerte jaune concernant la rivière du Gier à 8 heures du matin, et elle est montée de deux mètres de hauteur en vingt minutes . Il a fallu gérer cela avec comme priorité la sécurité des givordines et des givordins. Ensuite, nous avons dû gérer les naufragés de la route car à Givors on a eu une double inondation : celle du Gier et celle du Garon de façon simultanée. Il y a ainsi eu cinq à six poches d’inondations sur l’ensemble de la ville. Certaines liées au Gier, située au chemin des Cornets, dans la zone commerciale et dans la zone d’activité. Et d’autres liées au Garon dans la cité du Garon, le bas de la cité des Vernes, et le parc des sports.

LBB: Justement avec qui avez-vous collaboré pour mettre à l’abri, les habitants de Givors et les naufragés de la route ? Avec la préfecture, avec le président de la métropole. Comment on orchestre cela quand on est maire du commune ?

M. B : Cela se déroule de la manière suivante : dès le matin, nous observons la situation de la ville, et savons que nous sommes en danger d’inondation .

À neuf heures et demie du matin, j’ai mis en marche ce qu’on nomme le PCS : le Plan communal de sauvegarde. J’ai été l’un des premiers maires de la métropole du Rhône à l’avoir fait. Je déclenche ce dispositif qui permet de rassembler autour de moi l’ensemble des services : les services de sécurité et les services municipaux afin de coordonner leurs actions sur l’ensemble de la ville.

LBB: Quel soutien vous apporte la Préfecture du Rhône le 17 octobre ?

M.B: En terme d’aide, la Préfecture vient avec un dispositif qui se nomme le COD : Le centre opérationnel départemental. A partir de là, on se met en lien en permanence avec les services de la préfecture notamment pour évacuer la zone commerciale deux heures après le début de l’alerte jaune inondation. Il fallait absolument éviter les mouvements de foule et on savait qu’ entre 2000 et 3000 personnes allaient être présentes à cette heure-là. Pour éviter de gérer les mouvements de foule, on a fait évacuer la zone commerciale, un peu avant dix heures. Ensuite, j’ai fait évacuer un quartier vers midi et demi, situé derrière la zone commerciale. On coordonne l’action avec la Métropole qui a la compétence sur la voirie. J’ai fermé certaines voiries pour mettre des barrières. Après, on augmente la présence policière pour dissuader les automobilistes de prendre les routes inondées. On veille à ce que la police municipale et la police nationale se coordonnent du mieux possible pour faciliter les évacuations, plus les services techniques de la ville. On fait également le point sur la situation au niveau de la préfecture, pour leur dire : “ Écoutez, il est important de fermer l’autoroute”. De plus les services de la préfecture disposent d’éléments que nous n’avons pas c’est pourquoi l’échange dure en permanence entre nous dans ce genre de situation, pour être suffisamment complémentaire dans notre action. On a aussi ouvert quatre centres d’accueil, sur la ville de Givors. On a accueilli deux cents personnes, à la fois des naufragés de la route et également ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux, qui étaient bloqués. Ils ont pu avoir un hébergement d’urgence jusqu’à ce que la situation s’apaise.

LBB : En tant que maire de Givors, comment allez-vous faire pour reconstruire cette ville ?

M.B : C’est l’étape d’après. C’est l’étape dans laquelle on est aujourd’hui. On travaille notamment avec la Métropole du Rhône, pour dans un premier temps, nettoyer la ville. On a eu de la chance dans notre malheur de ne pas avoir de morts ou de blessés car on a pu intervenir juste un peu avant . On a pu alerter un maximum de monde et mettre en sécurité, un bon nombre de personnes. Ensuite, on travaille main dans la main avec la Métropole de Lyon après les inondations concernant le déblaiement de la ville. Il faut également prendre en compte que certains habitants ont perdu une partie de leur vie. Pour éviter les risques sanitaires dans les quartiers, on a fait enlever les encombrants. Il faut aussi souligner qu’il y a énormément de dégâts dans la zone commerciale.

LBB: Les Givordins se réfèrent à une personne particulière dans ces moments-là, c’est-à -dire à leur maire. Quel est le message du Maire de Givors pour rassurer la population givordine après cet événement-là ?

M.B : Dès le lendemain, on a demandé que la ville soit classée en catastrophe naturelle. Cela fait intervenir des experts , des assureurs un peu plus tôt et également cela permet aux assureurs de payer plus rapidement. Ce n’est pas suffisant mais c’est une histoire d’assurance entre les habitants, les entreprises et les commerçants. C’est la même chose pour la ville, on n’est pas épargnés. L’association des assureurs de France nous a beaucoup accompagner pour rassurer les commerçants entre autres.

Etienne Aazzab

Etienne a contribué depuis 2 ans dans le journal satirique FOUTOU’ART. Il a intégré l’équipe du « clic 2014 » : Collectif local d’informations citoyennes à partir de novembre 2013. Il rejoint le Lyon Bondy Blog à partir de janvier 2014. Twitter : @AazzabEtienne Ses sujets de prédilection : #Politique #Société #Sport

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