L’Olivier des sages, un K’fé pour chibanis

Le 3ème arrondissement de Lyon compte désormais un café d’un nouveau genre : le K’fé social l’Olivier des Sages. Sa mission : apporter écoute et soutien administratif aux personnes âgées isolées, issues de l’immigration en particulier.

 kfe des sages_tDécembre 2009, 242 rue Duguesclin, Lyon 3ème. C’est ma toute première visite au K’fé social, récemment inauguré. A l’entrée, trônent deux magnifiques oliviers. Juste à côté, des Chibanis jouent aux cartes en sirotant un café.  Je m’assoie à la table d’un couple. Ils sont accompagnés de leur petit fils qu’ils gardent pour la journée ainsi que d’un voisin qui les a accompagnés jusqu’ici.


La discussion ne tarde pas à s’engager. « Je m’appelle Ali Merzouki. Je suis né en 1942 en Algérie et je  suis en France depuis le 4 septembre 1964″, me raconte-t-il très précisément. « J’ai travaillé toute ma vie en France, seul au début. Je faisais des aller-retours tous les ans environ. J’envoyais de l’argent pour faire vivre la famille au bled. Ma femme m’a rejoint en 1990 et aujourd’hui nous vivons dans le quartier Mermoz « . Ali a entendu parler de l’Olivier des sages grâce à son voisin, Amar. Et malgré la distance, ce dernier semble ravi de découvrir un tel lieu.

« J’ai des droits mais je n’y connais rien. Je ne sais ni lire ni écrire en français. Je devais bénéficier d’une mutuelle mais comme j’ai fait les démarches en retard, je n’aurai pas d’aide pour cette année. Pourtant je suis malade. Je ne peux pas sortir sans prendre mes médicaments. (Ali se déplace à l’aide d’une béquille). Il faut attendre deux mois pour voir l’assistante sociale, c’est très long. Ma femme aussi est malade. Avant j’allais à Pimms  (Point information médiation multiservices) mais là aussi c’est très long. Quand je suis venu à L’olivier des sages, on m’a tout de suite pris en charge. » ajoute-il.

Ali est l’exemple parfait de nombreux retraités d’origine maghrébine. Après avoir travaillé des années en France, de nombreux chibanis se retrouvent (pardonnez-moi l’expression) sur le carreau, largués face à toutes les démarches administratives, notamment pour les soins et la retraite. Nombre d’entre eux qui décident de rester en France se retrouvent dans l’isolement le plus complet, parfois dans des foyers type Adoma (anciennement Sonacotra).

On comprend alors toute l’utilité de ce café social, qui a pour vocation première d’aider les personnes âgées isolées, de plus de 55 ans, et plus précisément immigrées, souvent confrontées à la barrière linguistique. « C’est une population qui ne vote pas et qui n’intéresse malheureusement pas grand monde. Si les politiques n’en veulent pas, nous on les veut bien ! »,  explique Nouria, l’une des bénévoles. Le lieu privilégie aussi la mixité. « Par exemple, nous avons Jean, un usager qui propose ses services pour emmener un groupe cueillir des champignons « .

Déjà présent à Paris, le concept du café social a été exporté dans la région lyonnaise par Zohra, l’une des bénévoles de l’association. Il permet de s’arrêter boire un café pour 50 centimes en compagnie d’autres personnes de sa génération. Mais pas seulement. En adaptant le projet aux besoins des usagers, L’Olivier des sages reçoit chaque semaine  un avocat et un écrivain public qui aide à la rédaction des courriers administratifs. Sans oublier les cours d’informatique et d’Internet, très utiles pour communiquer ensuite avec la famille au bled. Par ailleurs, une assistante sociale est présente à mi-temps. Autant de soutiens concrets et une écoute attentive pour toutes ces personnes âgées en difficulté.   » J’ai connu ce lieu grâce au bouche à oreille « , confie Hellis âgé de 66 ans. « Ici, on s’occupe de nous. Pour les gens qui ne savent ni lire ni écrire c’est très bien. L’aide est rapide et on trouve un réel soutien moral « .

Consciente de la détresse de certains usagers et de la difficulté à payer ne serait-ce que quelques euros, les bénévoles mettent un point d’honneur à préserver la dignité de ces hommes et femmes. « C’est important pour eux qu’ils payent une somme même minime. Ils sont heureux d’avoir une carte de membre. Elle signifie qu’ils font partis d’un groupe, qu’ils ne sont plus exclus « .

Auteur : Rafika Bendermel

 

Pour soutenir :
K’fé social L’Olivier des Sages
242, rue Dugesclin, 69003 Lyon
Mail : olivierdessages@aol.fr
06 12 61 28 14 ou 04 78 03 81 72

La rédaction

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