Jean-Luc Mélenchon était de passage ce 1er juin à Vaulx-en-Velin, une banlieue populaire de Lyon. Il y a tenu une conférence de presse, puis un discours en extérieur, tout cela pour soutenir les candidats de France Insoumise des différentes circonscriptions du Rhône, eux aussi présents.
C’est en ce début d’après-midi que l’ancien candidat aux présidentielles est arrivé au centre culturel Charlie Chaplin, entouré de quelques insoumis. Il s’est rapidement installé au fond de la salle avec les candidats. Tour à tour, les candidats se sont présentés, disant qui ils étaient, leur profession, leur parcours, leurs buts. Ainsi, on a pu retrouver (dans l’ordre respectif des circonscriptions) Elliott Aubin, Eleni Ferlet, Pascal Le Brun, Julien Ravello le suppléant d’Anne Fontenille (absente car retenue à un débat du Progrès pour la 4e circonscription), Céline Bernadi, Laurent Legendre, Andréa Kotarac, Fabien De Marchi, Olivier Daudé, Eloi Navarro, Roland Pacaud et Benjamin Nivard. Sylviane Thiébaut, une candidate dans la seconde circonscription dans l’Ain était aussi présente à la conférence, aux côtés de ses collègues. On retrouve souvent dans leurs discours certains thèmes : le chômage, la lutte contre le gouvernement actuel et les patrons, le peuple en difficulté et la politique française, le développement de Lyon. Comme l’a dit Roland Pacaud « le but est de retrouver un espoir pour la voie de la démocratie». Beaucoup de ces candidats ne sont pas des professionnels de la politique, comme Eloi Navarro qui lui est professeur de mathématique dans un lycée professionnel. Suite à quoi, Jean-Luc Mélenchon a pris la parole, sous le regard attentif des journalistes et de leurs caméras.
Mélenchon contre Macron « le Jupitérien »
Dès le début, Mélenchon a couvert d’éloges son équipe : « des candidats de tout poste et classe sociale », « des gens engagés, qui ne sont pas là pour faire de la démagogie de terrain ». Mais très vite, les critiques pleuvent sur le nouveau gouvernement et le chef de l’Etat. Pour le dirigeant de la France Insoumise, le gouvernement Macron ne va faire qu’aggraver une situation déjà préoccupante. Il fustige les candidats de La République En Marche, qui seraient presque tous originaires de classe sociale élevée ou de lobbies. Toujours selon lui, les candidats sont à l’image des personnes du gouvernement, tous issus des plus grands groupes industriels français. Ce qui est faux, puisque sur les sept personnes (la moitié des ministres) du gouvernement n’ayant jamais fait de politique auparavant, seulement trois ont travaillé directement ou indirectement avec un « gros groupe » français. Donc un gouvernement qui comporte des gens de la société civile. Il fait remarquer aussi que les médias s’intéressaient beaucoup trop à lui et à sa personne plutôt qu’à son programme. Quant à l’affaire Ferrand, il prévient la salle que cela n’est qu’un « hors d’œuvre de ce qui vous attend ». Puis, Mélenchon embarque sur le sujet des centrales nucléaires. Pour lui, il faut vite se poser la question de la transition écologique, avec la mise en arrêt de 19 centrales sous ce mandat.
Après avoir répété ce qu’il dit déjà depuis longtemps à ce sujet, il se lance sur le sujet d’Emmanuel Macron le « jupitérien ». Par ailleurs, il fait remarquer que ce surnom vient du président lui-même. Un homme dont les médias raffolent, que ce dernier a surement attirés en « jetant la foudre sur les éditorialistes ». Il insiste sur cela en évoquant le titre d’un article des Echos « Artur Sadoun, nouveau PDG de Publicis est comme Macron : parfait ». Ou encore la une d’un JDD « Macron séduit le monde ». Et Jean-Luc Mélenchon, dans ses moments d’humour, qui répond « Et le reste de l’univers ? Les martiens et les autres ? », déclenchant fou-rires et applaudissements dans la salle. Cela n’est pas sans rappeler la une de l’Express de ce début de juin, sur la macronmania, dénonçant ainsi d’autres médias qui ne peuvent se passer d’écrire sur Macron. Un « tout ça finira mal » laisse entre-apercevoir une nouvelle fois son point de vue pessimiste sur la situation.
Une France apparemment insoumise
« Le peuple français est par nature rebelle ». Avec cette nouvelle phrase, Jean-Luc Mélenchon tient à confirmer son insoumission et aussi celle des autres. Le rôle de la France Insoumise est d’alerter sur les décisions du gouvernement Macron. Pas très étonnant pour un parti qui se dit dans l’opposition et qui veut récolter le plus de voix chez les personnes en colère. Le candidat FI parle des augmentations du salaire minimum, de ces gens qui ont du mal à vivre, et à qui un peu plus d’argent reviendrait à beaucoup. Ou encore des retraités qui cotisent pour le chômage alors qu’eux même ne travaillent plus. « Le gouvernement de Macron se prépare à un choc social de très grande envergure », « il faut que le peuple français franchisse un pas dans la compréhension de son destin » : pour Mélenchon, la France Insoumise est LA solution des français. De plus, il est certain qu’Emmanuel Macron n’aura jamais une majorité à l’Assemblée Nationale, par le simple fait qu’il ne possède pas de candidats dans toutes les 577 circonscriptions de France (selon ses dires). De nombreux articles et sondages démontrent pourtant le contraire, les français étant pour donner une majorité à La République en Marche. Et pourtant. Mélenchon tient à faire remarquer que pourtant, il se peut que certains candidats retournent leur veste. Ces opportunistes se diraient de tel ou tel parti au premier tour, puis passeraient chez La République en Marche au second tour. Quant à ces personnes qui se sont ralliés au FN, parfois d’anciens insoumis, de par leur mécontentement, Jean-Luc Mélenchon sait quoi leur dire : « C’est pas parce que vous êtes fâchés qu’il faut devenir facho ». Pour finir, il insiste sur la cohérence de son programme et que celui-ci ne changera pas. Il est aussi fier de son équipe, notamment de ses vieux amis, des jeunes comme Elliott Aubin ou Andréa Kotarac, qu’il connaît depuis si longtemps et qui ont acquis tant d’expérience.
Un public présent
Après avoir répondu à un journaliste et évité d’autres pour « sa sécurité face aux médias« , Jean-Luc Mélenchon s’est rendu dehors, où l’attendait une estrade ainsi qu’un public nombreux. Une bonne cinquantaine de personnes avaient répondu à l’appel. Pour un groupe d’amis venu assister au discours, « Mélenchon est un bon orateur, mais lui et Hamon ont fait un acte manqué en ne concluant pas d’alliance ». Selon une retraitée, cette campagne FI c’est « que du bien », avec des candidats contre l’austérité et les décisions du gouvernement Macron sur la retraite et le code du travail. « Il ne faut pas oublier que le peuple choisit ses députés et donc les lois » termine- t-elle. Une jeune fille évoque le fait que c’est un parti qui s’occupe beaucoup plus des pauvres et de l’écologie, que « c’est le seul espoir pour la suite ». Elle qui s’est abstenu au second tour des présidentielles, regrette que ses amis n’aient pas voté tout court. «J’aime beaucoup la manière dont Mélenchon s’exprime ». Un homme lui est plus là par adhésion intellectuelle, comme il le dit lui-même. « C’est la première fois que je le vois et que je l’écoute vraiment. Je le trouve précieux car il est unique ». A l’écart du public, en homme bien habillé se tient en retrait. C’est Michael Aydin, un candidat FI dans la 6e circonscription en Isère, venu voir Mélenchon. « Mélenchon est un très bon orateur. Les candidats du parti sont tous différents et variés, ce qui est très bon pour nous ». Rappelons que Jean-Luc Mélenchon avait fait le meilleur score aux présidentielles à Vaulx-en-Velin: 38,52%. Un homme dont les gens sont ici en total admiration, et cela n’est apparemment pas prêt de s’arrêter .